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Iskander Debache

Iskander Debache

Le journaliste, l’opposant au régime algérien et militant des Droits de l’Homme, Iskander Debache, connu par ses articles hostiles au pouvoir, a fait l’objet d’une arrestation ce matin aux environs de 10 heures à son arrivée à l’aéroport d’Alger en provenance de Paris (vol N° AH 1009 d’Air Algérie). Le militant réfugié en France reconnu depuis 2005 et recherché en Algérie pour délit d’opinion aurait été arrêté par des policiers qui l’attendaient visiblement, avant même qu’il ne descende de l’avion et dirigé dans un premier temps au poste de police de l’aéroport. Selon son épouse, il s’agissait d’une simple vérification d’identité, aux dires d’un officier de police. Mais par la suite, elle perdra tout contact avec son mari qui serait actuellement entre les mains de la police politique (DRS).

M. Debache qui a décidé de rentrer en Algérie pour « des raisons particulièrement graves touchant à sa famille » a été gardé à l’aéroport d’Alger par la police des frontière, selon son épouse qui a pu le voir « La police le garde toujours à l’attente de l’arrivé de la DRS pour l’emmener ». a déclaré Mme Debache contactée par téléphone par l’observatoire des droits de l’homme de Tizi Ouzou.

Plusieurs organisations de lutte pour les droits de l’homme en Algérie comme le réseau des avocats (RADDH), la cellule des droits de l’Homme du FCN et l’observatoire algérien des droits de l’homme ont dénoncé cette interpellation et réclament la libération immédiate du journaliste Iskander Debache.

Communiqué de l’observatoire algérien des droits de l’homme

[En arabe]

علم المرصد الجزائري لحقوق الإنسان اليوم بإعتقال السيد إسكندر دباش بمطار هواري بومدين من طرف جهاز المخابرات أثناء عودته لأرض الوطن بعد غياب دام 21 سنة
إن المرصد يدين وبكل قوة هذا الإجراء التعسفي في حق هذا المواطن الجزائري الذي لم تصدر أية جهة قضائية وطنية أو دولية في حقه أي إجراء يقضي بتوقيفة وإعتقاله.
كما يحمل المرصد جهاز المخابرات ورئيس الجمهورية كامل المسؤولية عن حياة ومصير السيد إسكندر دباش الذي يصنف المرصد عملية إعتقاله التعسفية اليوم في خانة الإختطاف المتفق عليه.
ويدعو المرصد كافة المنظمات الحقوقية إلى التنديد بهذه الممارسات التي ماتزال مستمرة والتي تثبت مرة أخرى مسؤوليه هذا النظام في إختطاف آلاف المواطنين خلال العشرية الحمراء
كما يعرب المرصد عن كامل تضامنه مع زوجة المعني ومساندتها في هذه المحنة
إنتهى نص البيان
10/01/2013

حسن بوراس/ المكلف بالإعلام في المكتب التنفيذي

Observatoire Algérien des Droits de l’Homme

المرصد الجزائري لحقوق الانسان

La Cour de cassation de Bahreïn a confirmé lundi de lourdes peines contre 13 dirigeants de l’opposition au risque d’alimenter le mouvement de contestation des chiites dans le petit royaume du Golfe.

Condamnés pour complot contre le régime, les treize hommes, détenus depuis près de deux ans, sont des meneurs du soulèvement dirigé par l’opposition chiite qui a secoué le pays en février 2011 avant d’être maté par la dynastie sunnite.

Il s’agit de sept opposants condamnés à la perpétuité, dont le militant des droits de l’Homme Abdel Hadi al-Khawaja qui a aussi la nationalité danoise et a mené jusqu’en mai 2012 une grève de la faim de 110 jours, et de six autres condamnés à des peines allant de cinq à quinze ans de prison.

Parmi ces derniers figure Ibrahim Chérif, le chef sunnite du groupe Waëd, une formation de la gauche laïque, qui avait joué un rôle de premier plan dans le mouvement de protestation et a écopé de cinq ans de prison.

« La Cour de cassation a confirmé toutes les peines », a indiqué un avocat de la défense.

La séance a duré quelques minutes et les condamnés n’étaient pas présents.

La police s’était déployée en force autour du siège du tribunal, devant lequel des militants de l’opposition se sont regroupés, scandant des slogans appelant à la libération des détenus, selon des témoins.

Des femmes portent le portrait de figures politiques incarcérées, le 6 janvier 2013 à Sanabis, à l’ouest de la capitale Manama La Cour de cassation de Bahreïn a confirmé lundi de lourdes peines contre 13 dirigeants de l’opposition au risque d’alimenter le mouvement de contestation des chiites dans le petit royaume du Golfe. - AFP - Mohammed al-Shaikh

Des femmes portent le portrait de figures politiques incarcérées, le 6 janvier 2013 à Sanabis, à l’ouest de la capitale Manama La Cour de cassation de Bahreïn a confirmé lundi de lourdes peines contre 13 dirigeants de l’opposition au risque d’alimenter le mouvement de contestation des chiites dans le petit royaume du Golfe. – AFP – Mohammed al-Shaikh

Après la décision de la Cour de cassation, les 13 hommes ne peuvent plus faire appel.

« Cette décision va alimenter la révolution », a réagi sur son compte Twitter cheikh Ali Salmane, chef du puissant mouvement chiite Al-Wefaq, estimant qu’une « réforme radicale » était nécessaire dans le pays.

L’opposition traditionnelle dirigée par Al-Wefaq réclame l’instauration d’une monarchie constitutionnelle, mais un collectif radical, le « Mouvement du 14 février », à l’origine des manifestations les plus violentes, appelle à la chute de la monarchie.

Le pouvoir n’a fait aucune concession de fond à l’opposition depuis l’écrasement du soulèvement, mais affirme avoir commencé à appliquer les recommandations d’une commission d’enquête indépendante sur la répression de la contestation.

Malgré la répression meurtrière des manifestations à Manama de la mi-février à la mi-mars 2011, des rassemblements continuent d’avoir lieu régulièrement dans les villages chiites autour de la capitale et donnent lieu parfois à des heurts avec les forces de sécurité.

L’opposition insiste sur le départ du Premier ministre, cheikh Khalifa ben Salmane Al-Khalifa, en poste depuis 1974 et sur la formation d’un gouvernement dirigé par un Premier ministre issu de la majorité parlementaire.

Selon la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), 80 personnes ont trouvé la mort depuis février 2011.

En décembre, Amnesty International a appelé à la libération des 13 opposants et estimé que la décision de la cour de cassation serait « un véritable test pour les autorités si elles veulent prouver qu’elles sont engagées à respecter et à protéger les droits de l’Homme ».

Un premier procès s’était ouvert en avril 2011 et les opposants avaient été condamnés en juin 2011 à des peines allant de deux ans de prison à la réclusion à perpétuité par un tribunal d’exception pour complot contre le régime.

Le 30 avril 2012, la Cour de cassation a ordonné un nouveau procès en appel.

Mais le 4 septembre, une Cour d’appel avait confirmé la perpétuité pour les opposants, parmi lesquels Hassan Mashaimaa, dirigeant du mouvement chiite Haq, Abdelwahab Hussein, chef du mouvement islamique chiite Wafa, et un autre militant du Haq, Abdeljalil al-Singace, qui souffre d’une paralysie des jambes.

Les condamnés ont été reconnus coupables de « conspiration pour renverser le gouvernement », et pour certains « d’espionnage ».

AFP

New York. Mercredi, la juge Loretta Preska a rejeté la demande de libération sous caution de Jeremy Hammond qui est accusé d’avoir hacké l’agence américaine de renseignement « Stratfor ».

La juge fédérale a rejeté la demande de mise en liberté sous caution déposée par les avocats de Jeremy Hammond. Jeremy est accusé d’être un membre du groupe « Anonymous » et d’avoir hacké les ordinateurs de la société privée de renseignement « Stratfor ». WikiLeaks a publié en février 2012 les documents « Stratfor » qui se comptent par millions, sous le nom de « The Global Intelligence Files ».

Les soutiens de Jeremy Hammond expliquent que les documents éclairent sur la façon dont l’agence privée de renseignement « Stratfor » surveille les militants et espionne pour le compte d’entreprises. Jeremy Hammond est détenu sans caution ni jugement depuis plus de huit mois. Au cœur du réseau de soutien, Sue Crabtree a défendu les actions présumées de Jeremy.

Sue Crabtree : Les médias définissent Jeremy comme hacker et membre d’Anonymous. Les tribunaux et ceux qui le poursuivent disent qu’il est un criminel. Pour nous Jeremy un est héros ! Et encore une fois nous disons, « dénonçer les crimes de l’Etat n’est pas un crime. »

Communiqué d’Anonymous : Anonymous « For Great Justice »

Salutations ! Nous sommes Anonymous. Nous avons une annonce importante concernant le procès de l’hacktiviste Jeremy Hammond. Nous pensons qu’une grande injustice a lieu dans le procès de Jeremy et que le public et les médias doivent être informés. Jeremy Hammond a droit à un procès équitable dans un tribunal compétent, indépendant et impartial. Dans les circonstances actuelles, ce n’est pas possible.

Jeremy Hammond est un activiste politique qui est accusé d’avoir participé en Décembre 2011 au hack de l’agence de renseignement « Stratfor ». Il est accusé d’avoir donné des documents de l’agence « Stratfor » àWikiLeaks pour diffusion au public.

La juge en charge du dossier se nomme Loretta Preska. Lors de l’audience Loretta Preska qui a dépeint Jeremy comme étant un terroriste plus dangereux qu’un meurtrier ou un prédateur sexuel, a rejeté sa libération sous caution et a annoncé qu’il devra faire face s’il est reconnu coupable à une peine de prison allant de 360 mois à la perpétuité.

Ce que la juge Preska n’a pas révélé lors de cette audience, c’est qu’elle est liée par la loi de se retirer de cette affaire en raison d’un conflit d’intérêts direct. Le 11 Septembre 1983 Loretta Preska a épousé Thomas J. Kavaler, actuellement associé au cabinet d’avocats Cahill Gordon & Reindel LLP.

Si vous examinez la base de données « Stratfor », qui a été publié par Wikileaks, vous trouverez dans la liste des clients l’adresse de courriel : tkavaler@cahill.com. Cette adresse se trouve également sur Cahill.com et elle appartient à Thomas Kavaler, le mari de la juge Preska.

Par procuration la juge Preska est une victime qui a pourtant l’intention de juger le coupable. La juge Preska a omis de divulguer que son mari est un client de « Stratfor », violant ainsi le Code des États-Unis. La juge Loretta Preska dont l’impartialité est mis en doute a un préjugé évident contre Jeremy Hammond, comme en témoigne ses déclarations au cour de l’audience.

Dans l’intérêt de la justice, le public et les médias doivent exiger que la juge Preska se retire ! Sans une justice libre et impartiale : ni nos personnes, ni nos droits, ni notre propriété ne peuvent être protégés.

Anonymous Solidarity Network

Honte à vous messieurs les spoliateurs de la révolution du peuple, pour laquelle s’était sacrifiée toute une génération d’hommes et de femmes pour nous permettre de retrouver notre dignité et notre liberté et vivre sur une terre juste, dont la colonisation nous avait privé.

Honte à vous autant de fois que le soleil se lève sur notre peuple et illumine de sa clarté à la face de l’humanité ses stigmates de peuple meurtri et avili par votre lâcheté et votre cupidité de traîtres à la patrie.

Lâchement, vous arrêtez, vous enlevez, vous humiliez, vous emprisonnez, vous torturez, vous sodomisez, vous violez, vous tuez tous ceux et toutes celles qui osent avec courage et dignité défier votre barbarie les mains nues.

Ainsi, vous vous êtes acharnés bestialement à agresser et à emprisonner un militant des droits humains, pour le seul crime de n’avoir pu contenir la douleur que lui inflige un spectacle qui dépasse l’entendement humain. Le spectacle d’un pays héritier d’une guerre de libération contre l’humiliation et la soumission coloniale, qui marqua la conscience de l’humanité avec son combat pour la dignité et la liberté, réduit à l’état d’un pays où la corruption devient un modèle pour les tyrans et les dictateurs, où l’état d’indigence, d’ignorance, de souffrance et de misère physique et  intellectuelle dans lesquelles le peuple est acculé rappelle cyniquement son état duquel il s’est libéré. Vous avez spolié les richesses de ce peuple et vous avez fait de lui un peuple de mendiants, d’immolés et de harragas, qui survit sur les décombres d’immenses tas d’ordures entassées dans des villes bidonvilisées, dans lesquelles vous l’avez confiné, entouré de votre meute de policiers, de gendarmes et de voyous recyclés pour les basses besognes.

Ce peuple vous maudit dans ses cauchemars éveillés. Il vous hantera jusqu’à votre dernier souffle et votre dernier méfait. Il vous hantera et hantera votre progéniture comme le furent les tyrans de votre espèce et leur progéniture élevées à leur image.

Soyez certains que le peuple entier porte en lui la détresse de l’homme que vous avez agressé et arrêté. Yacine Zaid est en nous comme la souffrance que nous endurons au quotidien par vôtre cynisme et votre cupidité.

Soyez certains que nous sommes tous des Yacine Zaid et nous vous hanterons jusqu’à notre inévitable déferlante qui viendra sonner notre inéluctable délivrance et votre destinée de méprisable déchéance .

Youcef  Benzatat

Source

Pétition pour réclamer la libération de Yacine Zaid.

La page facebook officiel du collectif du soutien de Yacine Zaid

Le militant des droits de l’homme, président de la section de Laghouat de la Ligue Algérienne de défense des droits de l’homme ( LADDH) et membre du SNAPAP, a été arrêté et violemment agressé par les policiers ce lundi matin à Ouargla, alors qu’il se rendait à Hassi Messaoud.

Archive : Arrestation de Yacine Zaid lors d'une manifestation

Archive : Arrestation de Yacine Zaid lors d’une manifestation

Alors qu’il se trouvait dans le bus en compagnie de Aibek Abdelmalek, membre de l »OADH et président de la section de laghouat de la Coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs ( CNDDC), les policiers les ont débarqué du bus vers 10h. Yacine Zaid, a été emmené au poste, menotté et agressé par trois policiers. Deux heures plus tard, à midi, Yacine Zaid a été remis à des agents en civil, à bord d’un pick-up Nissan 4×4. Depuis, il n’y a plus aucune nouvelle de Yacine Zaid.

Source : Observatoire Algérien des Droits de l’Homme

La LADDH, l’OADH et la CNDDC dénoncent dans un communiqué commun

Considérée comme une grave violation des droits de l’homme et des droits de la citoyenneté, la LAADH, l’OADH et la CNDDC dénoncent l’agression et l’arrestation de Yacine Zaid, le communiqué, rédigé en langue arabe dénonce aussi les arrestations et les harcèlements abusives et illicites perpétrés par les forces de sécurité contre plusieurs activistes algériens comme Yacine Zaid et qui ne cessent de s’amplifier.

Source.

Actualisé le 02 Octobre 2012 :

Yacine Zaid sera présenté devant le procureur de la république aujourd’hui le 2 octobre 2012

L’épouse du militant de la Laddh  Yacine Zaid a indiqué au journal électronique Tous sur l’Algérie que Yacine Zaid sera présenté aujourd’hui le 2 octobre devant le procureur à Ouargla sans précisé les motifs de son audition.

Human Rights Watch (HRW) a critiqué les autorités algériennes sur l’interdiction des manifestations publiques à Alger dans un communiqué de presse, intitulé « Algérie : Forte répression des manifestations à l’approche des élections » et rendu publique aujourd’hui le 9 mai 2012. L’ONG a rappelé que malgré la levée de l’état d’urgence, le gouvernement algérien continue l’interdiction « par la force » des rassemblements à Alger.

Communiqués de presse Human Rights Watch

Algérie : Forte répression des manifestations à l’approche des élections.

Mises en détention et autres tactiques visant à bloquer tout rassemblement dans la capitale.

(Paris, le 9 mai 2012) – Les autorités algériennes ont recouru à des arrestations, parmi d’autres tactiques, pour empêcher les gens de manifester dans la capitale pendant la période précédant les élections du 10 mai 2012, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les forces de sécurité continuent de placer en détention les gens qui essaient de manifester pacifiquement à Alger, dont au moins un candidat aux élections, et ont empêché des gens d’arriver jusqu’à la ville si elles les suspectaient d’avoir l’intention de manifester.

Le gouvernement a levé l’état d’urgence en février 2011. Les forces de sécurité, néanmoins, justifient leurs actions en se basant sur les lois répressives régissant les rassemblements publics, notamment une interdiction des rassemblements à Alger, la capitale, imposée suite à une manifestation ayant dégénéré en 2001. Ces lois vont à l’encontre des obligations de l’Algérie en termes de droits humains prescrites par le droit international. Le gouvernement devrait mettre un terme aux restrictions non justifiées de la liberté de rassemblement à Alger, a déclaré Human Rights Watch.

« Si les autorités algériennes ont vraiment l’intention de respecter les droits humains et les réformes démocratiques, elles devraient assouplir les lois pour montrer qu’elles ne craignent pas de laisser les Algériens exercer leur droit de rassemblement », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

Les forces de sécurité ont pris des mesures préventives et utilisé la force contre des groupes ayant tenté de braver l’interdiction des manifestations dans la capitale, particulièrement lorsque le motif de la manifestation était considéré comme politiquement sensible. Généralement, les forces de sécurité essaient de bloquer l’accès à l’endroit prévu pour une manifestation. Puis elles y pénètrent pour disperser tous ceux qui ont réussi à atteindre l’endroit, arrêtant certaines personnes et les transportant vers les postes de police, où elles les détiennent durant plusieurs heures avant de les remettre en liberté.

Dans son important discours du 14 avril 2011, le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé des réformes, entre autres des amendements de la Constitution et des lois sur les élections, les partis politiques et les médias.

Depuis, le Parlement a approuvé de nouvelles lois dans tous ces domaines. Pourtant, le droit à la liberté de rassemblement reste fortement compromis. Les autorités n’ont ni levé l’interdiction de 2001, à durée illimitée, ni révisé la loi de 1991 régissant les rassemblements, qui exige une autorisation préalable pour toute manifestation publique.

Une interdiction illimitée de toutes les manifestations ne constitue pas une réponse adaptée à une marche ayant dégénéré en violences il y a 11 ans, mais plutôt une négation du droit des gens à se rassembler, a déclaré Human Rights Watch.

L’Algérie est un État partie du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), qui garantit le droit de rassemblement pacifique, ainsi que la liberté d’association et d’expression. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, qui vérifie si les États se conforment au pacte, a prévenu l’Algérie que ses lois et pratiques concernant les rassemblements ne répondent pas aux critères de base exigés des États parties en termes de droits humains.

Arrestations arbitraires à Alger
Il y avait une forte présence policière le 20 avril à Alger, pour l’anniversaire des manifestations de 1980. Des Kabyles (Amazighs algériens) se sont rassemblés chaque année à cette date pour demander que leurs droits culturels soient mieux respectés. Abdelwahab Farsaoui, président du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), un mouvement de jeunes gens fondé en 1992 autour des thèmes des droits humains et de la démocratisation, a décrit à Human Rights Watch un incident qui s’est produit au centre-ville d’Alger :

J’étais avec neuf autres membres du RAJ, nous devions rencontrer un journaliste de la télévision française. Le rendez-vous était fixé en face de la Grande Poste. Quand nous sommes arrivés, nous avons vu un grand déploiement de forces de sécurité en train de vérifier les cartes d’identité des gens et d’arrêter certains d’entre eux. Il y avait eu un appel à manifester à Alger le 20 avril. Un groupe de policiers est arrivé et nous a demandé nos cartes d’identité. Puis ils nous ont arrêtés, bien que nous protestions  que nous n’avions rien fait. Ils nous ont emmenés dans une voiture de police jusqu’au poste de Cavaignac [au centre d’Alger], où nous sommes restés plusieurs heures avant d’être relâchés tard dans l’après-midi.

Farsaoui a précisé que pendant qu’il était au poste de police, il avait vu un autre groupe, des étudiants d’en-dehors d’Alger, la plupart de Tizi-Ouzou, arrêtés en même temps que les membres du RAJ. Un policier les interrogeait. Ils ont dit qu’ils étaient venus à Alger pour passer un examen de français au Centre culturel français, et lui ont montré la convocation à l’examen. Le policier a répondu, selon Farsaoui, « mais vous êtes censés passer l’examen demain. Tizi-Ouzou n’est qu’à une heure et demie d’Alger, vous auriez dû arriver demain ».

Redouane Boudjemâa, professeur de journalisme à l’Université d’Alger et membre du Groupe arabe d’observation des médias (Arab Working Group on Media Monitoring), une organisation non gouvernementale indépendante, a déclaré à Human Rights Watch que, le 20 avril, dix de ses étudiants avaient été empêchés de se rendre à Alger pour la semaine de cours débutant après le congé du vendredi :

Mes étudiants m’ont appelé pour me dire qu’ils ne pourraient pas assister aux cours du samedi parce que le vendredi, la police les avait empêchés d’embarquer sur les trains pour Alger. Ils avaient quitté la capitale pour le week-end, pour rentrer dans leurs villes d’origine. La plupart sont de Tizi-Ouzou [en Kabylie]. Le Comité national des étudiants amazighs démocrates avait appelé à marcher de l’Université d’Alger jusqu’au siège du gouvernement. Je pense que le gouvernement essayait de limiter le mouvement en empêchant les jeunes hommes de rentrer dans la capitale.

Dans un autre incident récent, le 26 avril, la police a arrêté plusieurs militants connus qui étaient en train de manifester en face du tribunal de Sidi Mohamed à Alger, par solidarité avec Abdelkader Kherba, membre du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), qui avait été arrêté le 18 avril et passait alors en jugement.

Les forces de sécurité ont arrêté Hakim Addad, ancien secrétaire général du RAJ, qui est candidat du Front des forces socialistes (FFS) aux élections législatives du 10 mai, de même que Tahar Belabès, porte-parole du CNDDC ; Mourad Tchiko, membre du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP); Abdou Bendjoudi, militant du Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC); et Yacine Zaïd, membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH).

Addad a déclaré à Human Rights Watch que les manifestants se comportaient pacifiquement et se contentaient d’exiger la libération de Kherba. Ils ne gênaient pas le flux de la circulation et ne provoquaient pas de désordre, a-t-il déclaré. Après avoir arrêté les manifestants, la police les a répartis entre plusieurs commissariats d’Alger et les a détenus pendant plusieurs heures avant de tous les relâcher sans inculpation.

Kherba lui-même a été poursuivi pour avoir participé à une manifestation pacifique. La police l’a arrêté en face du tribunal de Sidi Mohamed, où il était venu manifester sa solidarité avec les greffiers, qui étaient alors en grève depuis dix jours et organisaient un sit-in pour exiger de meilleures conditions de travail pour le personnel du tribunal. Kherba avait une caméra et filmait le sit-in quand il a été arrêté, a déclaré Amine Sidhoum, son avocat, à Human Rights Watch.

Les autorités ont inculpé Kherba d’« incitation directe à un rassemblement illégal » ainsi que d’« entrave à la liberté du travail » en vertu des articles 55 et 56 de la loi n° 90-02 du 6 février 1990, une loi « relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève ». L’article 55 interdit d’amener ou de maintenir une cessation de travail; et l’article 56 interdit d’utiliser la fraude ou la violence pour entraver la liberté du travail. Sidhoum a déclaré qu’il avait plaidé que ces charges ne pouvaient pas s’appliquer aux actions de Kherba étant donné que les greffiers étaient déjà en grève depuis dix jours.

Lors de la première audience de l’affaire Kherba, le 26 avril, le procureur général a requis une peine de trois ans de prison. Mais le 3 mai, le tribunal l’a condamné à an avec sursis et à une amende de 20 000 dinars algériens (267 US$), avant de le libérer le même jour.

Contexte juridique
La loi algérienne régissant les rassemblements, promulguée en 1989 pendant une période d’ouverture politique et juridique, a été modifiée par le Parlement en 1991, alors que le pays a été le théâtre de manifestations massives et parfois de violents affrontements entre manifestants opposés au gouvernement et forces de sécurité.

La loi de 1991 a fortement restreint le droit à la liberté de rassemblement en modifiant les conditions légales pour tenir une manifestation, obligeant le groupe prévoyant un rassemblement à obtenir l’autorisation des autorités, au lieu de simplement les avertir.

Les « manifestations publiques » comprennent les parades, les processions, et de façon générale toutes formes de rassemblements organisés dans les voies et espaces publics. Les organisateurs de manifestations publiques doivent en demander la permission huit jours avant l’événement.

Le wali (gouverneur de province) doit annoncer son accord ou son interdiction du rassemblement public au moins cinq jours avant la date prévue. Lui ou ses subordonnés peuvent interdire tout rassemblement en informant ses organisateurs qu’il constitue « un risque réel de troubler l’ordre public » ou bien qu’« il paraît clair que l’objectif réel du rassemblement menace le maintien de l’ordre public ». De plus, la loi interdit toute activité, lors des rassemblements, qui seraient contraires aux « constantes nationales [les caractéristiques constitutives et immuables de la Nation] » ou qui pourraient « porter atteinte aux symboles de la révolution du 1er novembre, à l’ordre public ou aux bonnes mœurs ».

Participer à, ou inviter autrui à participer à une manifestation non déclarée est passible, selon la même loi, de trois mois à un an de prison et d’une amende de 3 000 à 15 000 dinars algériens (40 à 200 US$).

De février 1992 à février 2011, l’Algérie a été soumis à un état d’urgence qui a restreint davantage le droit à la liberté de rassemblement, en conférant au ministère de l’Intérieur de vastes pouvoirs, dont le droit d’interdire tout rassemblement « susceptible de troubler l’ordre public et la quiétude ».

Malgré la levée de cet état d’urgence, l’interdiction illimitée de toutes les manifestations reste en vigueur à Alger. Les autorités ont imposé cette interdiction le 18 juin 2001, quatre jours après une énorme marche pro-amazigh à Alger, qui avait attiré des participants de toute la Kabylie, région majoritairement amazighe, et qui avait dégénéré en pillages de boutiques et en affrontements entre la police, les manifestants et des jeunes gens du coin. Quatre personnes avaient été tuées et plus de 300 blessées. Justifiant l’interdiction, le gouvernement avait alors déclaré sa « ferme détermination à faire face à la grave dégradation de la situation observée pendant les événements tragiques et malheureux de ces derniers jours ».

Source.

Le communiqué est disponible aussi en arabe et en anglais.