Tunisie: l’épuration commence

Publié: janvier 16, 2011 par argulamaton dans L'actualité
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On ne pouvait que logiquement s’y attendre. Le renversement d’un régime dictatorial responsable d’exactions entraine logiquement la poursuite des partisans du régime. Les partisans du régime qui craignent cette épuration sèment le chaos et la destruction. Heureusement, l’armée a joué un rôle positif le 14 janvier en ne tournant non pas ses canons contre les manifestants mais contre la police qui tirait sur la population. Ce qui a accéléré la chute du président Ben Ali. Dans cette vidéo tournée à Monastir le soir du 14 janvier, l’armée est acclamée et célébrée en héros. Les gens viennent serrer la main aux soldats :

L’armée a hélas du mal à rétablir le calme. Il faut dire que ses effectifs sont beaucoup moins importants que ceux de la police et qu’elle a été sous-équipée en raison de la peur de Ben Ali d’un coup d’Etat militaire. L’armée compte 35 000 hommes contre 150 000 policiers pour 11 millions d’habitants (c’est plus que la police nationale française qui compte 145 000 personnes pour 60 millions de Français). Parmi ces 150 000 policiers, 60 000 feraient parti de la milice qui constituait la clé du système répressif sous Ben Ali. L’on peut s’interroger sur ce que va devenir la police tunisienne pro-Ben Ali. L’ancien directeur général de la sécurité présidentielle (le général Ali Sériati) et un groupe de ses collaborateurs ont été arrêté d’après arahmonline. Ils vont être jugés  pour « complot contre la sécurité intérieure de l’Etat, incitation à commettre des crimes et à s’armer et provocation au désordre ». L’armée continue de patrouiller pour empêcher les partisans de Ben Ali de quitter le pays. Ces arrestations constituent une grande avancée mais elles doivent déboucher sur des procès justes et équitables. La haine ne doit pas l’emporter sur les fondamentaux de la justice bien qu’ils ont été foulés par les artisans du régime répressif de l’ancien dictateur.

Pour l’instant,il a peu été fait écho d’actes d’épuration sauvage. Le neveu de Ben Ali, Imed Trabelsi, connu pour le vol du yacht français, a été poignardé à mort. Des propriétés de la famille Ben Ali ont été incendiées. La situation reste donc très tendue.  Les exactions et les braquages des partisans de Ben Ali et de la police tunisienne continuent. Des délinquants profitent de la confusion pour piller les magazins et les maisons. La population s’organise pour assurer la sécurité, essayant comme elle peut de s’armer de couteaux et de bâtons :

L’armée ne reprend que très progressivement le contrôle. Il faut que l’armée continue de jouer son rôle en maintenant l’ordre mais il est impératif qu’elle ne se mêle pas du jeu politique. Sinon, tous les efforts du peuple tunisien auront été en fait en vain si l’on assiste à la mise en place de la loi martiale. Le couvre feu n’a été que très peu allégé (il commence à 18h et non plus à 17h).

On peut regretter que seule l’opposition légale ait été invitée par le premier ministre Mohammed Ghannouchi  à participer à aux discussions pour former un gouvernement d’union nationale. Pour calmer l’opposition, le gouvernement devra faire de véritables gestes d’ouverture.

commentaires
  1. Ganon dit :

    Article intéressant !!
    il y a une coquille: vous avez écrit « 150 policiers pour 11 millions d’habitants » au lieu de 150000 😉

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