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Au Yémen, la constestation fait de nouvelles victimes. Un manifestant et un policier ont été tués ce mercredi 20 avril 2011, portant à huit depuis mardi le nombre de victimes de la crise qui secoue ce pays où les efforts en vue d’une solution politique marquent le pas.

A l’image de la Syrie, le Yémen semble à son tour s’enfoncer dans un cycle sans fin de manifestations réprimées qui donnent lieu à de nouveaux rassemblements, à leur tour réprimés. (suite…)

Les affrontements continuent dans les pays du Golfe où les gouvernements sont prompts à réprimer les manifestations dans un bain de sang.

Le Yemen est dans un état de quasi guerre civile et semble suivre un scénario à la Libyenne. Des défections se font jour dans la diplomatie et dans l’armée. Les chefs de la tribu la plus puissante du Yemen, les hashid, ont rejoint l’insurrection. Les insurgés du sud-est et chiites dans le Nord sont passés à l’offensive. 6 policiers yéménites sont morts dans une attentat à la bombe à Aden dans le sud du pays (almotamar.net). La police de Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, a annoncé avoir saisi une cargaison de 16 000 pistolets à destination du Yemen (emirates 24/7). Le président Saleh acculé à la sortie par la population civile et la communauté internationale, essaie de se maintenir au pouvoir.

L’operation Yemen des Anonymous est en court. Vous pouvez avoir plus d’infos sur le pad, ici.

N’oublions pas non plus le Bahreïn, dont le sacrifice de la population semble être le pris à payer pour l’intervention en Libye. L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis qui ont envoyé des soldats au Bahreïn pour réprimer les manifestations soutiennent les bombardements des forces armées libyennes. On signale une fusillade dans la mosquée de Tubli, il y aurait des femmes et des enfants parmi les victimes.  La répression est particulièrement violente au Bahreïn comme le montre cette vidéo sur youtube qui montre des policiers tabasser un homme lors de la fouille de son véhicule:

On signale aussi que le corps de l’activiste Hani abdul aziz, kidnappé alors qu’il était hospitalisé, a été retrouvé sans vie.  Une vidéo a été posté en hommage aux opposants tués:

La journée du 18 mars a été particulièrement meurtrière au Yemen, le dernier bilan d’après des sources médicales fait état de 52 tués et 126 blessés à Sanaa, la capitale du pays. L’armée a tiré à balles réelles sur la foule de manifestants qui réclament le départ du président Abdallah Abuh Saleh au pouvoir depuis 32 ans. Les manifestants n’avaient que des pierres pour se défendre face à des tirs nourris en provenance de toits ou de bâtiments.

L’armée yéménite n’est pas à son premier coup d’éclat dans la matière, elle avait déjà montré une forte prédisposition à réprimer durement les manifestations par des tirs d’arme à feu ou des gazs paralysants.

manifestant à Sanaa, capitale du Yemen, le 18 mars

manifestant à Sanaa, capitale du Yemen, le 18 mars

Un journaliste était parmi les victimes hier. Il devient de plus en plus difficile pour les envoyés des journaux étrangers de faire leur métier sur place. Iona Craig, reporter freelance qui publie souvent pour USA today et the Irish Times raconte:

Je n’arrive toujours pas à croire à quelle point j’ai eu de la chance quand les balles ont sifflé à nos oreilles et ce qui avait touché mon épaule n’était qu’un simple caillou

Le président Saleh a déclaré l’état d’urgence, grand classique du chef d’État apeuré par son peuple qui se révolte. Des photos de corps ont été mises en ligne par les opposants, âme sensible s’abstenir. Cliquez ici.

manifestant tué à Sanaa le 18 mars, photo de ye25feb.com

manifestant tué à Sanaa le 18 mars, photo de ye25feb.com

2011 devient peu à peu l’année de la révolution mondiale. Partie du monde arabe, les manifestations contre l’autoritarisme qui bride les libertés individuelles et le développement économique s’étendent. La chute de régimes autoritaires jugés stables comme en Egypte ou en Tunisie ne laissent pas indifférents et suscitent de nombreux espoirs. C’est pourquoi il est proposé un panorama très rapide du théâtre des manifestations et des opérations des Anonymous pour les soutenir.

D’abord, faisons un point sur le Bahreïn. Les manifestants étaient devant le parlement ce matin et réclament la fin de la monarchie, ce qui était encore impensable il y a moins d’une semaine. A l’instar du Yemen et de l’Oman, la répression est très violente, l’armée n’hésite pas à tirer sur la foule à balles réelles.

logo operation bahrainLe site du ministère de l’intérieur bareihni (http://www.interior.gov.bh/) est bloqué par une attaque DDOS. Les Anonymous ont mis en place un carepack, pour plus d’infos sur l’operation, vous pouvez consulter le pad de l’opbahrain. La place de la perle est toujours occupée et des manifestants sont présents aussi devant le parlement.

Autre pays du monde arabe qui commence à être touché par le vent de contestation, la Mauritanie. Pays très instable en proie à des coups d’Etat militaires réguliers, la Mauritanie est au main de la junte militaire depuis 2008. Le général mauritanien au pouvoir, Ould Abdel Aziz, est très lié à Kadhafi qui a lui permis d’asseoir son pouvoir. La déstabilisation de Kadhafi fragilise de facto le pouvoir mauritanien qui pouvait compter sur le soutien de la Libye. La contestation en Mauritanie est partie de manifestations anti-Kadhafi dans les lycées et les campus universitaires de Mauritanie. Pour les Anglophones, vous pouvez lire une analyse plus complète sur le blog the moor next door.

operation mauritaniaIl existe une page facebook pour l’Operation Mauritania mais j’ai trouvé le channel irc vide. Les Mauritaniens méritent d’être soutenus. La dictature militaire opprime la population. 300 jeunes ont manifesté il y a deux jours à Nouakchott, la capitale, et ont été dispersés par la police. Il faut rappeler que des pratiques archaïques comme l’esclavage et l’excision sont des pratiques qui ont toujours cours en Mauritanie.

carte d'Afrique de l'Ouest

pays de la carte touchés par des mouvements de contestation: Maroc, Algérie, Libye, Mauritanie, Sénégal, Bénin sans oublier la Côte d'Ivoire en proie à une guerre civile larvée depuis la réélection frauduleuse de Laurent Gbagbo

Par effet domino, les régimes d’Afrique de l’Ouest connaissent eux aussi des mouvements de contestation. Au Sénégal, voisin de la Mauritanie, un homme s’est immolé le 18 février devant le palais présidentiel. Au Bénin, des étudiants ont aussi manifesté. Dans les deux cas sont dénoncés la corruption du pouvoir et une situation économique difficile avec un chômage des jeunes élevés. Une pensée émue nous vient pour la Côte d’Ivoire en proie à d’importants affrontements entre les partisans du président élu Ouattara et ceux du président en place Gbagbo. On déplore des morts régulièrement des morts dans la capitale et les anciens rebelles semblent reprendre les armes.

Mais les manifestations ne se limitent pas au monde arabe et au continent africain, ainsi la Chine connait des manifestations dans plusieurs grandes villes qui se sont organisées par le biais de réseaux sociaux. Une operation China a aussi été montée par les Anonymous pour soutenir les manifestants chinois, vous pouvez les retrouver sur facebook ou sur irc. L’accent est mis sur le contournement du dispositif conséquent de censure internet en Chine par le projet « great tunnel » et sur la diffusion de câbles wikileaks « chinaleaks ». Vous pouvez en savoir plus sur le pad collaboratif de l’opchina.

logo operation china

Enfin, n’oublions pas la bonne vieille Europe. La Croatie a connu d’importantes manifestations ces derniers jours. Les manifestants réclament la démission de la première ministre, Jadranka Kosor. Elle a remplacé en 2009, l’ancien premier ministre, Ivo Sanader, qui en décembre dernier a été arrêté et inculpé pour des pratiques mafieuses. L’opposition dénonce le manque de légitimité de Mme Kosor désigné par l’ancien premier ministre pour lui succéder. Des affrontements ont éclaté samedi lors d’une manifestation réunissant 15 000 personnes à Zaghreb, entre les vétérans qui manifestaient et la police, faisant 25 blessés.

photo d'un jeune manifestant à Zaghreb le 26 février

photo d'un jeune manifestant à Zaghreb le 26 février,

Certes, on est loin des massacres de masse libyens où l’on parle en milliers de victimes et où les mercenaires de Kadhafi ont une productivité de plusieurs centaines de victimes par jour. Néanmoins, on parle de dizaines de morts par jour au Yemen. Plus de 10 personnes ont été tuées le vendredi 25 février. La veille, déjà 17 personnes avaient été abattues par les forces de l’ordre. L’armée n’hésite pas à tirer sur la foule à balles réelles comme le montre cette vidéo:

La situation devient d’autant plus critique que d’après amnesty international, le gouvernement tente de bloquer l’accès aux hôpitaux pour les blessés par balles lors des manifestations.

 

homme blessé par balles à Aden le 25/02

homme blessé par balles à Aden le 25/02

Le président Ali Abdallah Salleh au pouvoir depuis 32 ans se voit fragilisé par le soutien apporté par les tribus majoritaires au mouvement de contestation. Deux millions de Yéménites ont manifesté vendredi pour réclamer la fin de la mainmise d’un seul homme sur le pays qui n’a pas hésité à réprimer dans le sang toute opposition.

Sanaa, le 25 février

Prière pendant une manifestation à Sanaa, capitale du Yémen, le 25 février

Le soutien apporté par les chefs des tribus majoritaires au mouvement de contestation montre que l’on n’a pas affaire simplement à une opposition sécessionniste du Sud ou religieuse de la part de la minorité chiite. Les manifestants ne souhaitent que deux choses; la démocratie et la justice, pour permettre un développement équitable.

Des affrontements ont éclaté, mercredi 16 février, dans l’après-midi à Aden, principale ville du sud du Yemen, entre les forces de sécurité et des centaines de manifestants, faisant un mort et trois blessés parmi les manifestants.

Ces derniers ont pris d’assaut le siège de la municipalité à Mansoura, un des quartiers d’Aden, et mis le feu à quatre voitures. Les forces de sécurité ont tiré pour disperser les protestataires, qui ont riposté en lançant des pierres sur les policiers.

‘ALI, DÉGAGE’

Deux manifestants ont été blessés par balle pendant ces heurts, a indiqué un responsable de l’hôpital Naqib, où ils ont été admis. Auparavant, un autre avait été grièvement blessé par des tirs des forces antiémeutes qui tentaient de disperser des centaines de jeunes qui s’étaient regroupés sur une place servant de gare routière dans le quartier pour y effectuer un sit-in, selon le correspondant.

‘Ali, dégage’, criaient les manifestants à l’adresse du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans. Ces heurts sont intervenus alors que des affrontements ont opposé pour la quatrième journée consécutive des étudiants réclamant la chute du régime à des partisans du pouvoir à Sanaa.

Etat indépendant jusqu’en 1990, le sud du Yémen est le théâtre d’une contestation de Sudistes qui réclament l’autonomie voire l’indépendance.