Articles Tagués ‘AQMI’

Membres groupes terroristes armés

Membres des groupes terroristes armés

Depuis avril 2012, trois groupes terroristes armés « Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) » contrôlent le nord du Mali et imposent le règne de la terreur, appliquant des sanctions comme l’amputation, la flagellation et la lapidation à mort contre ceux qui contestent leur interprétation de l’islam. Ces groupes affiliés à Al-Qaïda existaient depuis plusieurs années dans les pays du Sahel, une présence « préoccupante » pour les États-Unis comme le montrent plusieurs émails de Stratfor publiés par Wikileaks.

Un de ces émails révèle que des troupes des forces spéciales américaines ont pris part le 15 juin 2009 à un raid contre une base d’Al-Qaïda près de la frontière algérienne sans l’autorisation de l’ONU, l’émail affirme que les États-Unis collabore étroitement avec le gouvernement du Mali pour neutraliser Al-Qaïda au Maghreb, le groupe terroriste le plus dangereux dans la région.

US-Mali

Les États-Unis collabore étroitement avec le Mali

Ces opérations unilatérales rendent inutile l’adoption d’une résolution autorisant le déploiement d’une force internationale au Mali afin d’en chasser les groupes terroristes qui contrôlent le nord du pays, le seul but probable de cette résolution – si on prend en considération la crise économique qui secoue les États-Unis et les pays membres de l’Union européenne – est de « légitimer » les opérations militaires au Mali afin de trouver un financement international à ces opérations.

INSIGHT – Des forces spéciales américaines au Mali pour des opérations contre Al-Qaida

Le document original du site Wikileaks est accessible ici.

Email-ID 75570
Date 2009-06-29 18:33:16
De reva.bhalla@stratfor.com
À secure@stratfor.com
Autres MessageId:<455F7485-128C-4CEA-B3C89E18D9EAC99E@stratfor.com>
PUBLICATION : background/analysis
ATTRIBUTION : N/A
DESCRIPTION DE LA SOURCE : Journaliste
FIABILITÉ DE LA SOURCE : C
CRÉDIBILITÉ DE L’ELEMENT : 3
DISTRIBUTION SUGGÉRÉE :
TRAITEMENT SPÉCIAL : N/A

Ma source dit : des forces spéciales américaines ont pris part à l’attaque récente de l’armée malienne contre une base d’Al-Qaïda près de la frontière algérienne. Le raid a résulté l’élimination d’environ 30 militants d’Al-Qaïda. Les États-Unis collabore étroitement avec le Mali pour neutraliser Al-Qaïda au Maghreb (Afrique du Nord), qui est actuellement l’organisation islamiste la plus dangereuse dans la région.

Stratfor

Le câble diplomatique 09ALGIERS1162, qui date de décembre 2009, révèle  que le gouvernement algérien a donné le feu vert aux avions de reconnaissance américains de type EP-3, à survoler la région du sud-ouest de l’Algérie (près de la wilaya de Tindouf) ainsi que la bande frontalière avec la Mauritanie et le Mali.

Le câble original en anglais est accessible ici

Numéro d’identification

Créé le Publié le Classification Origine
09ALGIERS1162 2009-12-30 16:04 2010-12-06 21:09 SECRET//NOFORN

Embassy Algiers

  1. VZCZCXYZ0000
  2. OO RUEHWEB
  3. DE RUEHAS #1162 3641633
  4. ZNY SSSSS ZZH
  5. O 301633Z DEC 09
  6. FM AMEMBASSY ALGIERS
  7. TO RUEHC/SECSTATE WASHDC IMMEDIATE 8283
  8. INFO RUEHBP/AMEMBASSY BAMAKO PRIORITY 1060
  9. RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT PRIORITY 6822
  10. RUEHRB/AMEMBASSY RABAT PRIORITY 2813
  11. RHMFISS/HQ USAFRICOM STUTTGART GE PRIORITY
  12. RUEKJCS/SECDEF WASHDC PRIORITY

CLASSE PAR : Le chef de mission adjoint (DCM) William Jordan; raisons 1.4 (b) et (d). (La lettre S en début des chapitres annonce des commentaires Secrets. Les lettres NF (NoForn) en début des chapitres annoncent qu’aucune personne non américaine n’est autorisée à lire le câble diplomatique, excepté quelques Britanniques et Australiens.).

avions de reconnaissance EP-3

avion de reconnaissance EP-3

Résumé.

¶ 1. (S / NF)   Le chef du bureau du conseil de sécurité (OSC) à livré le 29 Décembre au bureau des relations extérieures et la coopération du Ministère de la Défense algérien (DREC) une demande de permission de survol des avions de reconnaissance EP-3. Il n’y avait pas de réponse immédiate, mais le DREC a convoqué le chef d’OSC pour une réunion de suivi le 30 Décembre pour l’affirmer (1) qu’aucune décision n’a été possible avant la semaine prochaine et (2) que les demandes de survol exigent généralement un préavis de deux semaines avant qu’ils puissent être approuvés.

La mission des avions de reconnaissance EP-3.

¶ 2. (S / NF)   le 30 Décembre, le chef de mission adjoint (DCM) a eu un double suivi sur la demande de permission de survol des avions EP-3 avec Sabri Boukadoum, directeur général Amérique au ministère des Affaires étrangères algérien, le chef de mission adjoint (DCM) a souligné que la demande avait pour but (1) de surveiller des zones de la Mauritanie et le Mali où AQMI « Al Quaida du Maghreb Islamique » mènent ses opérations. (2), sans savoir ce que donnerait l’enquête, l’USG ne pouvait prendre aucun engagement à l’avance sur les données qu’il peut partager avec le gouvernement algérien (GOA), et (3) que cette demande doit être considérée comme un suivi de la récente visite du commandant de l’AFRICOM le général Ward et une démonstration sur la coopération de sécurité renforcée que nous voulons face à la menace d’AQMI dans la région du Sahel (trans-sahara). Il vous a expliqué que nous avions fait la même demande à d’autres gouvernements dans la région et nous sommes dans l’attente de leurs réponses.

Trajectoire de vol des EP-3.

¶ 3. (S / NF)   Boukadoum a demandé des informations sur la trajectoire de vol prévue des avions de reconnaissance EP-3 dans l’espace aérien algérien (DCM a confirmé que le départ de ces avions s’effectuent de la base aéronavale américaine de Rota, située dans le sud de l’Espagne pour survoler la région du sud-ouest algérien « près de Tindouf »), sur la question si l’avion chercherait à survoler la Mauritanie et le Mali dans la même mission (DCM a répondu que les missions seraient divisés entre ceux principalement survolant le Mali ou la Mauritanie, mais pas les deux), et si la collecte se produirait à l’intérieur de l’espace aérien algérien (DCM a réaffirmé que la collecte sur l’AQMI ne s’effectue pas en Algérie à moins que le gouvernement algérien (GOA) l’a demandé.

Réponse du gouvernement Algérien.

¶ 4. (S / NF)   Comme avec le bureau des relations extérieures et la coopération du Ministère de la Défense algérien (DREC), Boukadoum a indiqué que nous ne devrions pas attendre une réponse définitive avant la semaine prochaine, toutefois, il nous a confirmé de transmettre notre demande jusqu’à sa hiérarchie immédiatement. Boukadoum s’attend à ce que les plus hauts niveaux du gouvernement algérien (GOA) examineraient la demande.

Commentaire.

¶ 5. (S / NF)    Bien que les bureaux soient fermés pour la fête du nouvel an à partir du 30 Décembre, nos interlocuteurs savent comment atteindre les principales Point de Contact (POC) de l’Ambassade si cela s’avère nécessaire avant de rouvrir le dimanche, 3 janvier. Dans l’attente d’une réponse et compte tenu de la longue durée de deux semaines exigées par la DREC pour répondre à toute demande de survol, les planificateurs de cette mission devrait être prêt à fournir au moins un calendrier théorique pour les vols des avions de reconnaissance EP-3 en questions. Nous avons insisté sur le nombre des sorties  et le calendrier envisagé pour ces opérations, mais il ne faut pas s’attendre à recevoir une autorisation générale pour tous les survols. Avoir le maximum d’informations possible sur ces vols pour les partager avec le gouvernement algérien (GOA) devrait minimiser le besoin potentiel d’avoir une permission pour chaque vol avec 14 jours d’avance.

PEARCE.

Le câble fleuve sur le délitement du régime algérien. Une analyse sans concession sur les travers des dirigeants de l’Algérie et des maux qui touchent ce pays. Dans ce câble, l’ambassadeur américain relate ses conversations avec plusieurs personnalités d’opposition et une personne proche du pouvoir dont le nom n’est pas connu.

Les sujets traités :

  • Le terrorisme. Les Etats-Unis critiquent très violemment la politique de réconciliation nationale menée par Bouteflika et votée par référendum en 2005. Cette loi amnistie les criminels islamistes et empêche toute poursuite judiciaire contre des membres des forces de sécurité de l’Etat pour des actes commis durant la guerre civile des années 1990. Les Etats-Unis insistent sur l’échec de cette politique en prenant comme exemple l’attentat à la bombe meurtrier du 17 décembre 2007 commis par des islamistes amnistiés. A lire:  Réconciliation sur fond d’incertitudes, rfi.fr, 12/03/2006
  • Le désenchantement de la société Algérienne et en particulier des jeunes. Tous les interlocuteurs de l’ambassadeur critiquent le peu de perspectives qu’offre la société algérienne à ses habitants et en particulier les jeunes, très touchés par le chômage. En 2007, alors que le prix du pétrole est au plus haut, la population algérienne ne profite pas des retombées de cette envolée car les recettes sont détournées. Le constat dressé sur la jeunesse algérienne est sinistre, pointant du doigt l’augmentation du phénomène « harraga », ces immigrés qui tentent de traverser la Méditerranée clandestinement. A lire: L’Algérie ne croit plus aux promesses, le monde diplomatique, février 2009
  • La corruption présente jusqu’au sommet du pouvoir est dénoncée. Ahmed Gaia Salah, chef d’Etat major, est décrit comme le général le plus corrompu. Les frères du président Bouteflika, Said et Abdallah, ne sont pas épargnés non plus. Saïd Sadi, chef du RCD, parti d’opposition, n’hésite pas à comparer Bouteflika et sa clique à Sadam Hussein en parlant de « gang de Tikrit ».
  • Les manoeuvres du clan Bouteflika pour arranger le processus électoral. Sont évoqués le troisième amendement qui a été ratifié pour permettre à Bouteflika de se représenter et la nouvelle loi électorale qui restreint l’accès aux petits partis.
  • Les divisions au sein de l’armée sur le terrorisme, entre partisans d’une politique répressive et ceux de la réconciliation et sur la situation en Algérie qui se détériore.
  • Le double discours des Américains. Très critique en coulisse des manœuvres politiques de Bouteflika, ils épargnent ce dernier en public car ils ne veulent pas se priver d’un partenaire essentiel dans la lutte contre le terrorisme. A lire : Les voeux de Washington, algeria-watch, 28/10/2003

Les protagonistes:

  • Robert Ford, ambassadeur des Etats-Unis en Algérie de 2006 à 2008, il est actuellement en poste à Damas (Syrie). Fin spécialiste du monde arabe dont il maitrise la langue, il parle aussi le Français. Il a également été chef adjoint de mission à Bahreïn de 2001 et 2006 et conseiller politique à l’ambassade des Etats-Unis en Irak de 2004 à 2006.
  • Abdallah Djaballah, leader islamiste, évincé de la tête de son parti dans des circonstances troubles. Selon l’ambassadeur, ce serait le ministère de l’intérieur qui aurait oeuvré à son éviction. Abdallah Djaballah se livre face à l’ambassadeur à un constat sincère et sans concession de la misère de son pays et de la difficulté de s’insérer dans le système politique légal en Algérie.
  • Saïd Sadi, chef du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), parti d’opposition laïc et social-démocrate [A ne pas confondre avec le parti tunisien de Ben Ali] . Très critique vis à vis du régime de Bouteflika et sur la situation sociale en Algérie. Il reproche aussi vivement à l’ambassadeur américain sa réticence à critiquer l’autoritarisme de Bouteflika en public.
  • Ahmed Benbitour, ancien premier ministre de 1999 à 2000. Devant l’ambassadeur, il dénonce l’absence de retombées pour le peuple algérien des ressources supplémentaires apportées par l’envolée des prix du baril. Il a récemment donné une interview à El Watan, déclarant que « la contagion démocratique va toucher l’Algérie« . Il a soutenu la marche du RCD samedi.
  • Leïla Aslaoui, écrivain, féministe, et ancienne ministre. Elle est très farouchement opposée aux islamistes.

N° de Référence Créé le Publié le Classification Origine
07ALGIERS1806 2007-12-19 12:12 2010-12-16 21:09 SECRET Ambassade d’Alger

VZCZCXRO5580
PP RUEHTRO
DE RUEHAS #1806/01 3531206
ZNY SSSSS ZZH
P 191206Z DEC 07
FM AMEMBASSY ALGIERS
TO RUEHC/SECSTATE WASHDC PRIORITY 5022
INFO RUEHFR/AMEMBASSY PARIS 2467
RUEHMD/AMEMBASSY MADRID 8733
RUEHRB/AMEMBASSY RABAT 2078
RUEHTU/AMEMBASSY TUNIS 6935
RUEHTRO/AMEMBASSY TRIPOLI
RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT 6149
RUEHNM/AMEMBASSY NIAMEY 1403
RUEHBP/AMEMBASSY BAMAKO 0353
RUEHCL/AMCONSUL CASABLANCA 3182
RHMFISS/HQ USEUCOM VAIHINGEN GE
S E C R E T SECTION 01 OF 04 ALGIERS 001806

SIPDIS

SIPDIS

E.O. 12958: DECL: 12/17/2027
TAGS: PINS PGOV AG

OBJET: UN REGIME ALGERIEN FRAGILE ET SOUFFRANT QUI EST A LA DERIVE

2008

REF: A. ALGIERS 1704
B. ALGIERS 1618
C. ALGIERS 1237
D. ALGIERS 1658

Classifié Par: Ambassadeur Robert Ford; raisons 1.4 (b) and (d).

1. (C) RESUME: Les discussions récentes avec d’anciens officiels du gouvernement algérien, des leaders d’opposition de longue date et des journalistes dépeignent un tableau d’un régime algérien qui est fragile comme il ne l’a jamais été auparavant, miné par un manque de vision, des niveaux de corruption sans précédents et la division qui gronde au sein de la base de l’armée. Nos contacts algériens sont souvent très grincheux, mais en ce moment nous en entendons plus que les inquiétudes récurrentes à propos de l’incapacité du gouvernement algérien ou de son manque de volonté à s’attaquer aux problèmes économiques politiques, économiques et de sécurité. Les attentat à la bombe le 11 décembre à Alger [NLDR: Ce double attentat revendiqué par l’AQMI aurait tué entre 30 et 72 personnes et fait 177 blessés] , exécutés par deux hommes amnestiés sous la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale [NDLR : loi d’aministie sur les crimes commis pendant la guerre civile entre les islamistes et l’Etat algérien. La charte empêche également toute poursuite judiciaire des forces de sécurité algériennes], ont déclenché de vifs débats à propos de la politique de réconciliation Bouteflika pour protéger le pays. Le débat oppose les partisans d’une stratégie offensive et nécessaire contre la menace terroriste contre ceux qui comme Bouteflika croient encore qu’une amnistie a un rôle à jouer. L’image d’un président isolé, d’un processus de réforme qui stagne et d’une approche confuse du terrorisme vient au moment où les manœuvres à l’intérieur du gouvernement pour maintenir Bouteflika pour un troisième mandant sont en pleine ébullition. Nous voyons pas d’explosion à venir. A la place, nous voyons un gouvernement à la dérive et incertain devant la voie à suivre. FIN DU RESUME

L’ETAT ALGERIEN A LA DERIVE [SHIP OF A STATE ADRIFT]
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2. (C) Le 3 décembre, le leader du parti d’opposition Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) [NLDR : A ne pas confondre avec le parti de l’ancien président tunisien Ben Ali, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique], Saïd Sadi a présenté une vue d’ensemble assez sombre du régime algérien, disant qu’il tenait vouloir conserver le contrôle du pays mais manquait de vision et de compétence. Sadi a prévenu que dans le contexte actuel de stagnation des réformes politiques et économiques, les institutions algériennes étaient en train de se ronger de l’intérieur, perdant la plupart de ses meilleurs travailleurs et fonctionnaires. L’ancien leader du parti islamiste al-Islah.

Abdallah Djaballah

Abdallah Djaballah, ancien chef du parti islamiste Al-Islah

Abdallah Djaballah, qui a été évincé de la direction du parti avec un soutien actif du ministère de l’intérieur, nous a fait remarquer que le 17 décembre le phénomène harraga (ref A), ces jeunes qui fuient dur des radeaux de fortune vers l’Europe, ne se cantonnait plus seulement désormais aux jeunes pauvres sans emploi. Dhaballah a vu des jeunes qui avaient le choix «entre mourir en mer et mourir de manière lente et progressive lente à la maison» vu les très faibles débouchés dans l’économie stagnante du pays. Sadi nous a raconté qu’il était choqué de trouver autant d’Algériens éduqués et originaires de la classe moyenne au Québec et aux Etats-Unis lors de ses derniers voyages. «Ces gens sont le future de l’Algérie», a dit Sadi.

3. (C) XXXXXXXXXXXX, nous a raconté le 17 décembre qu’en ce qui concerne la réconciliation nationale, les attentats à la bombe du 11 décembre ont fortement divisé les services de sécurité algériens, avec un nombre plus important de voix en faveur d’une politique plus dure. XXXXXXXXXXXX a dit que le régime n’avait pas de stratégie unique et précise pour combattre le terrorisme, ce qui a été prouvé par l’indécision sur la façon de traiter les amnisties de prisonniers en vue comme Hassan Hattab (ref B). Selon Sadi et XXXXXXXXXXXX, les Algériens ordinaires, qui ont déjà perdu confiance dans l’agenda des réformes politiques et économiques, perdent maintenant la foi dans la capacité du gouvernement à les protéger. Laila Aslaoui, une ancienne ministre, une activiste des droits des Femmes et écrivain, a raconté à l’ambassadeur au diner du 18 décembre que la plus grande partie de la société algérienne était démobilisée contre la menace terroriste. C’était scandaleux que le ministère de l’intérieur savait que la cour suprême était une cible et n’a rien fait pour améliorer la sécurité du bâtiment ou avertir le public, a-t-elle prétendu. Elle a été impitoyable sur les propos du ministre de l’intérieur qui avait déclaré qu’il était impossible de fournir une protection totale contre les attentats à la bombe, s’interrogeant pourquoi le gouvernement algérien ne poursuivait pas plus énergiquement en justice les individus suspectés d’actes terroristes. Le gouvernement algérien a demandé à Mme Aslaoui le 17 décembre de les aider à organiser une marche contre le terrorisme. Dans les années 1990, elle a dit qu’elle n’aurait pas hésité. Maintenant, elle remarque avec amertume qu’elle ne ferait rien pour aider le gouvernement algérien à justifier sa politique de sécurité. XXXXXXXXXXXX

Leïla Aslaoui

XXXXXXXXXXXX a raconté à l’ambassadeur le 17 décembre qu’il y a un fossé croissant entre les besoins essentiels auxquels doivent faire les Algériens ordinaires et ce qu’ils perçoivent du gouvernement en termes de salaires et de qualité de vie. Du coup, a-t-il dit, moins d’Algériens sont prêts à aider le gouvernement. D’après la sagesse populaire, a-t-il dit, si vous devez faire des affaires dans un ministère, allez-y puis partez aussitôt et restez à l’écart.

4. (C) D’un autre côté, Djaballah nous a raconté que le désenchantement répandu vis à à vis de la volonté du gouvernement de partager le pouvoir avec les islamistes a en fin de compte poussé les islamistes algériens à écouter les appels aux boycotts par son parti ainsi que les autres partis islamistes à boycotter les élections locales du 29 novembre. Ils ont compris, a-t-il dit, que la nouvelle loi électorale (ref C) [NDLR: La nouvelle loi électorale durcit les conditions d’accès aux élections pour les petits partis] a été élaborée dans le but de les marginaliser et de maintenir la coalition au pouvoir [NLDR: l’Algérie est gouverné par une coallition tri-partite appelée «l’alliance présidentielle», le Front de Libération Nationale (FLN), parti historique de l’indépendance, le Rassemblement National Démocratique (RND) plutôt de droite, et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) qui est islamiste]. La restriction l’espace politique ne fera que renforcer l’extrémisme,a-t-il prévenu. L’ambassadeur a dit à Djaballah que les Etats-Unis étaient en faveur d’une libéralisation politique en Algérie mais que nous comprenons aussi que cela doit se faire de manière progressive. Les Etats-Unis ne veulent pas d’un retour à la violence comme dans les années 1990 et qu’ils oeuvrent avec le gouvernement algérien contre ceux qui activement cherchent [à ce que l’Algérie y retourner]. [L’ambassadeur] a salué les efforts de Djaballah pour participer au système politique légal. Le point crucial, a souligné l’ambassadeur, est que bien que l’évolution politique soit lente, elle doit être constamment dirigée vers la libéralisation. Djaballah a salué ces propos et a apprécié que l’on soulève les problèmes du processus électoral avec le gouvernement algérien.

image de Verdad'Z Blog

UN « GANG DE TIKRIT » DOMINANT
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5. (C) Commentant la stabilité du pays, XXXXXXXXXXXX a souligné que les Algériens «ont vécu bien pire que ça», et que les divisions internes ne devaient pas être considérées à tort comme une preuve d’instabilité. Le régime, a fait remarqué XXXXXXXXXXXX, fait passer la stabilité avant tout, et par conséquent, il est à la fois fragile et stable à la fois. XXXXXXXXXXXX est d’accord avec l’analogie que Sadi a fait devant nous et publiquement devant la presse, comparant le gouvernement de Bouteflika à « un gang de Tikrit» qui pointe du doigt le fait qu’un nombre disproportionné de ministres et de généraux viennent de la même région dans la province de Tlemcen à l’ouest du pays dont est originaire le président Bouteflika. (En effet, une grande partie de son entourage proche vient de la petite ville de Nedroma). La loyauté de ce gang, selon XXXXXXXXXXXX et Sadi, est essentielle pour maintenir la stabilité, comme pour Saddam Hussein en Irak. [NLDR: Saddam Hussein était un dictateur impitoyable qui a gouverné l’Irak d’une main de fer de 1979 à 2003, année où il a été renversée par l’armée américaine. Il a été pendu après avoir été reconnu coupable d’avoir organisé un massacre d’un village habité par la minorité kurde]

carte algérie

SADI: «DEFENDONS NOTRE JEUNESSE»
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6. (C) Sadi nous a mis en garde contre les dangers à long terme du silence persistant des Etats-Unis sur ce qu’il percevait comme être une détérioration de la démocratie algérienne, comme l’ont montré les élections locales. Du point de vue de Sadi, le soutien de l’extérieur est essentiel à la survie de la démocratie et à l’engagement productif de la jeunesse algérienne – 70% de la population – dans la vie politique et économique. Si les Etats-Unis sont vus comme complice d’élections de façade et de la réforme de la constitution pour autoriser Bouteflika à concourir pour un troisième mandat, a-t-il prévenu, ils risquent de perdre la jeune génération dans l’avenir.

Saïd Sadi, leader du RCD parti d'opposition

7. (C) L’ambassadeur a rappelé à Sadi nos vains efforts pour maintenir un programme du National Democratic Institute [NLDR: think-tank américain qui promeut la démocratie dans le monde] en Algérie que le ministère de l’intérieur délibérément fermé; peu de partis politiques ont insisté pour maintenir le programme. Il a fait remarqué à Sadi que nous avions entendu d’autres partis politiques demander un plus grand soutien public des Etats-Unis, et a exhorté le RCD et d’autres partis algériens de faire entendre leurs voix. Les Etats-Unis seraient crédibles à appeler à enlever les obstacles à la libéralisation seulement si les partis politiques eux mêmes s’expriment haut et fort. Etant donné l’absence de commission internationale pour surveiller les élections, l’ambassadeur a conseillé à Sadi d’envisager au plus tôt des requêtes publiques pour que des observateurs internationaux soient présents aux élections présidentielles de 2009.

LA STABILITÉ DANS LES MAINS D’UNE ARMÉE DIVISÉE…
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8. (S) Sadi, qui entretient des contacts dans l’armée algérienne et les services de sécurité nous a dit que l’armée n’était désomrmais plus unie comme elle l’avait il y a encore quelques années, a-t-il dit. Deux courants dissidents émergent, a-t-il dit. Le premier est parmi les jeunes officiers qui savent que l’Algérie ne va pas bien et accusent la vieille garde de négligence et de mauvaise gestion. Le second courant identifié par Sadi se trouve parmi les hauts officiers de l’armée, entre ceux favorable une politique plus répressive concernant la sécurité et le contre-terrorisme (les «éradicateurs» [NLDR: en français dans le texte]) et ceux encore alignés sur la politique de réconciliation nationale de Bouteflika. XXXXXXXXXXXX, dont le frère est un officier de l’armée, a dit le 17 décembre qu’il avait des colonels dans l’armée algérienne qui pensent que la dérive actuelle ne peut plus continuer. La question, murmura XXXXXXXXXXXX, est s’ils peuvent s’organiser.

9. (S) Sadi nous a parlé à la fin d’une conversation qu’il avait eu récemment avec le général Toufik Mediene, le chef du DRS (les services de renseignement militaire) [NLDR: Le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), dirigée depuis sa création en 1990 par Toufik Mediene, est régulièrement accusée d’être un organe répressif] qui est considéré par la plupart comme une figure clé de la garantie du contrôle de la population par le régime et de sa survie. Il a dit que Mediene savait que la santé de Bouteflika n’était pas terrible et celle de l’Algérie non plus. Cependant, selon Sadi, Mediene a dit qu’il avait besoin de s’assurer qu’une alternative politique «serait viable» et, par conséquent ne déstabiliserait pas le pays. Sadi a dit que beaucoup d’officiers de haut-rang commençaient à se demander s’il pouvait faire sortir complètement l’armée de la scène politique sans peur d’un châtiment public pour les abus passés durant la guerre civil.

…PENDANT QUE LA CORRUPTION ET LE PRIX DU PÉTROLE ATTEIGNENT DES SOMMETS
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10. (S) Sadi, Djaballah, XXXXXXXXXXXX et de nombreux autres contacts nous ont raconté que la corruption a atteint des niveaux sans précédent sous le régime actuel. Comme il a été rapporté dans la ref D [NDLR: câble non disponible sur wikileaks], le parti au pouvoir, le FLN, est résolu à labourer le terrain pour un troisième mandat de Bouteflika, a cherché à installer des fonctionnaires locaux dans les tractations électorales fondées sur la loyauté au dépens même des compétences.

Ahmed Benbitour

Ahmed Benbitour

Avec des prix du pétrole record, l’ancien ministre des finances et premier ministre Benbitour [NLDR : premier ministre de décembre 1999 à Août 2000]a raconté à l’ambassadeur en novembre, qu’il y avait moins d’intérêt pour le régime à mettre en place ces réformes plus que nécessaires. Les prix élevés du pétrole rapportent des revenus incroyables au pays, nous a dit Benbitour, mais les gens ordinaires n’en voient aucune retombée sur leur vie quotidienne. (En effet, Benbitour a publiquement repris une expression que nous voyons souvent dans les médias maintenant: l’Algérie est riche, mais les gens sont pauvres. Le leader islamiste Djaballah a repris aussi cette expression devant nous le 17 décembre).

suicide en algérie

L'Algérie est riche mais les Algériens sont pauvres

La corruption, selon XXXXXXXXXXXX, a atteint des proportions hallucinantes, même à l’intérieur de l’armée. Il a cité le lieutenant général Ahmad Gaid Salah, chef d’Etat major, comme peut être l’officiel le plus corrompu de l’appareil militaire, fait confirmé par d’autres contacts. Quand Sadi a évoqué le problème de la corruption au General Mediene, a dit Sadi, Mediene connaissait le problème. Montrant silencieusement le portrait de Bouteflika accroché au-dessus de leur tête, il a dit à Sadi que la corruption était répandue jusque dans les plus hautes instances du gouvernement. (Commentaire : beaucoup de contacts de l’ambassade pensent que le président Bouteflika lui même n’est pas particulièrement corrompu, mais ils montrent du doigt sans hésiter les frères du président, Said et Abdallah, comme étant particulièrement avides. L’armée algérienne a entre-temps lancé un programme anti-corruption qui est ambitieux par rapport aux normes algériennes mais qui a laissé le sommet du pouvoir relativement indemne. Fin du commentaire)

COMMENTAIRE: UN RÉGIME SOUFFRANT, UN PRÉSIDENT SOUFFRANT
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11. (S) Nos contacts algériens sont souvent très grincheux, mais en ce moment nous en entendons plus que les inquiétudes récurrentes à propos de l’incapacité du gouvernement algérien ou de son manque de volonté à s’attaquer aux problèmes économiques politiques, économiques et de sécurité. Les attentat à la bombe le 11 décembre à Alger [NLDR: Ce double attentat revendiqué par l’AQMI aurait tué entre 30 et 72 personnes et fait 177 blessés] , exécutés par deux hommes amnestiés sous la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale [NDLR : loi d’administie sur les crimes commis pendant la guerre civile entre les islamistes et l’Etat algérien. La charte empêche également toute poursuite judiciaire des forces de sécurité algériennes], ont déclenché de vifs débats à propos de la politique de réconciliation Bouteflika pour protéger le pays. Les attentats à la bombe et les débats sur comment endiguer l’extrémisme islamiste commencent à nous rappeler les violentes disputes dans la société algérienne pendant le pic de violence des années 1990. Ces contacts sont d’accords que bien que les années 1990 ont montré que la plupart des Algériens peuvent supporter une douleur très grande, les attentats à la bombe du 11 décembre ont mis à nu le manque de vision et de compétence du régime à gérer ces pressions. Nous commençons à entendre des échos d’un débat à l’intérieur de quelques cercles de l’établissement militaire d’un débat de plus en plus clivé sur la réconciliation nationale qui a débouché sur la question de la viabilité du gouvernement de Bouteflika lui-même.
Selon nos contacts, la stabilité reste la première priorité même parmi les officiels de bords opposés sur ce débat, bien qu’ils voient la stabilité ne réside pas dans la capacité de Bouteflika à diriger le pays mais dans un appareil militaire qui semble réaliser que leur en incombe la responsabilité de maintenir le régime. Le nouvel élément est l’insistance du premier ministre Belkhadem et de l’appareil du FLN, probablement sous l’impulsion des frères de Bouteflika si ce n’est la président Bouteflika lui même, de convenir d’un amendement constitutionnel et d’un troisième mandat. Sadi, un médecin, a dit que Bouteflika et l’Algérie elle-même étaient dans une situation critique et qu’ils dépérissaient. Selon Sadi (qui pourrait ou ne pourrait pas savoir), Bouteflika est en phase terminale d’un cancer de l’estomac, et le régime ment sur la table d’opération, s’avançant peu à peu vers un point de non retour se comportant comme des «chirurgiens non entrainés». En attendant, le gouvernement semble incapable de redynamiser l’économie stagnante et les Algériens, en particulier les jeunes, qui sont moroses et sans espoir sur le destin de leur pays à la dérive pour cette nouvelle année.

FORD

Nous avons reçu un étrange commentaire sur la traduction d’un câble sur l’opinion de l’ambassadeur français sur Bouteflika. Nous avons préféré ne pas publier le commentaire directement pour éviter de polluer le débat sur le câble et éviter tout risque de troll. Nous avons préféré décortiquer ce tissu d’inepties :

AU NOM D’ALLAH CLEMENT ET COMPATISSANT
SALUT ET PAIX SUR SON MESSAGER SA FAMILLE ET SES COMPAGNONS
REPUBLIQUE ISLAMIQUE D’IRAN
http://www.facebook.com/editprofile.php?sk=basic&success=1#!/profile.php?id=100001977519613
NOUS NOUS SOMMES VUS DANS L’OBLIGATION D’OUVRIR NOTRE VOLET
SECURITAIRE EXTERIEUR DEVOILANT LA PRESENCE DE RESPONSABLES
OCCIDENTAUX FAISANT ETAT DE SIEGE AUTOUR DE GOUVERNEMENTS ARABES EN
VUE DE LEUR ARRACHER DES PREUVES FORMELLES INCRIMINANT LES SERVICES
FRANCO-ALLEMANDS DANS DES MASSACRES COLLECTIFS ET ATTENTATS KAMIKAZES
DE LEUR PAYS
CETTE SITUATION D’INGERENCE ORCHESTREE PAR LES REPORTERS SANS
FRONTIERES A POUR OBJECTIF LE GREFFAGE DE PREUVE ULTERIEURE
JUSQU’ALORS INEXISTENCE CONTRE NOTRE PAYS VOIRE LE CAUTIONNEMENT DE
L’EMBARGO OCCIDENTAL
EN CONSEQUENCE NOUS RIPOSTERONS CONTRE TOUTE INCRIMINATION DE NOTRE
SOUVERAINETE DANS CETTE AFFAIRE
NOUS APPROUVONS L’INDIFFERENCE DE CES GOUVERNEMENTS ARABES VIS-A-VIS
DE CETTE PRESSION
http://islamic-intelligence.blogspot.com/2008/02/operation-november-1950-sarkosy-olmert.html
LEUR MAINTIEN DES SITES
http://islamic-intelligence.blogspot.com/2008/01/operation-november-1950-la-france-est.html
NOUS CAUTIONNERONS LEUR DEPOSITION DE PLAINTE AU NIVEAU DE LA COUR
PENALE INTERNATIONALE
1. ISLAMIC-INTELLIGENCE: ‘OPERATION NOVEMBER 1950′: LA FRANCE EST …
TAHRAOUI HANANE, AGENT DE LA DST, PRIS EN FEVRIER 1997 A MASSACRER DES
CIVILS EN … QUI PERDURENT CETTE CULTURE DE LA MANIPULATION ME
POUSSANT A DONNER DES … CECI PARCE QUE NOTRE JOURNAL A REFUSE
L’ACCES A SON BUREAU DE CES RSF POUR …
islamic-intelligence.blogspot.com/…/operation-november-1950-la-france-est.html
– En cache – Pages similaires
2. ISLAMIC-INTELLIGENCE: ‘OPERATION NOVEMBER 1950′ : Sarkosy, Olmert …
ISLAMIC-INTELLIGENCE. شبكة الإستخبارات الإسلامية … La DST stoppera
cette pétition par ailleurs le dit Tahraoui Hanane se trouve à ….
Subscribe To ISLAMIC-INTELLIGENCE … How Ehud Barak Pulled Off 9-11
‘Operation November 1950′ : Netanyahu, Sarkozy, Me. … ‘Operation
November 1950′ : La France refuse une c. …
islamic-intelligence.blogspot.com/…/operation-november-1950-sarkosy-olmert.html
LA FRANCE VERSE A L’AQMI LE PRIX DE SA TRAHISON ENVERS LES PAYS DU MAGHREB
NOUS VOUS ECRIVONS POUR QUE VOUS SOYEZ TEMOINS
info@alalam.ir

Comme vous le voyez, c’est un beau commentaire de propagande pro-iranien traduit par logiciel d’où un Français très approximatif. L’IP a été localisée en Algérie, plus précisément dans la ville de Hassi Bahbah. Cependant, le domaine de l’adresse mail « alalam.ir » laisse à penser que nous avons plutôt affaire au service de propagande iranien. Alalam est une chaine d’information iranienne qui relaie les positions des éléments les plus conservateurs du régime et est toute acquise au président Ahmadinejad qui est anti-israélien et anti-occidental. Selon le blog « islamic intelligence », la révolte tunisienne est un coup d’Etat sioniste alors que le régime de Ben Ali figurait parmi les meilleurs alliés du régime israélien, cette affirmation ne tient pas debout. Sur ce blog, on lit aussi que c’est la France qui a monté le GSPC qui a donné naissance plus tard à l’AQMI. Quand on sait que le GSPC a commis plusieurs attentats contre les intérêts français et que l’AQMI s’en prend elle aussi directement à la France, cela ne tient pas debout. Nous n’avons trouvé aucun article de journal parlant ce Tarhaoui Hanane. C’est vraiment très étrange et c’est pourquoi on a envoyé un message à hoaxbuster.

Le plus odieux étant la phrase de conclusion, qui dit que « LA FRANCE VERSE A L’AQMI LE PRIX DE SA TRAHISON ENVERS LES PAYS DU MAGHREB ». Cela donne tout simplement envie de vomir. Des otages innocents sont morts, tués simplement parce qu’ils étaient de la mauvaise nationalité.

Nous avons une pensée émue pour la famille des deux otages exécutés le 8 janvier au Niger, Antoine de Léocour et Vincent Delory:

Antoine de Léocour et Vincent Delory

Cet article relate une entrevue en janvier 2008 entre l’ambassadeur des Etats-Unis et l’ambassadeur Français en Algérie. Ils discutent des problèmes politiques et économiques notamment de la corruption qui gangrène le pays. L’Algérie selon l’association anticorruption Transparency International est le plus corrompu des pays du Maghreb 105e au classement (sur 178) des pays les moins corrompus. Par comparaison, la Tunisie est 59e et le Maroc 85e.

Les protagonistes sont:

  • Bernard Bajolet, spécialiste du monde arabe. Il fut ambassadeur de 2004 à 2006 en Irak et de 2006 à 2008. Il est actuellement coordinateur du renseignement à l’Elysée.
  • Robert Ford, ambassadeur des Etats-Unis en Algérie de 2006 à 2008, il est actuellement en poste à Damas (Syrie). Fin spécialiste du monde arabe dont il maitrise la langue, il parle aussi le Français. Il a également été chef adjoint de mission à Bahreïn de 2001 et 2006 et conseiller politique à l’ambassade des Etats-Unis en Irak de 2004 à 2006.

Vu que les parcours des deux hommes présentent de fortes similitudes, on peut penser qu’ils se connaissaient très bien en 2008.

N° de Référence Crée le Publié le Classification Origine
08ALGER85 2008-01-25 11:11 2010-12-16 21:09 CONFIDENTIEL Ambassade d’Alger

VZCZCXRO1124
RR RUEHTRO
DE RUEHAS #0085/01 0251117
ZNY CCCCC ZZH
R 251117Z JAN 08
FM AMEMBASSY ALGIERS
TO RUEHC/SECSTATE WASHDC 5162
INFO RUEHBP/AMEMBASSY BAMAKO 0391
RUEHMD/AMEMBASSY MADRID 8776
RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT 6192
RUEHFR/AMEMBASSY PARIS 2514
RUEHRB/AMEMBASSY RABAT 2125
RUEHTRO/AMEMBASSY TRIPOLI
RUEHTU/AMEMBASSY TUNIS 6984
RUEHCL/AMCONSUL CASABLANCA 3223
RUEPGBA/CDR USEUCOM INTEL VAIHINGEN GE
C O N F I D E N T I E L SECTION 01 OF 02 ALGER 000085

SIPDIS

SIPDIS

E.O. 12958: DECL: 01/25/2028
TAGS: PREL PGOV KDEM FR AG
OBJET: SELON L’AMBASSADEUR DE LA FRANCE: BOUTEFLIKA NE DOIT PAS PARTIR MAIS L’ALGÉRIE A BESOIN D’AVANCER [Bouteflika may not need to move but Algeria needs to]

Classifié Par: L’ambassadeur Robert Ford, raison 1.4 (d)

1. (C) L’ambassadeur français Bajolet a raconté à l’ambassadeur [américain] que lui et le gouvernement français étaient inquiets de l’instabilité qui grandit peu à peu en Algérie, mais ils ne voient pas d’alternative au maintien du pouvoir de Bouteflika pour un troisième mandat en 2009 [NDLR:Bouteflika a été réélu avec 90,24% le 9 avril 2009, l’opposition a dénoncé des fraudes].élection présidentielle de 2009 sans surprise en Algérie Bajolet, qui a été en service ici dans les années 1980, a dit que l’intérêt stratégique français en Algérie est avant tout la stabilité et la croissance économique. La pression accrue sur les Algériens à émigrer en France à cause du manque d’opportunités en Algérie pèse lourdement sur les sensibilités politiques françaises et en fin de compte sur les relations entre les deux pays [NDLR: La visite de Sarkozy le 3/12/07, un peu plus d’un mois auparavant s’est faite sous grande tension]. Le gouvernement français, dit-il, voit peu de développements positifs en Algérie à l’heure actuelle:

  • les municipalités, qui sont les plus proches de la population, n’ont ni l’autorité ni les ressources pour répondre aux besoins locaux.
  • Il y a une incapacité au sein du gouvernement à prendre des décisions difficiles; Bajolet considère cette attitude comme un type d’immobilisme.
  • L’intérêt de la population pour le système politique formel a diminué considérablement, comme l’on a pu le constater dans les deux élections tenues en 2007.
  • Le climat des affaires est difficile et ne s’améliore pas; et les investissements et les créations d’emploi manquent (Bajolet a relevé qu’une association d’hommes d’affaires français a présenté un livre blanc  [NLDR: sous la pression des autorités algériennes, ce livre n’a jamais été publié] qui détaillait les problèmes auxquelles les entreprises françaises devaient faire face en Algérie et comment les rectifier).
  • La corruption, toutes les routes mènent vers les frères de Bouteflika, a atteint un niveau inégalé et interfère avec le développement économique.

LES AMBITIONS DE BOUTEFLIKA POUR UN TROISIEME MANDAT

———————————

2. (C) Bajolet a dit qu’il comprenait que la direction du service de sécurité ait donné son accord pour que la constitution soit modifiée pour que Bouteflika puisse concourir encore pour une élection en 2009. Bajolet a affirmé que la santé de Bouteflika est meilleure et qu’il pourrait vivre encore plusieurs années [NDLR: Bouteflika eu des très gros problèmes de santé le poussant à être hospitalisé à l’hôpital militaire du Val de Grace en France en novembre 2005,en avril 2006 et plus récemment au début du mois]. Sa meilleure santé et son activité lui ont donné plus d’influence sur l’armée, supposa-t-il. Cela dit, Bajolet exprima son avis comme quoi le consensus à l’intérieur de la haute direction de la sécurité pour un troisième mandat de Bouteflika résultait en partie de l’opinion répandue que Bouteflika ne finirait pas son troisième mandat en raison de ses problèmes de santé. Les relations entre les services de sécurité et Bouteflika est encore épineuse. Par exemple, les Français ont déduit que les services de sécurité ont encouragé le ministre aux ancien combattants, Cherif abbas, à critiquer le président Sarkozy la veille de sa visite afin d’embarrasser Bouteflika en forçant la France à annuler le voyage.

3. (C) Bajolet a dit que les Français sont extrêmement attentifs à propos ce qu’ils disent aux Algériens à propos de la modification de la constitution pour permettre à Bouteflika de concourir pour un troisième mandat que tout le monde sait qu’il va gagner. Bajolet a remarqué que les Algériens ont clairement lancer l’idée publiquement encore juste avant la visite de Sarkozy en Décembre pour voir si le président français déconseillerait cette idée. Il ne l’a délibérément pas fait. Bajolet a constaté que les Français ne voient pas de successeur évident à Bouteflika. L’ancien premier ministre Hamrouche,a-t-il relevé, parle de réforme mais les Français ne sont pas surs s’il aurait vraiment les capacités de mener un programme de réforme. L’ancien premier ministre Ouyahia, pensent-il, n’est qu’un apparatchik de plus et a une très faible popularité au sein du pays.
Bajolet en déduit que sans un successeur évident, pousser Bouteflika au départ créerait simplement de nouvelles sources d’instabilité. En conséquence, les Français ont décidé que le meilleur message pour eux à délivrer était qu’ils étaient neutre sur cette question d’un troisième mandat de Bouteflika mais que le gouvernement [algérien] doit s’occuper des problèmes politiques et économiques majeurs de l’Algérie. (Bajolet est particulièrement intéressé par la décentralisation, par exemple).

 

chômage des diplômés en Algérie

L'Algérie a un très fort taux de chômage des diplômés

SECURITÉ

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4. (C) Bajolet a exprimé une grande inquiétude sur la sécurité du pays et il a posé de nombreuses questions sur nos derniers conseils aux voyageurs [warden message]. Nos recommandations aux citoyens américains d’éviter les écoles occidentales l’a mis dans une situation difficile, remarqua-t-il, puisqu’il y a deux écoles officielles françaises à Alger. Bajolet a affirmé qu’Al Quaïda au Maghreb Islamique (AQMI) semble viser principalement le gouvernement algérien et ne s’intéresse aux étrangers que comme un moyen pour embarrasser le gouvernement algérien. L’Ambassadeur [américain] n’était pas d’accord [avec Bajolet], selon lui, l’AQMI s’intéresse aux deux mais pour des buts différents.

Les enlèvements d’étranger servent à embarrasser le gouvernement algérien et comme moyen de représailles pour les pertes de l’AQMI. Cela vise à chasser les étrangers hors de l’Algérie (et en fin de compte à déstabiliser le gouvernement algérien). Bajolet releva qu’il y a de multiples vulnérabilités françaises, incluant les centres culturels français autour de l’Algérie et les résidences diplomatiques éparpillées. Jusqu’à ce jour, cependant, les services de sécurité algérien ont traité les menaces contre les Français de manière appropriée et n’ont cessé d’informé les autorités françaises, prétendit-t-il.

5. (C) COMMENTAIRE: Bajolet a exprimé comme opinion que les pressions externes sur le gouvernement [algérien] pour le forcer à abandonner l’idée d’un troisième mandat de Bouteflika n’obligera pas le gouvernement algérien à l’abandonner.

Il pense plutôt qu’il cela rendrait simplement plus difficile la coopération avec les Algériens, et les Français le constatent sur les problèmes économiques/sociaux et de sécurité qu’ils doivent traiter avec les Algériens.

Il a facilement concédé que les perspectives à moyen et long terme ne sont pas bonnes à moins que le gouvernement ne commence vraiment à remettre sur pied l’économie et le système politique. Il ne pensait que cela se ferait, mais il n’avait pas d’idée précise de ce qu’il fallait faire dans ce cas de figure. FORD