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Politiciens où voyous ? Serviteurs du peuple où opportunistes ?, ces questions sont légitimes pour une partie importante des algériens, je dis bien une partie parce qu’une autre partie du peuple même petite s’est impliquée dans une violente guerre de position au sein des partis « pseudo politiques » pour bénéficier d’un statut de député au niveau du futur parlement lors des prochaines législatives, un statut qui va leurs ouvrir les portes d’un paradis « corrompu ».

Au cours des derniers mois, le vieux parti, front de la libération national (FLN) s’est déchiré en deux parties, la première, légaliste, gouvernée par Belkhadem, et l’autre, surnommée, mouvement de redressement. Ces deux groupes n’hésitent pas à faire usage de violence lors des conférences nationales du parti qui se transforme à chaque fois en affrontements violents.

Jeudi derniers, la petite ville de Draria (à l’ouest d’Alger) était complètement verrouillé par un impressionnant dispositif de sécurité, le but éviter des affrontements entre les partisans des deux groupes du FLN lors d’une conférence nationale des redresseurs, même si ce rendez-vous n’a pas connu les mêmes dépassements de celui de Constantine quand une réunion s’est transformée en bagarre générale faisant de nombreux blessés, des incidents ont eu lieu avant la tenue du rassemblement entre quelques perturbateurs dont le fils de Belkhadem qui brandissaient des pancartes et des posters du secrétaire général du parti et les forces de sécurité installé autour de la salle qui réceptionnait la réunion.

A quelques kilomètres de Draria, une bataille sanglante s’est déclenchée entre des dirigeants du parti El Islah Elwatani au niveau de leur siège principal, situé à Belouizdad (ex-Belcourt -centre d’Alger-). Une vidéo amateur publiée sur le compte facebook personnel de l’ex député Mohamed Salhi et relayée sur plusieurs sites et pages d’information montre l’ex député Miloud Kadri soufrant de plusieurs blessures causés par des coups d’armes blanches au niveau de sa jambe et de son visage.

Selon les témoignages de Mohamed Salhi et Miloud Kadri, le leadeur du parti et ex candidat au présidentielle de 2009, Mohamed DJahid Younsi a dressé une bande de 40 personne armés de couteaux et autres armes blanches tard dans la soirée du dimanche pour  attaquer le siège et le clan adversaire qui l’occupait depuis le samedi 15 octobre, ces violents affrontements ont fait plusieurs blessés qui ont été transféré à l’hôpital Mustapha Bacha après l’intervention des forces de police.

Le câble diplomatique 08ALGIERS1022, créé le 24 Septembre 2008 et publié par Wikileaks le 30 Aout 2011, nous présente une nouvelle preuve renforcé par plusieurs commentaires sur la combinaison « Politique-Argent » où bien « Pouvoir-Corruption » au sein du parlement algérien, cette institution, sensé représenter et défendre les intérêts des citoyens qui l’ont élu, est devenu un moyen utilisé par des groupes d’opportunistes et de « BAGGARAS » afin de bénéficier des privilèges d’un député pour mieux gérer leurs intérêts personnels.

Le télégramme diplomatique nous montre aussi comment une décision présidentielle signé par le président lui-même à ordonné une augmentation inhabituelle et considérable des salaires des parlementaire quelques mois seulement avant l’amendement de la constitution pour permettre à Bouteflika un troisième mandat présidentiel.

08ALGIERS1022 : Vous voulez devenir riche – Devenez un parlementaire.

Le câble original en anglais est accessible ici.

Numéro d’identification Créé le Publié le Classification Origine
 08ALGIERS1022 2008-09-24 07:22 2011-08-30 01:44 CONFIDENTIAL Embassy Algiers

1.      VZCZCXRO0667

2.      PP RUEHWEB

3.      DE RUEHAS #1022/01 2680722

4.      ZNY CCCCC ZZH

5.      P 240722Z SEP 08 ZDK

6.      FM AMEMBASSY ALGIERS

7.      TO RUEZC/USOFFICE EACTC

8.      RUEHNM/AMEMBASSY NIAMEY

C O N F I D E N T I A L SECTION 01 OF 02 ALGIERS 001022

SIPDIS

E.O. 12958: DECL: 09/23/2018

TAGS: PGOV ECON AG

OBJET: Vous voulez devenir riche – Devenez un parlementaire

La lettre C en début des chapitres annonce des commentaires confidentiels.

Classé par: DCM Thomas F. Daughton; reasons 1.4 (b) and (d).

SOMMAIRE :

1. (C) SOMMAIRE: La décision du 17 septembre qui consiste à augmenter considérablement les salaires des membres des deux chambres parlementaires (Le conseil de la nation et l’assemblé populaire nationale APN) a été largement critiqué par le public et les principaux titres des journaux qui criait, « Honte à vous » et « Deviens un député et deviens riche ! ». La décision, prise par une ordonnance présidentielle retentissante ratifiée par le parlement, augmente le salaire de base d’un député « junior » de 180,000 dinars (Environ 3000 dollars américains) à 300,000 dinars (5000 dollars américains) par mois. Le salaire minimum en Algérie est de 12.000 dinars (200 dollars américain) par mois. Les députés eux-mêmes avaient des difficultés pour justifier cette augmentation en comparant leur statut à celui des députés dans les pays voisins et européens, mais le public irrité s’est concentré sur leurs positions à l’égard de la société algérienne. En conséquence, les réactions à l’augmentation de salaire ont été amères et méprisantes, comme plusieurs de nos contacts l’ont senti, le gouvernement à beaucoup fait pour récompenser soit même mais elle a peu fait pour améliorer les conditions socioéconomiques de la vie quotidienne de ses citoyens.

FIN DU SOMMAIRE.

Le siège de l'assemblé populaire algérien -Alger-

Le siège de l’assemblé populaire algérien -Alger-

UN MEILLEUR SALAIRE CRÉE T-IL UNE MEILLEURE PERFORMANCE?

¶2. (C) Mahmoud Koudiri, le ministre chargé des relations avec le parlement, a défendu l’augmentation des salaires à la presse le 18 septembre en disant que les salaires des députés devraient être considérés comme une partie de la politique nationale sur les salaires, et que les augmentations devraient toucher tous les autres secteurs. Il a ajouté ses croyances que les parlementaires bien payés « vont faire un travail meilleur ». Sous l’augmentation, 300,000 dinars (5000 dollars américains) est le salaire brute mensuel d’un parlementaire junior, dont 250,000 dinars (Environ 4200 dollars américains) est le salaire net. En addition à ce salaire, les députés reçoivent une indemnité mensuelle de logement de 63,000 dinars (1050 dollars américains) et une allocation alimentaire de 20,000 dinars (presque 340 dollars américains). Les présidents des commissions parlementaires et les vices présidents des deux chambres parlementaires recevront un autre montant supplémentaire de 30,000 dinars (500 dollars américains) par mois, suite à ce que Koudiri l’a appelé, leurs « position spécial ». L’augmentation est rétroactive au premier janvier, ce qui signifie que chaque député recevra un montant initial de presque 1 million de dinars (16,700 dollars américains).

¶3. (C) MP (la députée) Sakina Messadi du Front de la libération national (FLN) a reconnu le sentiment amer du public à l’égard de cette augmentation et elle a essayé de nous l’expliquer le 20 septembre. Même s’il est vrai que le peuple est choqué par cette augmentation et il sent que nous avons ignoré ses plaintes, elle a dit, « tous les serviteurs civils et mêmes les militaires » ont bénéficié récemment d’une augmentation importante, malheureusement, elle a ajouté, « seulement notre augmentation était sous les spotlights des medias ».

QU’EST CE QUE VOUS AVEZ FAIT POUR MOI DERNIEREMENT ?

¶4. (C) Achira Mameri du quotidien francophone l’Expression nous a dit le 20 septembre que cette augmentation était hors du contact avec la réalité économique difficile des citoyens, surtout durant le mois de ramadhan où les familles algériennes luttent durement contre la hausse des prix des commodités pour mettre la nourriture sur la table d’El iftar tous les nuits. Selon Mameri, les députés « ont profité du moi de Ramadhan pour se casher » en travaillant quelques heures et quelques jours seulement de la semaine, mais « ils (les députés) sont venu tous « en courant » pour assister la session du 17 septembre pour ratifier l’augmentation de leurs salaires. Mameri a dit qu’elle a confronté le président du parlement Abdelaziz Ziari sur cette question, qui est devenu « défensif » et il l’a dit « être un député est une question de statut, et des salaires plus élevés permettront une bonne représentation ».

Louisa Hanoune

Louisa Hanoune

¶5. (C) Deux parties de l’opposition, le partie des travailleurs Trotskiste (PT) et le partie de base berbère, le rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), ont voté contre l’augmentation, mais pour des raisons différentes. La présidente du PT (partie des travailleurs) Louiza Hanoune a considéré cette augmentation comme « provocation du public », ce même parlement a gonflé ses propres salaires tout en refusant toute augmentation des allocations des personnes handicapées ou des retraités, dont beaucoup d’entres eux survivent avec un revenu mensuel de 4000 ou 5000 dinars (entre 67 à 83 dollars américains) par mois. Noureddine Ait Hamouda, leadeur du groupe parlementaire du RCD, nous a dit le 20 septembre que le RCD a voté contre cette mesure parce que « l’approche globale a été tort ». Ait Hamouda nous a expliqué que le président Bouteflika est censé avoir recours à de telles ordonnances seulement en cas d’urgence. « Nous ne considérons pas que nos salaires sont une urgence », a-t-il conclu.

ALGIERS 00001022  002.8 OF 002

COMMENTAIRE : TOUT POUR LES BENJAMINS (L’ARGENT)

¶6. (C) Alors que ces augmentations sont inhabituelles, l’écart entre le salaire minimum d’un balayeur des rues et les députés dont leurs salaires sont soudainement plus élevé de 25 fois est extrême pour l’Algérie. Comme presque toutes les lois, l’augmentation du salaire provient de la présidence et elle a été approuvée par le président Bouteflika lui-même avant de faire son chemin vers le parlement. Selon la constitution, si le Parlement ne parvient pas d’approuver une telle législation, il est automatiquement dissous.

Des augmentations des salaries récentes des autres secteurs de la société n’ont pas reçu le même degré de mépris et de critiques publique, nos contacts nous ont dit, « c’est parce que le parlement a une responsabilité de représenter et défendre les intérêts du peuple ». Cette augmentation était différente, cependant, parce que pour les Algériens ordinaires, le gouvernement est plus que jamais hors de contact avec les problèmes socioéconomiques quotidiens qui les concernent, et cette augmentation n’est qu’une nouvelle preuve sur un système qui ne s’intéresse qu’a ses intérêts.

FIN DU COMMENTAIRE.

PEARCE

Cet enregistrement n’est qu’une partie du câble original, le texte complet du câble original n’est pas disponible.

Le câble diplomatique 05ALGIERS2114, créé le 16 Octobre 2005 et publié par Wikileaks le 30 Aout 2011, nous présente plusieurs témoignages sur l’état de santé détérioré du journaliste et écrivain algérien Mohamed Benchicou, les témoignages ont montré aussi que les conditions d’emprisonnement ont accéléré l’aggravation de son état durant l’année 2005 (…..Benchicou n’a pas eu la permission de suivre un traitement médical nécessaire……).

Le câble original en anglais est accessible ici.

Numéro d’identification

Créé le Publié le Classification Origine
05ALGIERS2114 2005-10-16 08:37 2011-08-30 01:44 UNCLASSIFIED//FOR OFFICIAL USE ONLY

Embassy Algiers

  1. UNCLAS ALGIERS 002114
  2. SIPDIS
  3. SENSIBLE
  4. E.O. 12958: N/A
  5. TAGS: PGOV PHUM KDEM KMPI AG
  6. OBJET : Reporters sans frontières déclenchent l’alarme sur la détérioration de l’état de santé de Benchicou
  7. REF: ALGER 1958 (NOTAL)

La lettre U en début des chapitres annonce des commentaires non classifiés (Unclassified). Les lettres SBU en début des chapitres annoncent des commentaires sensibles mais non classifiés (Sensitive but Unclassified).

Biographie de Mohamed Benchicou :

Mohamed Benchicou est l’aîné d’une famille de sept enfants (né en 1952 à Miliana, Wilaya d’Ain Defla –L’ouest Algérien-). Il est marié et père de trois enfants, deux filles et un garçon.

En 1989, il est l’un des fondateurs du Mouvement des journalistes algériens (MJA) un mouvement né durant l’ouverture du champ médiatique. Il dirige alors l’équipe qui relance Alger Républicain, interdit de parution en 1965. Benchicou quitte Alger Républicain en 1991, pour fonder le quotidien Le Matin, principal quotidien d’opposition au Président en Algérie.

En février 2004, Benchicou publie en Algérie et en France une biographie, un livre critique sur le président algérien Abdelaziz Bouteflika, Bouteflika : une imposture algérienne.

En juin 2004, Benchicou est incarcéré pour une peine de deux ans sur plainte du ministère des Finances pour « infraction régissant le contrôle des changes et les mouvements des capitaux », après avoir été interpellé en août 2003 à l’aéroport d’Alger en possession de « bons de caisse ». Benchicou est libéré le 14 juin 2006 de la prison d’El Harrach à Alger. Pendant son incarcération, les journalistes du monde entier se mobilisent pour demander sa libération, car son emprisonnement est considéré comme une tentative de le faire taire. Le 29 mars 2006, il obtient le prix PEN qui rend hommage aux journalistes emprisonnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Pendant son incarcération, le quotidien Le Matin est fermé (source : Wikipédia).

Mohamed Benchicou

Mohamed Benchicou

¶1. Des parties de ce câble sont sensibles mais non classifiées.

Les conditions d’emprisonnement ont aggravé l’état de santé de Benchicou.

Repoters sans frontières

Repoters sans frontières

¶2.  (U) L’état de santé de Mohamed Benchicou, le rédacteur en chef du quotidien francophone Le Matin – fut suspendu en 2004 pour non-paiement de dettes -, qui a été condamné à deux ans d’emprisonnement le 14 Juin 2004 pour avoir transférer illégalement des bons de caisse vers la France, s’est empiré considérablement au cours du dernier mois, selon des sources diverses, notamment Reporters Sans Frontières.

Ayant longtemps souffert d’arthrose sur le côté droit, une permission pour un traitement médical nécessaire a été refusé à Benchicou ce début d’année, en conséquence, son état s’est considérablement aggravé, selon Saad Lounes, un journaliste qui a rendu visite à Benchicou en prison le 10 Octobre.

Arthrose :

Affection articulaire, d’origine mécanique et non inflammatoire, caractérisée par des lésions dégénératives des articulations, associées à une atteinte du tissu osseux sous-jacent. Les localisations les plus fréquentes de l’arthrose sont le genou, la main, le pied, la hanche, le cou et la colonne vertébrale lombaire……… (Source : Larousse médical).

¶3.  (U) Benchicou, selon ses médecins (comme communiquées par ses avocats), nécessite une intervention chirurgicale pour soulager la pression sur un nerf coincé entre deux vertèbres. Reporters sans frontières ont publié une déclaration le 14 Octobre appelant à un examen médical pour Benchicou par une ONG « organisation non gouvernemental » indépendante et demandant au Comité international de la Croix-Rouge d’intervenir en son nom.

Commentaire.

¶4.  (SBU) Selon les avocats de Benchicou, qui ont parlé avec nous le 15 octobre, Benchicou est entrain d’apprendre à utiliser sa main gauche pour tous ses besoins, Il a été incapable de tenir un stylo pendant des mois, et l’ouverture d’un couvercle avec sa main droite lui cause des douleurs intenses. Ses avocats nous ont confié que Benchicou ne veut pas d’une grâce présidentielle dans le cadre de la loi sur la réconciliation nationale adopté lors du récent référendum, parce qu’il n’est pas un terroriste. Ses avocats ont également confirmé que l’état de santé de Benchicou s’est considérablement aggravé depuis le début du moi de Septembre. Bien que Benchicou soit incarcéré pour violations des lois de transfert des changes, lui (Benchicou) et la communauté journalistique confirment que le maintient de ces accusations n’est qu’une couverture pour mettre fin à sa campagne de propagande contre le président Abdelaziz Bouteflika.

SIEVERS

Le câble diplomatique 09ALGIERS1162, qui date de décembre 2009, révèle  que le gouvernement algérien a donné le feu vert aux avions de reconnaissance américains de type EP-3, à survoler la région du sud-ouest de l’Algérie (près de la wilaya de Tindouf) ainsi que la bande frontalière avec la Mauritanie et le Mali.

Le câble original en anglais est accessible ici

Numéro d’identification

Créé le Publié le Classification Origine
09ALGIERS1162 2009-12-30 16:04 2010-12-06 21:09 SECRET//NOFORN

Embassy Algiers

  1. VZCZCXYZ0000
  2. OO RUEHWEB
  3. DE RUEHAS #1162 3641633
  4. ZNY SSSSS ZZH
  5. O 301633Z DEC 09
  6. FM AMEMBASSY ALGIERS
  7. TO RUEHC/SECSTATE WASHDC IMMEDIATE 8283
  8. INFO RUEHBP/AMEMBASSY BAMAKO PRIORITY 1060
  9. RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT PRIORITY 6822
  10. RUEHRB/AMEMBASSY RABAT PRIORITY 2813
  11. RHMFISS/HQ USAFRICOM STUTTGART GE PRIORITY
  12. RUEKJCS/SECDEF WASHDC PRIORITY

CLASSE PAR : Le chef de mission adjoint (DCM) William Jordan; raisons 1.4 (b) et (d). (La lettre S en début des chapitres annonce des commentaires Secrets. Les lettres NF (NoForn) en début des chapitres annoncent qu’aucune personne non américaine n’est autorisée à lire le câble diplomatique, excepté quelques Britanniques et Australiens.).

avions de reconnaissance EP-3

avion de reconnaissance EP-3

Résumé.

¶ 1. (S / NF)   Le chef du bureau du conseil de sécurité (OSC) à livré le 29 Décembre au bureau des relations extérieures et la coopération du Ministère de la Défense algérien (DREC) une demande de permission de survol des avions de reconnaissance EP-3. Il n’y avait pas de réponse immédiate, mais le DREC a convoqué le chef d’OSC pour une réunion de suivi le 30 Décembre pour l’affirmer (1) qu’aucune décision n’a été possible avant la semaine prochaine et (2) que les demandes de survol exigent généralement un préavis de deux semaines avant qu’ils puissent être approuvés.

La mission des avions de reconnaissance EP-3.

¶ 2. (S / NF)   le 30 Décembre, le chef de mission adjoint (DCM) a eu un double suivi sur la demande de permission de survol des avions EP-3 avec Sabri Boukadoum, directeur général Amérique au ministère des Affaires étrangères algérien, le chef de mission adjoint (DCM) a souligné que la demande avait pour but (1) de surveiller des zones de la Mauritanie et le Mali où AQMI « Al Quaida du Maghreb Islamique » mènent ses opérations. (2), sans savoir ce que donnerait l’enquête, l’USG ne pouvait prendre aucun engagement à l’avance sur les données qu’il peut partager avec le gouvernement algérien (GOA), et (3) que cette demande doit être considérée comme un suivi de la récente visite du commandant de l’AFRICOM le général Ward et une démonstration sur la coopération de sécurité renforcée que nous voulons face à la menace d’AQMI dans la région du Sahel (trans-sahara). Il vous a expliqué que nous avions fait la même demande à d’autres gouvernements dans la région et nous sommes dans l’attente de leurs réponses.

Trajectoire de vol des EP-3.

¶ 3. (S / NF)   Boukadoum a demandé des informations sur la trajectoire de vol prévue des avions de reconnaissance EP-3 dans l’espace aérien algérien (DCM a confirmé que le départ de ces avions s’effectuent de la base aéronavale américaine de Rota, située dans le sud de l’Espagne pour survoler la région du sud-ouest algérien « près de Tindouf »), sur la question si l’avion chercherait à survoler la Mauritanie et le Mali dans la même mission (DCM a répondu que les missions seraient divisés entre ceux principalement survolant le Mali ou la Mauritanie, mais pas les deux), et si la collecte se produirait à l’intérieur de l’espace aérien algérien (DCM a réaffirmé que la collecte sur l’AQMI ne s’effectue pas en Algérie à moins que le gouvernement algérien (GOA) l’a demandé.

Réponse du gouvernement Algérien.

¶ 4. (S / NF)   Comme avec le bureau des relations extérieures et la coopération du Ministère de la Défense algérien (DREC), Boukadoum a indiqué que nous ne devrions pas attendre une réponse définitive avant la semaine prochaine, toutefois, il nous a confirmé de transmettre notre demande jusqu’à sa hiérarchie immédiatement. Boukadoum s’attend à ce que les plus hauts niveaux du gouvernement algérien (GOA) examineraient la demande.

Commentaire.

¶ 5. (S / NF)    Bien que les bureaux soient fermés pour la fête du nouvel an à partir du 30 Décembre, nos interlocuteurs savent comment atteindre les principales Point de Contact (POC) de l’Ambassade si cela s’avère nécessaire avant de rouvrir le dimanche, 3 janvier. Dans l’attente d’une réponse et compte tenu de la longue durée de deux semaines exigées par la DREC pour répondre à toute demande de survol, les planificateurs de cette mission devrait être prêt à fournir au moins un calendrier théorique pour les vols des avions de reconnaissance EP-3 en questions. Nous avons insisté sur le nombre des sorties  et le calendrier envisagé pour ces opérations, mais il ne faut pas s’attendre à recevoir une autorisation générale pour tous les survols. Avoir le maximum d’informations possible sur ces vols pour les partager avec le gouvernement algérien (GOA) devrait minimiser le besoin potentiel d’avoir une permission pour chaque vol avec 14 jours d’avance.

PEARCE.

Ce câble met en avant la suspicion générale (par les partis d’opposition, l’ONU et certaines ambassades) d’une manipulation du taux de participation aux dernières élections présidentielles algériennes, en avril 2009. Il y a d’abord un rapide rappel des résultats (Bouteflika ayant récolté plus de 90 % des voix), puis le câble dévoile certaines manigances du gouvernement pour masquer la manipulation, entre autres l’hypothèse de l’utilisation d’images d’archives par la chaîne d’Etat afin de créer l’illusion d’un grand nombre d’électeurs à la télévision.

La suite résulte surtout d’un dialogue entre l’Ambassadeur des Etats-Unis en Algérie et un responsable de l’équipe d’observation de l’ONU (Abdool Rahman). Il est fait part des stratégies du gouvernement algérien pour éviter que certaines réunions n’aient lieu et pour en infiltrer d’autres. L’ONU évoque également les pressions du gouvernement pour qu’ils approuvent le processus de vote publiquement, ainsi que les moyens pour l’en convaincre (notamment l’organisation de réunions avec des citoyens dont les déclarations n’ont en fait rien de spontané, mais où tout est préparé à l’avance).

Les principaux protagonistes/organisations

  • Abdelaziz Bouteflika, actuel Président de l’Algérie (pour la troisième fois consécutive)
  • Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et l’un des fondateurs des services secrets algériens
  • L’ONU (Organisation des Nations Unies), notamment représentée dans ce câble par Abdool Rahman
  • Le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), parti politique d’opposition algérien
Numéro d’identification Créé le Publié le Classification Origine
09ALGIERS370 2009-04-13 19:07 2011-01-22 21:09 CONFIDENTIEL Ambassade d’Alger
Apparait dans ces articles :
www.spiegel.de
  1. VZCZCXRO5599
  2. OO RUEHBC RUEHDE RUEHDH RUEHKUK RUEHROV
  3. DE RUEHAS #0370/01 1031912
  4. ZNY CCCCC ZZH
  5. O 131912Z APR 09 ZDK CTG RUEHNM#3308
  6. FM AMEMBASSY ALGIERS
  7. TO RUEHC/SECSTATE WASHDC IMMEDIATE 7347
  8. INFO RUEHEE/ARAB LEAGUE COLLECTIVE PRIORITY
  9. RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT PRIORITY 6738
  10. RUEHNM/AMEMBASSY NIAMEY PRIORITY 1918
  11. RUEHBP/AMEMBASSY BAMAKO PRIORITY 0956
  12. RUCNDT/USMISSION USUN NEW YORK PRIORITY 0544
  13. RHMFISS/HQ USEUCOM VAIHINGEN GE PRIORITY
  14. C O N F I D E N T I A L SECTION 01 OF 04 ALGIERS 000370
  15. SIPDIS
  16. E.O. 12958: DECL: 04/12/2024
  17. TAGS: PGOV KDEM PHUM AG

SUJET : Bouteflika réélu dans un concours parfaitement organisé.

REF: A. ALGIERS 337

B. ALGIERS 331

C. ALGIERS 147

Algiers 00000370 001.14 of 004

Classifié par : DCM Thomas F. Daughton, raisons 1.4(b) et (d).

Résumé ————————–

1. (C) Sans surprise, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a été élu pour un troisième mandat le 9 avril [2009] lors d’une élection soigneusement chorégraphiée et lourdement contrôlée, avec des résultats officiels qualifiés de « Brezhnevians » par le leader de la principale opposition [NDLR : vient de Léonid Brejnev, en anglais Brezhnev]. Le ministre de l’Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni a annoncé lors d’une conférence de presse le 10 avril que 74,54 % des plus de 20 millions d’électeurs admissibles ont voté, avec Bouteflika recevant 90,24 % des votes. Les partis d’opposition et les candidats vaincus ont indiqué un taux de participation réelle entre 18 et 55 %, tandis que des observations informelles d’ambassades ont indiqué que la grande majorité des bureaux de vote étaient vides dans la capitale, avec une participation réelle de 25-30 % au plus. Une déclaration conjointe d’équipes d’observation de l’Union Africaine, la League Arabe et l’Organisation de la Conférence Islamique a rapidement proclamé l’élection « équitable et transparente », mais les observateurs de l’ONU ont refusé de participer à cette déclaration malgré les pressions du gouvernement algérien pour qu’ils le fassent. Leurs préoccupations, présentées dans un rapport privé destiné au Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon, illustrent un système dans lequel les partis d’opposition et la société civile sont dos au mur et les citoyens ont peu à voir avec un processus politique de plus en plus détaché de la société. Avec le maintient sécurisé de Bouteflika sur le pouvoir, l’Algérie est aujourd’hui confrontée à un besoin urgent de dialogue entre la population et l’État, une situation qui laisse les observateurs de l’ONU profondément inquiets sur la suite des évenements. FIN DU RÉSUMÉ.

La « majorité écrasante » de Bouteflika ————————-

Bouteflika

¶2. (C) Le ministre de l’Intérieur Zerhouni a officiellement déclaré le Président Bouteflika vainqueur de l’élection du 9 avril lors d’une conférence de presse dans un hôtel à Alger le 10 avril, fermant le dernier chapitre sur la candidature du Président pour un troisième mandat rendue possible par la révision du 12 Novembre de la constitution, supprimant la limite du nombre de mandats présidentiels. Zerhouni a proclamé que 74,54 % des 20 millions d’électeurs algériens inscrits sont allé voter le jour précédent, fournissant une victoire écrasante pour le candidat sortant. Après le décompte du vote final, Zerhouni a dit que Bouteflika avait reçu 90,24 % des votes, suivi par la candidate du Parti Travailleur (PT) Louisa Hanoune avec un lointain 4,22 %, le Front National Algérien (FNA) de Moussa Touati avec 2,31 %, El Islah avec Djahid Younsi 1,37 %, Ali Fouzi Rebaine de l’Ahd 54 avec 0,93 %, et Mohamed Said du Parti non enregistré pour la Liberté et la Justice (PLJ) en dernière place avec 0,92 %.

¶3. (C) Comme beaucoup d’observateurs l’avaient prédit ici avant les élections (ref A), le taux de participation officiel a suscité plus de controverses que le résultat de l’élection lui-même. Deux heures après la fermeture des votes le jour de l’élection, Zerhouni a annoncé un taux de participation de 74,11 %, le revisitant légèrement à la hausse le jour d’après. La télévision d’État (ENTV) et les pages du journal du régime El Moudjahid ont montré des images de foules d’électeurs faisant la queue devant les bureaux de vote d’Alger. Mais d’anecdotiques rapports d’activité de votants ont suggéré que le chiffre de Zerhouni est grandement exagéré. Certains de nos employés locaux ont noté que la foule de votants des médias de l’État apparaissait habillée pour un temps froid, alors que le 9 avril a été globalement chaud et ensoleillé, suggérant que les fonctionnaires aient utilisé des images d’archive des précédentes élections. Le parti d’opposition du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a accusé le Ministre de l’Intérieur d’avoir transporté dans plusieurs bureaux de vote des électeurs fidèles comme des policiers habillés en civil pour créer une illusion correspondant au taux de participation désiré. XXXXXXXXX nous a dit que les bureaux de vote qu’il a visité avec un journaliste français étaient presque vides. Dans un cas, il a rencontré un chômeur qui a dit qu’il votait parce qu’on lui avait dit de présenter sa carte d’électeur pour obtenir un passeport. Une femme dans un autre bureau de vote a dit à XXXXXXXX qu’elle était là pour rendre visite à sa fille, qui était fonctionnaire [dans ce bureau], mais qu’elle n’avait pas l’intention de voter.

4. (C) Les partis d’opposition ayant boycotté les élections et les candidats perdants ont donné des taux de participation compris entre 18 et 55 %. XXXXXX nous a dit que les observateurs de son parti pensaient que 25 % était un chiffre plus précis pour la capitale, comparé aux 64,76 % proclamés par le Ministre de l’Intérieur. Le ministère des affaires étrangères avait refusé d’autoriser les agents d’Ambassades à observer le processus de vote, mais le personnel des Ambassades a observé informellement le vote dans plus de 30 bureaux de vote à travers la capitale et a vu passer seulement une poignée d’électeurs pendant et en dehors des heures de pointe. Certains employés ont été en mesure d’obtenir des statistiques informelles par des amis ou des proches travaillant dans des bureaux de vote. Dans un bureau de vote du quartier CEM Pasteur dans le centre d’Alger, 74 des 214 électeurs ont voté, donc un taux de participation de 34 %. Le décompte donnait 48 votes pour Bouteflika, 9 pour Lousia Hanoune, 5 pour Said et un pour Rebaine, Touati et Younsi chacun. Les électeurs ont détruit 10 bulletins de vote, généralement considérés comme « vote blanc » ou vote de protestation. Dans un autre bureau de vote du même quartier, 85 des 281 électeurs ont voté, avec 21 votes nuls. Ces pourcentages anecdotiques miroitent ce que l’équipe de contrôle de l’ONU nous avait dit avoir observé le 11 avril. Dans un bureau où les observateurs de l’ONU étaient présent, 120 des 345 électeurs inscrit ont voté (34 %) ; 75 % des votes, ont-ils-dit, étaient pour Bouteflika et 20 % des votes étaient nuls.

Objections des perdants ——————-

¶5. (C) Chacun des candidats perdants ont exprimé des doutes publics par rapport aux chiffres officiels de participation, tout en se résignant aux résultats. Fouzi Rebaine a accusé le gouvernement de gonfler les chiffres de votants et a dit qu’il pourrait facilement accepter la défaite si les chiffres étaient « réels ». Rebaine a menacé de remplir une plainte auprès de l’ONU au lieu de la Commission Nationale des Elections Algériennes, affirmant que les institutions algériennes reliées aux élections manquaient de crédibilité. Djahid Younsi a qualifié les résultats de l’élection de rien de moins que « miraculeux », et a estimé que la participation était proche de 25 %. La candidate Louisa Hanoune du PT pensait avoir gagné au moins 30 % des votes, et a ajouté que le taux de participation officiel donnait de l’Agérie l’impression d’une « république bananière ». Le chef des trois responsables de la mission de suivi de l’ONU, M.I. Abdool Rahman, nous a dit le 11 avril que sa mission était « tout à fait certaine » que quelque chose n’allait pas après avoir reçu des vagues d’allégations de fraude des partis d’opposition, mais le manque de détails a rendu impossible la description du type de fraude ou  la façon dont elle s’est produite. L’exemple le plus détaillé de manipulation de vote que nous avons reçu vient d’un employé de l’Ambassade qui a observé un appel téléphonique dans lequel un fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur disait à un employé de bureau de vote de gonfler le nombre de bulletins de votes déposés au cours de la journée. Quand le bureau de vote a fermé, la police du Ministère de l’Intérieur a présentée à l’employé du bureau de vote un protocole de vote à signer, avec un chiffre largement supérieur et des noms qu’il n’avait tout simplement pas vu dans la journée.

Drapeau noir du RCD

¶6. (C) Il y a eu d’autres signes d’efforts du gouvernement pour gérer l’optique du processus et garder les voix dissidentes à l’écart du public. Un agent de l’Ambassade a vu un soldat en uniforme faire gratter les posters de boycott du mur extérieur du Siège du parti FFS par un jeune Algérien à Alger le 10 avril au matin, avant même l’annonce officielle des résultats. S’attaquant à la campagne du RCD voulant faire du 9 avril une « journée de deuil national », Zerhouni a dit lors de la conférence de presse du 10 avril que les activistes du RCD devront faire face à la justice, notamment pour avoir remplacé le drapeau algérien au dessus de leur Siège par un drapeau de deuil noir. Sa déclaration a apparemment ouvert la voie à un raid de commando sur le Siège du RCD dans El Biar, organisé par le maire d’Alger Tayeb Zitouni, qui a dirigé un petit groupe d’hommes lançant des cailloux et tentant d’escalader les murs du RCD pour atteindre le drapeau noir. Le leader du RCD Said Saadi nous a dit le 11 avril que les résultats de l’élection étaient « Brezhnevian » et que les membres du RCD avaient réussi à contrecarrer l’attaque du 10 avril.

Incidents de sécurité ——————

7. (C) Il n’y a pas eu d’incident de sécurité majeur dans la capitale (où une présence exceptionnellement lourde de la sécurité était visible) mais il y a eu des rapports de violences isolées dans d’autres régions à travers le pays. Le cas le plus sérieux reporté était un kamikaze dans la ville de Boumerdes (30 miles à l’Est d’Alger) déclenchant une bombe dans un bureau de vote, tuant deux officiers de police. Fait notable, aucun électeur n’a été blessé dans l’attaque. A Tamait, dans la région Est de Bejaia, deux groupes d’opposition politique ont créé une bagarre à proximité d’un bureau de vote, causant l’interruption des votes. A Tizi Ouzou, un groupe de jeunes Algériens boycottant les élections s’est précipité dans un bureau de vote et détruit trois boîtes de bulletins de vote. Quand la police est intervenue, l’un des officiers a été blessé par un cocktail Molotov lancé par un des jeunes durant la confrontation. A Bouira, un groupe de jeunes hommes a mis le feu à un bureau de vote. La presse locale a également reporté des explosions de petites bombes à Skikda, Tipaza, Tebessa, Tizi Ouzou et Larbaa Nath Irrathen dans la région de Kabylie.

Une manœuvre parfaitement orchestrée ————————

ONU

¶8. (C) La gestion gouvernementale des activités les jours précédant l’élection et le jour de l’élection lui-même démontrent une stratégie soigneusement orchestrée afin de contrôler le processus en utilisant des règles de procédures complexes pour maintenir l’apparence extérieure de la transparence (ref A). Abdool Rahman de l’ONU nous a dit le 11 avril que le cadre juridique de l’Algérie était propice aux fraudes : « Pour chaque préoccupation que nous relevions, le gouvernement pouvait invoquer une loi dans l’ elecTnQ;g1fEQUxwQ[action [NDLR : tel quel dans le câble], «Nous n’avons pas eu beaucoup de bonnes conversations ». Abdool Rahman et ses collègues ont dit que la première faiblesse du processus était la crédibilité du gouvernement à être un acteur impartial. Il a noté qu’il n’y avait pas de rôle pour la société civile, ou de consultation avec des parties prenantes en dehors du gouvernement ou de l’administration de Bouteflika. Même l’institution chargée de recevoir les plaintes des candidats et des électeurs, la Commission Nationale de Surveillance des Elections Présidentielles (CNES), a été formée par le gouvernement et son chef nommé par le Président Bouteflika. « La société civile aurait du être à la tête ». Abdool Rahman a dit qu’il avait soulevé ces points lors d’une conversation avec le vice-président du Conseil Constitutionnel, qui était d’accord sur le fait que les partis d’opposition devraient être plus représentés dans les institutions électorales. Une autre préoccupation soulevée par l’équipe de l’ONU était que les candidats, à l’exception de Bouteflika, n’ont eu accès aux médias que durant la période de la campagne officielledu 19 mars au 7 avril. Abdool Rahman a ajouté que tout au long les partis boycottant les élections ont été interdit de parole. L’observateur de l’AU Calixte Mbari a partagé la préoccupation de l’ONU concernant l’accès aux médias : « C’est vraiment dommage que nous n’ayons pas pu être là pour voir l’environnement médiatique de la pré-campagne », nous a-t-il dit, « ça aurait été intéressant ».

9. (C) Abdool Rahman a dit que sa mission avait été entravée par les efforts du gouvernement pour contrôler ses réunions et utiliser la présence de la mission pour rendre l’histoire électorale officielle. Il a noté qu’en dehors de ses réunions liées aux élections, il n’avait rencontré que des missions étrangères des Etats-Unis ou de l’Union Européenne au cours de ses visites à Alger, quelque chose a-t-il dit que le gouvernement avait activement essayé d’éviter. Abdool Rahman a dit que les autorités algériennes avaient obligé un changement d’horaire pour éviter une réunion à l’Ambassade durant la visite de l’équipe mi-mars. Il a fait remarquer qu’un fonctionnaire du MFA [Ministry of Foreign Affairs, soit Ministère des Affaires Etrangères] avait même tenté de participer à une réunion interne de l’équipe du pays de l’UNDP, ainsi qu’à une réunion privée à l’Ambassade française. « Nous avons du lui dire non poliment », a-t-il dit. Aux réunions organisées par le gouvernement, le membre de l’équipe Tadjoudine Ali-Diabacte a dit qu’il était difficile de parler à des gens « réels ». Il s’est plaint que l’équipe ait été forcée d’assister à la mise en scène d’une réunion de la société civile à Tizi Ouzou et d’écouter les déclarations déjà écrites à l’avance sur l’équité de l’élection. Nous avons eu l’expérience d’une situation similaire lorsque l’Ambassadeur a tenté de répondre le 10 avril au leader de la Mission d’Observation de l’AU, Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique. Après avoir à l’origine convenu d’une réunion à 9h15, l’équipe de l’AU nous a informé que la réunion était décalée à 10h00, heure à laquelle Zerhouni devait donner les résultats de l’élection. Nous avons attendu 15 minutes pour voir Chissano, tout ça pour voir la réunion interrompue au bout d’environ cinq minutes par un fonctionnaire du MFA qui a annoncé à Chissano qu’il était convoqué à la conférence de presse de Zerhouni, qui a finalement eu lieu à 11h30.

Recommandations pour le futur ——————————

Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies

¶10. (C) Abdool Rahman a dit que sa mission ne ferait pas de commentaire public sur l’élection. Il a noté que la déclaration du ministère le 10 avril exprimait une « préoccupation » concernant ces élections « très forte », mais a ajouté que son équipe était d’accord. Il a dit que la décision de la mission de l’ONU de ne rien dire a clairement ennuyé le MFA. « Ils ont mis beaucoup de pression sur nous pour faire une déclaration conjointe avec l’AU, AL et OIC ». Abdool Rahman nous a dit que son équipe allait rédiger un rapport pour l’UNSYG [United Nations Secretary General] Ban Ki-Moon qui soulignerait les problèmes abordés aussi bien que les aspects positifs de l’élection. Abdool Rahman pensait qu’aucune décision n’avait été prise concernant la mesure dans laquelle le rapport pourrait être rendu public, ni sous quelles formes ses recommandations pourraient être transmises aux Algériens. Nous avons conseillé l’équipe de l’ONU que les critiques publiques étaient généralement contre-productives ; cependant, nous pensons que le gouvernement considèrerait sérieusement les commentaires faits en privé, même si la critique n’est pas bienvenue. Abdool Rahman a suggéré que l’USUN New York pourrait obtenir une copie du rapport de la mission en contactant le bureau du SYG directement à un certain point dans les prochaines semaines.

11. (C) Abdool Rahman a prédit que leurs recommandations souligneraient le besoin de faire progresser la liberté d’expression et de créer un dialogue plus ouvert entre les citoyens, la société civile et le gouvernement. « Il doit y avoir une certaine séparation entre le gouvernement et l’administration » a-t-il souligné. Il a ajouté que la présence de plus d’observateurs nationaux aurait pu améliorer le processus. Fort de son expérience ailleurs en Afrique, le RESREP de l’UNDP Mamadou Mbaye a commenté « Si les dirigeants peuvent être élu sans cet élément essentiel, alors nous devrions être inquiets concernant l’avenir ici ». Ali-Diabacte a réitéré les remarques de ses collègues, disant que « Cinq ans ce n’est pas beaucoup de temps ; il y a un besoin de dialogue maintenant. Je ne vois pas d’autres alternatives. ».

Procédures à mettre en évidence ———————–

12. (C) Il y a eu de bonnes pratiques à souligner, selon les observateurs de l’ONU. Le registre informatique des électeurs algériens était convivial et facilement accessible dans les bureaux de vote. S’ils ne l’avaient pas déjà fait avant les élections, les Algériens pouvaient présenter une pièce d’identification valide et obtenir une carte d’électeur sur place. Ali-Diabacte a ajouté que les fonctionnaires des bureaux de vote étaient bien formés et rapides pour répondre aux questions des électeurs. Le mode de scrutin lui-même était simple, peu couteux et efficace. Une autre dynamique important de l’élection, a souligné Abdool Rahman, était le sentiment de sécurité et une absence générale de violence.

Commentaire ———————

13. (C) La disparité entre la participation officielle et ce que la personne moyenne a vu le 9 avril a conduit beaucoup de gens à se gratter la tête sur la façon dont le gouvernement espérait légitimer une telle exagération des chiffres. Dans l’éditorial du 12 avril, le quotidien francophone Liberté se demande si l’inflation du taux de participation ne pourrait pas finalement délégitimer le processus électoral sur lequel le gouvernement avait travaillé si dur pour le mettre en place. Plutôt que de montrer que l’Algérie est sur la voie vers plus de démocratie, les commentateurs ont craint que le 9 avril ne soit davantage un retour au système algérien de parti-unique.  Durant ce temps, alors que Bouteflika a fondé son troisième mandat sur la continuité, nous avons entendu des allusions de son mécontentement du statut quo et de reconnaissance de l’affaissement du système politique sous son propre poids (ref C). Avec la société civile et l’opposition sur les cordes, le contrôle de Bouteflika sur le système paraît sûr, mais sans vision discernable d’une future politique progressiste. Sans révéler une telle vision dans les dialogues entre citoyens, société civile, partis d’opposition et gouvernement, le destin des 72 % de désillusionnés de la population algérienne en dessous de l’âge de 30 ans reste un mystère, et avec elle, la stabilité du pays à long terme. Comme le dit Mbaye de l’ONU, l’Algérie est « assise sur un volcan ». Nous allons continuer de passer au crible les possibilités de supporter les réformes, et devrions nous préparer à donner notre opinion franche mais privée des progrès de l’Algérie le long du chemin.

Pearce

SUJET: BOUTEFLIKA ET WARD: NOUS VOULONS UNE RELATION STRATEGIQUE.

Numéro d’identification Créé le Publié le Classification Origine
09ALGIERS1077 2009-12-06 07:07 2010-12-06 21:09 SECRET Ambassade d’Alger
  1. VZCZCXYZ0001
  2. OO RUEHWEB
  3. DE RUEHAS #1077/01 3400757
  4. ZNY SSSSS ZZH
  5. O 060757Z DEC 09
  6. FM AMEMBASSY ALGIERS
  7. TO RUEHC/SECSTATE WASHDC IMMEDIATE 8190
  8. INFO RUCNMGH/MAGHREB COLLECTIVE IMMEDIATE
  9. RUEHBP/AMEMBASSY BAMAKO IMMEDIATE 1048
  10. RUEHNM/AMEMBASSY NIAMEY IMMEDIATE 1989
  11. RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT IMMEDIATE 6814
  12. RUEHEG/AMEMBASSY CAIRO IMMEDIATE 1259
  13. S E C R E T ALGIERS 001077
  14. SIPDIS
  15. E.O. 12958: DECL: 12/06/2019
  16. TAGS: PREL PGOV PTER PBTS KPAL KWBG US IR IZ IS
  17. AF, XA

CLASSE PAR : Chargé d’affaires <a.i> William Jordan; raisons 1.4 (b) et (d). (Ndt. Les lettres C et S en début de chapitre annoncent des commentaires Confidentiel ou Secret)

Résumé ——-

1. (c) Le Commandant Général de l’AFRICOM, William Ward à rencontré le 25 novembre le président Algérien Abdelaziz Bouteflika, à l’occasion de la première visite de Ward depuis sa prise de commandement à l’AFRICOM. Ward à dit que la stratégie de l’AFRICOM était d’aider les pays africains à assurer leurs propres besoins en terme de sécurité, non pas de le faire pour eux. Les États-Unis ont reconnu la position dominante de l’Algérie dans la région, et lAFRICOM s’est préparée à assister l’Algérie ainsi que ses voisins à combattre le terrorisme. Bouteflika a dit que l’Algérie voulait être un partenaire stratégique, et non pas un adversaire. Nos relations militaires incluent déjà une coopération technique et de formation/entrainement. Les exigences d’utilisations finales de surveillance ont portées atteintes à la souveraineté nationale de l’Algérie et par conséquent à imposer des limites quand à notre engagement militaire. Cependant Les États-Unis et l’Algérie partagent le même objectif commun dans le combat contre le terrorisme. Le terrorisme dans la région a pris une tournure dangereuse, et les états du Sahel ont été préparés pour résoudre leurs problèmes communs. D’autres efforts doivent être réalisés afin d’assurer la participation et l’engagement des responsables politiques maliens dans la lutte régionale. Bouteflika à dit à Ward que le président malien devait comprendre qu’il ne pouvait pas être ami avec les voleurs et leurs victimes simultanément. Les chefs d’États tans-saharien planifient de tenir un sommet sur la sécurité et le développement à Bamako mais n’ont toujours pas décidés d’une date ferme. Bouteflika à aussi passé en revue les tensions égypto-algériennes qui sont nées à la suite d’un match de qualification de la Coupe du Monde , le Sahara occidental, les répercutions négatives de la colonisation israélienne, l’Iran, L’Irak et l’Afghanistan. Sur la question du football, il a fait un point en disant à Ward que le roi du Maroc — contrairement à la tension avec l’Égypte — lui avait envoyé un message très chaleureux de félicitations après le match. A la fin de cette rencontre, Bouteflika a invité Ward à revenir en Algérie dans un futur proche. Fin du résumé.

Relever les défis communs ———————————

2. (C) A l’occasion de sa prise de fonction à l’AFRICA COMMAND (AFRICOM) le Commandant Général William Ward a rencontré le Président Algérien Abdelaziz Bouteflika le 25 novembre au palais présidentiel. Avec Bouteflika étaient présents le chef d’état-major de l’armée algérienne nationale populaire (ANP), le lieutenant général Ahmed Gaid-Salah, le Ministère de la Défense nationale (MND) et Directeur des relations extérieures et de la coopération le général Nourredine Mekri, le responsable de l’organisation et la logistique de l’ANP le major-général Abdelhamid Ghriss aisni qu’un traducteur. L’ambassadeur, le conseiller en politique étrangère du Général Ward, le Dr. Raymond Brown, l’attaché de la défense et Poloff (prise de note) ont accompagnés le Général Ward à la réunion, qui dura 2 heures. Ward a souligné que sa visite à Alger était symbolique de l’évolution des relations bilatérales de nos pays. La mission de l’AFRICOM était d’aider les nations africaines à relever leurs défis en terme de sécurité et, non pas de le faire pour eux. Le but de sa visite, selon Ward, était l’écoute des perspectives algériennes dans le renforcement de nos coopérations telles que nous le recherchons afin de travailler ensemble dans le but de relever les défis communs africains. Ward à reconnu que ces enjeux sont complexes et nécessitaient un développement ainsi que des solutions politiques et, non seulement une intervention militaire. Pour l’avenir, nous avons cherché à coopérer dans des domaines que l’Algérie détermine comme prioritaire. L’ AFRICOM à salué les efforts dans le contre terrorisme régional que l’ Algérie a engagé avec ses voisins des pays du Sahel. L’Algérie fourni les efforts nécessaires ; nous travaillerons avec l’Algérie ainsi que ses voisins afin d’éliminer la menace terroriste dans cette région.

3. (C) Le Président Bouteflika à annoncé que les États-Unis et l’Algérie partageaient un objectif commun et qu’il travailleraient coopérative ment dans le combat contre le terrorisme. Bouteflika a noté que les USA et l’Algérie ont commencé à travailler plus étroitement ensemble pendant l’administration Clinton quand les deux parties se sont rendues compte qu’elles combattaient le même problème. Bouteflika a souligné qu’après le 11 Septembre, l’Algérie a été le premier pays musulman arabe à envoyer un message de solidarité au président Bush. Par la suite, malgré l’impopularité de certaines politiques de Bush, les relations politiques et économiques entre nos pays se sont améliorées. Aujourd’hui nos relations sont excellentes, dit-il, signifiant que l’Algérie était le second plus gros partenaire des États-Unis au Moyen-Orient après l’Arabie Saoudite et notre principal partenaire commercial en Afrique. La nouvelle approche du président Obama à la politique étrangère américaine a été « une bouffée d’air frais » et bien considérée par les pays en développement du monde. Mais cela signifiait qu’il y avait également des attentes élevées envers son administration. Bouteflika a prédit que nos relations bilatérales se poursuivront dans le bon sens. Il a ajouté que les États-Unis et l’Algérie sont allés de l’avant en coopération, tout en reconnaissant la valeur du dialogue à tous les niveaux. À cet égard, Bouteflika a déclaré qu’il était prêt à aider Ward et l’a invité à visiter l’Algérie à nouveau.

Coopération militaire ——————–

4. (S) Bouteflika attache de l’importance à la coopération militaro-militaire avec les États-Unis mais a noté que les exigences de l’utilisation finale de la surveillance contrevenaient à la souveraineté nationale de l’Algérie. Néanmoins des progrès ont été fait quand à la formation et la coopération technique. Bouteflika a dit que les capacités des forces américaines et algérienne était bien assimilées dans la région. Bouteflika a fait valoir avec franchise que les pourparlers directs étaient la clé du succès du dialogue militaire, reconnaissant aussi que dans certains cas, il y aurait des limites à l’étendue de la coopération. «Dites-nous ce que vous voulez, et nous vous dirons ce que nous pouvons faire ». L’Algérie, continua t-il, voulait être un partenaire stratégique pour les États-Unis dans la région, et non un adversaire.

 

William Ward (à gauche)

5. (S) Le général Ward a remercié M. Bouteflika pour son évaluation franche de notre relation militaro-militaire. Il a dit que le président, les secrétaires d’État et de la Défense, ainsi que les chefs d’état-major des armés des États-Unis, tous ont reconnu la valeur du partenariat américano-Algérien. Bouteflika a répondu qu’il allait nous aider à consolider ce partenariat. Ward à faire valoir qu’en renforçant notre partenariat, L’ Algérie devait nous dire comment nous pouvons contribuer au mieux pour atteindre nos objectifs commun. En dépit des propos malheureux prononcé à l’encontre de l’AFRICOM, Ward a rappelé avec sourire que son commandement n’avait pas été créé pour prendre en charge l’Afrique. Sans perdre un instant, Bouteflika a rétorqué avec un sourire encore plus grand qu’il en doutait avant jusqu’à la venue de Ward. Ward a déclaré que, alors que nous continuons notre dialogue militaire, nous voulons faire les choses que l’Algérie nous indique comme importantes. Ward a affirmé que l’Algérie a depuis longtemps reconnu le défi de l’extrémisme et a démontré sa capacité à riposter. L’ AFRICOM voudrait supporter l’Algérie et ses voisins dans cet effort. S’adressant aux réserves de Bouteflika concernant les exigences d’utilisation finale de surveillance, Ward a suggéré de focaliser nos efforts dans les domaines où la coopération a été possible, c’est à dire la formation et l’équipement. Il a reconnu que certaines lois et règlements américains peuvent empêcher pour l’instant la participation de l’Algérie dans d’autres formes d’engagement.

Relations civils-militaires ————————

6. (S) Bouteflika a souligné que l’armée algérienne respectait « absolument » l’autorité des responsables civils. « Ce n’est pas du tout comme en Turquie » dit-il. Bouteflika a affirmé que l’armée était obligée de prendre des mesures drastiques pendant les violences des années 1990 dans le but de préserver la nation. C’était une période difficile, mail l’ordre constitutionnel a été rétabli. « La maison est propre à présent » souligna t-il, « et je peux vous dire que l’armée obéit aux civils. Il n’y a qu’une constitution et tout le monde y obéit. » Bouteflika a reconnu, cependant, que les problèmes du passé hantaient encore le pays. Il a cité la presse étrangère faisant référence à l’Algérie comme une dictature et a fait valoir que le terme est parfois utilisé avec négligence. La Constitution algérienne a établi la primauté du droit. En 2004, il a été décidé qu’il n’y avait pas plus historique comme « légitimité révolutionnaire ». La seule légitimité est la constitution. « Tout le monde peut être candidat aux élections, conformément à la constitution, même un général ». Il fit une pause, puis sourit et dit, « mais les généraux connaissent les difficultés et aucun n’a été candidat pour le moment. »

Contre terrorisme —————-

7. (C) Bouteflika a dit que le terrorisme en Afrique a pris une tournure dangereuse. La situation somalienne est sans espoir, commenta t-il. Entre temps, la région du Sahel présente un ensemble complexe de questions. Heureusement, la plupart des pays du Sahel sont déterminés à coopérer et ont les possibilités de combattre la menace si ils travaillent ensemble. La Mauritanie a exprimé un engagement clair comme l’a fait le Niger, bien que Bouteflika ait reconnu les préoccupations des États-Unis avec le Président Tandja. Cependant la pleine coopération du Mali reste insaisissable. Les politiques maliens ont échoués dans la création d’une zone stable dans le nord. Il s’en résulte une zone de non droits dans laquelle la contrebande, ainsi que des trafics d’armes et de drogues, rendent possible le terrorisme. Bouteflika a dit la région prête à s’attaquer à ce problème, des efforts bilatéraux et régionaux sont actuellement en cours. À cet égard, l’Algérie a suivi de près l’aide militaire américaine au Mali et au Niger.

 

Amadou Toumani Touré

8. (S) Ward a dit à Bouteflika qu’il avait prévu de visiter Bamako après Alger et voudrait encourager les responsables Maliens à coopérer dans la lutte contre le terrorisme dans la région. Les États-Unis ont fourni une assistance militaire au Mali, et nous espérions qu’il ait complété les travaux que menait l’Algérie. Ward a souligné que, en fin de compte, la destruction du terrorisme revenait à la région. Bouteflika a exprimé son appréciation pour l’assistance américaine au Mali et a dit que l’Algérie fournirait aussi une aide, incluant un peu d’équipement. Bouteflika a exhorté les États-Unis de dire au président malien Amadou Toumani Toure qu’ « il ne pouvait être l’ami des voleurs et des victimes en même temps ». De nombreux services de sécurité malien ont partagé la même préoccupation, affirma Bouteflika . Dans le passé, dit-il, l’Algérie a attendu d’avoir la chance de débriefer des suspects terroristes détenus au Mali, pour découvrir plus tard que les officiels malien menaient des négociations afin de rendre aux organisations terroristes les suspects détenus. « Il est difficile de coopérer dans ces conditions, » dit-il. En dépit des difficultés, Bouteflika a dit que les responsables régionaux planifient encore de tenir un sommet sur la sécurité et le développement à Bamako. Tous ont convenu sur la nécessité pour le sommet, dit-il, mais n’ont toujours pas fixé de date. Bouteflika a dit que l’Algérie serait ouverte à l’échange d’informations avec les USA concernant la coopération de l’Algérie avec ses voisins. Le Général Ward a dit que l’AFRICOM ferait la même chose pour l’Algérie en ce qui concerne les initiatives américaines dans la région.

XXXXXXXXXXXX

16. (S) La rencontre Ward-Bouteflika était importante dans un certain nombre de points. Le président algérien a parlé à plusieurs reprises de sa volonté de construire une relation stratégique avec les États-Unis. Il a transmis une volonté claire de renforcer la coordination et les contacts sur les questions de lutte contre le terrorisme au Sahel. Le simple fait de la rencontre avec le président était lui-même le feu vert à la bureaucratie militaire dans l’accélération de la coopération bilatérale militaire. Enfin et surtout, la réception officielle chaleureuse et de haut niveau a fourni un antidote puissant au mythe négatif et persistant quand aux commandement africains depuis le déploiement. Il était aussi remarquable que, en la présence de trois généraux, incluant le chef d’état major, Bouteflika parle avec assurance à Ward du contrôle des civils sur l’armée. Il a décrit les origines révolutionnaires de l’influence militaire en Algérie, il a dit que cette soit disant légitimité révolutionnaire prit fin en 2004 et que les militaires obéissent maintenant aux civils et qu’ils obéissent tous à la constitution. Au cours de son analyse des enjeux politique régionaux, Bouteflika a explosé les positions algériennes dans des termes familiers. Mais en faisant ainsi, il a aussi donné une note fortement positive au Maroc et au message du roi. Clairement, dans le contexte de l’émotion forte et de l’agitation autour de la controverse de la Coupe du Monde avec l’Égypte, le message de félicitation de Mohammed VI a touché une corde sensible avec Bouteflika. JORDAN


Le câble fleuve sur le délitement du régime algérien. Une analyse sans concession sur les travers des dirigeants de l’Algérie et des maux qui touchent ce pays. Dans ce câble, l’ambassadeur américain relate ses conversations avec plusieurs personnalités d’opposition et une personne proche du pouvoir dont le nom n’est pas connu.

Les sujets traités :

  • Le terrorisme. Les Etats-Unis critiquent très violemment la politique de réconciliation nationale menée par Bouteflika et votée par référendum en 2005. Cette loi amnistie les criminels islamistes et empêche toute poursuite judiciaire contre des membres des forces de sécurité de l’Etat pour des actes commis durant la guerre civile des années 1990. Les Etats-Unis insistent sur l’échec de cette politique en prenant comme exemple l’attentat à la bombe meurtrier du 17 décembre 2007 commis par des islamistes amnistiés. A lire:  Réconciliation sur fond d’incertitudes, rfi.fr, 12/03/2006
  • Le désenchantement de la société Algérienne et en particulier des jeunes. Tous les interlocuteurs de l’ambassadeur critiquent le peu de perspectives qu’offre la société algérienne à ses habitants et en particulier les jeunes, très touchés par le chômage. En 2007, alors que le prix du pétrole est au plus haut, la population algérienne ne profite pas des retombées de cette envolée car les recettes sont détournées. Le constat dressé sur la jeunesse algérienne est sinistre, pointant du doigt l’augmentation du phénomène « harraga », ces immigrés qui tentent de traverser la Méditerranée clandestinement. A lire: L’Algérie ne croit plus aux promesses, le monde diplomatique, février 2009
  • La corruption présente jusqu’au sommet du pouvoir est dénoncée. Ahmed Gaia Salah, chef d’Etat major, est décrit comme le général le plus corrompu. Les frères du président Bouteflika, Said et Abdallah, ne sont pas épargnés non plus. Saïd Sadi, chef du RCD, parti d’opposition, n’hésite pas à comparer Bouteflika et sa clique à Sadam Hussein en parlant de « gang de Tikrit ».
  • Les manoeuvres du clan Bouteflika pour arranger le processus électoral. Sont évoqués le troisième amendement qui a été ratifié pour permettre à Bouteflika de se représenter et la nouvelle loi électorale qui restreint l’accès aux petits partis.
  • Les divisions au sein de l’armée sur le terrorisme, entre partisans d’une politique répressive et ceux de la réconciliation et sur la situation en Algérie qui se détériore.
  • Le double discours des Américains. Très critique en coulisse des manœuvres politiques de Bouteflika, ils épargnent ce dernier en public car ils ne veulent pas se priver d’un partenaire essentiel dans la lutte contre le terrorisme. A lire : Les voeux de Washington, algeria-watch, 28/10/2003

Les protagonistes:

  • Robert Ford, ambassadeur des Etats-Unis en Algérie de 2006 à 2008, il est actuellement en poste à Damas (Syrie). Fin spécialiste du monde arabe dont il maitrise la langue, il parle aussi le Français. Il a également été chef adjoint de mission à Bahreïn de 2001 et 2006 et conseiller politique à l’ambassade des Etats-Unis en Irak de 2004 à 2006.
  • Abdallah Djaballah, leader islamiste, évincé de la tête de son parti dans des circonstances troubles. Selon l’ambassadeur, ce serait le ministère de l’intérieur qui aurait oeuvré à son éviction. Abdallah Djaballah se livre face à l’ambassadeur à un constat sincère et sans concession de la misère de son pays et de la difficulté de s’insérer dans le système politique légal en Algérie.
  • Saïd Sadi, chef du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), parti d’opposition laïc et social-démocrate [A ne pas confondre avec le parti tunisien de Ben Ali] . Très critique vis à vis du régime de Bouteflika et sur la situation sociale en Algérie. Il reproche aussi vivement à l’ambassadeur américain sa réticence à critiquer l’autoritarisme de Bouteflika en public.
  • Ahmed Benbitour, ancien premier ministre de 1999 à 2000. Devant l’ambassadeur, il dénonce l’absence de retombées pour le peuple algérien des ressources supplémentaires apportées par l’envolée des prix du baril. Il a récemment donné une interview à El Watan, déclarant que « la contagion démocratique va toucher l’Algérie« . Il a soutenu la marche du RCD samedi.
  • Leïla Aslaoui, écrivain, féministe, et ancienne ministre. Elle est très farouchement opposée aux islamistes.

N° de Référence Créé le Publié le Classification Origine
07ALGIERS1806 2007-12-19 12:12 2010-12-16 21:09 SECRET Ambassade d’Alger

VZCZCXRO5580
PP RUEHTRO
DE RUEHAS #1806/01 3531206
ZNY SSSSS ZZH
P 191206Z DEC 07
FM AMEMBASSY ALGIERS
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RUEHMD/AMEMBASSY MADRID 8733
RUEHRB/AMEMBASSY RABAT 2078
RUEHTU/AMEMBASSY TUNIS 6935
RUEHTRO/AMEMBASSY TRIPOLI
RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT 6149
RUEHNM/AMEMBASSY NIAMEY 1403
RUEHBP/AMEMBASSY BAMAKO 0353
RUEHCL/AMCONSUL CASABLANCA 3182
RHMFISS/HQ USEUCOM VAIHINGEN GE
S E C R E T SECTION 01 OF 04 ALGIERS 001806

SIPDIS

SIPDIS

E.O. 12958: DECL: 12/17/2027
TAGS: PINS PGOV AG

OBJET: UN REGIME ALGERIEN FRAGILE ET SOUFFRANT QUI EST A LA DERIVE

2008

REF: A. ALGIERS 1704
B. ALGIERS 1618
C. ALGIERS 1237
D. ALGIERS 1658

Classifié Par: Ambassadeur Robert Ford; raisons 1.4 (b) and (d).

1. (C) RESUME: Les discussions récentes avec d’anciens officiels du gouvernement algérien, des leaders d’opposition de longue date et des journalistes dépeignent un tableau d’un régime algérien qui est fragile comme il ne l’a jamais été auparavant, miné par un manque de vision, des niveaux de corruption sans précédents et la division qui gronde au sein de la base de l’armée. Nos contacts algériens sont souvent très grincheux, mais en ce moment nous en entendons plus que les inquiétudes récurrentes à propos de l’incapacité du gouvernement algérien ou de son manque de volonté à s’attaquer aux problèmes économiques politiques, économiques et de sécurité. Les attentat à la bombe le 11 décembre à Alger [NLDR: Ce double attentat revendiqué par l’AQMI aurait tué entre 30 et 72 personnes et fait 177 blessés] , exécutés par deux hommes amnestiés sous la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale [NDLR : loi d’aministie sur les crimes commis pendant la guerre civile entre les islamistes et l’Etat algérien. La charte empêche également toute poursuite judiciaire des forces de sécurité algériennes], ont déclenché de vifs débats à propos de la politique de réconciliation Bouteflika pour protéger le pays. Le débat oppose les partisans d’une stratégie offensive et nécessaire contre la menace terroriste contre ceux qui comme Bouteflika croient encore qu’une amnistie a un rôle à jouer. L’image d’un président isolé, d’un processus de réforme qui stagne et d’une approche confuse du terrorisme vient au moment où les manœuvres à l’intérieur du gouvernement pour maintenir Bouteflika pour un troisième mandant sont en pleine ébullition. Nous voyons pas d’explosion à venir. A la place, nous voyons un gouvernement à la dérive et incertain devant la voie à suivre. FIN DU RESUME

L’ETAT ALGERIEN A LA DERIVE [SHIP OF A STATE ADRIFT]
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2. (C) Le 3 décembre, le leader du parti d’opposition Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) [NLDR : A ne pas confondre avec le parti de l’ancien président tunisien Ben Ali, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique], Saïd Sadi a présenté une vue d’ensemble assez sombre du régime algérien, disant qu’il tenait vouloir conserver le contrôle du pays mais manquait de vision et de compétence. Sadi a prévenu que dans le contexte actuel de stagnation des réformes politiques et économiques, les institutions algériennes étaient en train de se ronger de l’intérieur, perdant la plupart de ses meilleurs travailleurs et fonctionnaires. L’ancien leader du parti islamiste al-Islah.

Abdallah Djaballah

Abdallah Djaballah, ancien chef du parti islamiste Al-Islah

Abdallah Djaballah, qui a été évincé de la direction du parti avec un soutien actif du ministère de l’intérieur, nous a fait remarquer que le 17 décembre le phénomène harraga (ref A), ces jeunes qui fuient dur des radeaux de fortune vers l’Europe, ne se cantonnait plus seulement désormais aux jeunes pauvres sans emploi. Dhaballah a vu des jeunes qui avaient le choix «entre mourir en mer et mourir de manière lente et progressive lente à la maison» vu les très faibles débouchés dans l’économie stagnante du pays. Sadi nous a raconté qu’il était choqué de trouver autant d’Algériens éduqués et originaires de la classe moyenne au Québec et aux Etats-Unis lors de ses derniers voyages. «Ces gens sont le future de l’Algérie», a dit Sadi.

3. (C) XXXXXXXXXXXX, nous a raconté le 17 décembre qu’en ce qui concerne la réconciliation nationale, les attentats à la bombe du 11 décembre ont fortement divisé les services de sécurité algériens, avec un nombre plus important de voix en faveur d’une politique plus dure. XXXXXXXXXXXX a dit que le régime n’avait pas de stratégie unique et précise pour combattre le terrorisme, ce qui a été prouvé par l’indécision sur la façon de traiter les amnisties de prisonniers en vue comme Hassan Hattab (ref B). Selon Sadi et XXXXXXXXXXXX, les Algériens ordinaires, qui ont déjà perdu confiance dans l’agenda des réformes politiques et économiques, perdent maintenant la foi dans la capacité du gouvernement à les protéger. Laila Aslaoui, une ancienne ministre, une activiste des droits des Femmes et écrivain, a raconté à l’ambassadeur au diner du 18 décembre que la plus grande partie de la société algérienne était démobilisée contre la menace terroriste. C’était scandaleux que le ministère de l’intérieur savait que la cour suprême était une cible et n’a rien fait pour améliorer la sécurité du bâtiment ou avertir le public, a-t-elle prétendu. Elle a été impitoyable sur les propos du ministre de l’intérieur qui avait déclaré qu’il était impossible de fournir une protection totale contre les attentats à la bombe, s’interrogeant pourquoi le gouvernement algérien ne poursuivait pas plus énergiquement en justice les individus suspectés d’actes terroristes. Le gouvernement algérien a demandé à Mme Aslaoui le 17 décembre de les aider à organiser une marche contre le terrorisme. Dans les années 1990, elle a dit qu’elle n’aurait pas hésité. Maintenant, elle remarque avec amertume qu’elle ne ferait rien pour aider le gouvernement algérien à justifier sa politique de sécurité. XXXXXXXXXXXX

Leïla Aslaoui

XXXXXXXXXXXX a raconté à l’ambassadeur le 17 décembre qu’il y a un fossé croissant entre les besoins essentiels auxquels doivent faire les Algériens ordinaires et ce qu’ils perçoivent du gouvernement en termes de salaires et de qualité de vie. Du coup, a-t-il dit, moins d’Algériens sont prêts à aider le gouvernement. D’après la sagesse populaire, a-t-il dit, si vous devez faire des affaires dans un ministère, allez-y puis partez aussitôt et restez à l’écart.

4. (C) D’un autre côté, Djaballah nous a raconté que le désenchantement répandu vis à à vis de la volonté du gouvernement de partager le pouvoir avec les islamistes a en fin de compte poussé les islamistes algériens à écouter les appels aux boycotts par son parti ainsi que les autres partis islamistes à boycotter les élections locales du 29 novembre. Ils ont compris, a-t-il dit, que la nouvelle loi électorale (ref C) [NDLR: La nouvelle loi électorale durcit les conditions d’accès aux élections pour les petits partis] a été élaborée dans le but de les marginaliser et de maintenir la coalition au pouvoir [NLDR: l’Algérie est gouverné par une coallition tri-partite appelée «l’alliance présidentielle», le Front de Libération Nationale (FLN), parti historique de l’indépendance, le Rassemblement National Démocratique (RND) plutôt de droite, et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) qui est islamiste]. La restriction l’espace politique ne fera que renforcer l’extrémisme,a-t-il prévenu. L’ambassadeur a dit à Djaballah que les Etats-Unis étaient en faveur d’une libéralisation politique en Algérie mais que nous comprenons aussi que cela doit se faire de manière progressive. Les Etats-Unis ne veulent pas d’un retour à la violence comme dans les années 1990 et qu’ils oeuvrent avec le gouvernement algérien contre ceux qui activement cherchent [à ce que l’Algérie y retourner]. [L’ambassadeur] a salué les efforts de Djaballah pour participer au système politique légal. Le point crucial, a souligné l’ambassadeur, est que bien que l’évolution politique soit lente, elle doit être constamment dirigée vers la libéralisation. Djaballah a salué ces propos et a apprécié que l’on soulève les problèmes du processus électoral avec le gouvernement algérien.

image de Verdad'Z Blog

UN « GANG DE TIKRIT » DOMINANT
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5. (C) Commentant la stabilité du pays, XXXXXXXXXXXX a souligné que les Algériens «ont vécu bien pire que ça», et que les divisions internes ne devaient pas être considérées à tort comme une preuve d’instabilité. Le régime, a fait remarqué XXXXXXXXXXXX, fait passer la stabilité avant tout, et par conséquent, il est à la fois fragile et stable à la fois. XXXXXXXXXXXX est d’accord avec l’analogie que Sadi a fait devant nous et publiquement devant la presse, comparant le gouvernement de Bouteflika à « un gang de Tikrit» qui pointe du doigt le fait qu’un nombre disproportionné de ministres et de généraux viennent de la même région dans la province de Tlemcen à l’ouest du pays dont est originaire le président Bouteflika. (En effet, une grande partie de son entourage proche vient de la petite ville de Nedroma). La loyauté de ce gang, selon XXXXXXXXXXXX et Sadi, est essentielle pour maintenir la stabilité, comme pour Saddam Hussein en Irak. [NLDR: Saddam Hussein était un dictateur impitoyable qui a gouverné l’Irak d’une main de fer de 1979 à 2003, année où il a été renversée par l’armée américaine. Il a été pendu après avoir été reconnu coupable d’avoir organisé un massacre d’un village habité par la minorité kurde]

carte algérie

SADI: «DEFENDONS NOTRE JEUNESSE»
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6. (C) Sadi nous a mis en garde contre les dangers à long terme du silence persistant des Etats-Unis sur ce qu’il percevait comme être une détérioration de la démocratie algérienne, comme l’ont montré les élections locales. Du point de vue de Sadi, le soutien de l’extérieur est essentiel à la survie de la démocratie et à l’engagement productif de la jeunesse algérienne – 70% de la population – dans la vie politique et économique. Si les Etats-Unis sont vus comme complice d’élections de façade et de la réforme de la constitution pour autoriser Bouteflika à concourir pour un troisième mandat, a-t-il prévenu, ils risquent de perdre la jeune génération dans l’avenir.

Saïd Sadi, leader du RCD parti d'opposition

7. (C) L’ambassadeur a rappelé à Sadi nos vains efforts pour maintenir un programme du National Democratic Institute [NLDR: think-tank américain qui promeut la démocratie dans le monde] en Algérie que le ministère de l’intérieur délibérément fermé; peu de partis politiques ont insisté pour maintenir le programme. Il a fait remarqué à Sadi que nous avions entendu d’autres partis politiques demander un plus grand soutien public des Etats-Unis, et a exhorté le RCD et d’autres partis algériens de faire entendre leurs voix. Les Etats-Unis seraient crédibles à appeler à enlever les obstacles à la libéralisation seulement si les partis politiques eux mêmes s’expriment haut et fort. Etant donné l’absence de commission internationale pour surveiller les élections, l’ambassadeur a conseillé à Sadi d’envisager au plus tôt des requêtes publiques pour que des observateurs internationaux soient présents aux élections présidentielles de 2009.

LA STABILITÉ DANS LES MAINS D’UNE ARMÉE DIVISÉE…
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8. (S) Sadi, qui entretient des contacts dans l’armée algérienne et les services de sécurité nous a dit que l’armée n’était désomrmais plus unie comme elle l’avait il y a encore quelques années, a-t-il dit. Deux courants dissidents émergent, a-t-il dit. Le premier est parmi les jeunes officiers qui savent que l’Algérie ne va pas bien et accusent la vieille garde de négligence et de mauvaise gestion. Le second courant identifié par Sadi se trouve parmi les hauts officiers de l’armée, entre ceux favorable une politique plus répressive concernant la sécurité et le contre-terrorisme (les «éradicateurs» [NLDR: en français dans le texte]) et ceux encore alignés sur la politique de réconciliation nationale de Bouteflika. XXXXXXXXXXXX, dont le frère est un officier de l’armée, a dit le 17 décembre qu’il avait des colonels dans l’armée algérienne qui pensent que la dérive actuelle ne peut plus continuer. La question, murmura XXXXXXXXXXXX, est s’ils peuvent s’organiser.

9. (S) Sadi nous a parlé à la fin d’une conversation qu’il avait eu récemment avec le général Toufik Mediene, le chef du DRS (les services de renseignement militaire) [NLDR: Le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), dirigée depuis sa création en 1990 par Toufik Mediene, est régulièrement accusée d’être un organe répressif] qui est considéré par la plupart comme une figure clé de la garantie du contrôle de la population par le régime et de sa survie. Il a dit que Mediene savait que la santé de Bouteflika n’était pas terrible et celle de l’Algérie non plus. Cependant, selon Sadi, Mediene a dit qu’il avait besoin de s’assurer qu’une alternative politique «serait viable» et, par conséquent ne déstabiliserait pas le pays. Sadi a dit que beaucoup d’officiers de haut-rang commençaient à se demander s’il pouvait faire sortir complètement l’armée de la scène politique sans peur d’un châtiment public pour les abus passés durant la guerre civil.

…PENDANT QUE LA CORRUPTION ET LE PRIX DU PÉTROLE ATTEIGNENT DES SOMMETS
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10. (S) Sadi, Djaballah, XXXXXXXXXXXX et de nombreux autres contacts nous ont raconté que la corruption a atteint des niveaux sans précédent sous le régime actuel. Comme il a été rapporté dans la ref D [NDLR: câble non disponible sur wikileaks], le parti au pouvoir, le FLN, est résolu à labourer le terrain pour un troisième mandat de Bouteflika, a cherché à installer des fonctionnaires locaux dans les tractations électorales fondées sur la loyauté au dépens même des compétences.

Ahmed Benbitour

Ahmed Benbitour

Avec des prix du pétrole record, l’ancien ministre des finances et premier ministre Benbitour [NLDR : premier ministre de décembre 1999 à Août 2000]a raconté à l’ambassadeur en novembre, qu’il y avait moins d’intérêt pour le régime à mettre en place ces réformes plus que nécessaires. Les prix élevés du pétrole rapportent des revenus incroyables au pays, nous a dit Benbitour, mais les gens ordinaires n’en voient aucune retombée sur leur vie quotidienne. (En effet, Benbitour a publiquement repris une expression que nous voyons souvent dans les médias maintenant: l’Algérie est riche, mais les gens sont pauvres. Le leader islamiste Djaballah a repris aussi cette expression devant nous le 17 décembre).

suicide en algérie

L'Algérie est riche mais les Algériens sont pauvres

La corruption, selon XXXXXXXXXXXX, a atteint des proportions hallucinantes, même à l’intérieur de l’armée. Il a cité le lieutenant général Ahmad Gaid Salah, chef d’Etat major, comme peut être l’officiel le plus corrompu de l’appareil militaire, fait confirmé par d’autres contacts. Quand Sadi a évoqué le problème de la corruption au General Mediene, a dit Sadi, Mediene connaissait le problème. Montrant silencieusement le portrait de Bouteflika accroché au-dessus de leur tête, il a dit à Sadi que la corruption était répandue jusque dans les plus hautes instances du gouvernement. (Commentaire : beaucoup de contacts de l’ambassade pensent que le président Bouteflika lui même n’est pas particulièrement corrompu, mais ils montrent du doigt sans hésiter les frères du président, Said et Abdallah, comme étant particulièrement avides. L’armée algérienne a entre-temps lancé un programme anti-corruption qui est ambitieux par rapport aux normes algériennes mais qui a laissé le sommet du pouvoir relativement indemne. Fin du commentaire)

COMMENTAIRE: UN RÉGIME SOUFFRANT, UN PRÉSIDENT SOUFFRANT
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11. (S) Nos contacts algériens sont souvent très grincheux, mais en ce moment nous en entendons plus que les inquiétudes récurrentes à propos de l’incapacité du gouvernement algérien ou de son manque de volonté à s’attaquer aux problèmes économiques politiques, économiques et de sécurité. Les attentat à la bombe le 11 décembre à Alger [NLDR: Ce double attentat revendiqué par l’AQMI aurait tué entre 30 et 72 personnes et fait 177 blessés] , exécutés par deux hommes amnestiés sous la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale [NDLR : loi d’administie sur les crimes commis pendant la guerre civile entre les islamistes et l’Etat algérien. La charte empêche également toute poursuite judiciaire des forces de sécurité algériennes], ont déclenché de vifs débats à propos de la politique de réconciliation Bouteflika pour protéger le pays. Les attentats à la bombe et les débats sur comment endiguer l’extrémisme islamiste commencent à nous rappeler les violentes disputes dans la société algérienne pendant le pic de violence des années 1990. Ces contacts sont d’accords que bien que les années 1990 ont montré que la plupart des Algériens peuvent supporter une douleur très grande, les attentats à la bombe du 11 décembre ont mis à nu le manque de vision et de compétence du régime à gérer ces pressions. Nous commençons à entendre des échos d’un débat à l’intérieur de quelques cercles de l’établissement militaire d’un débat de plus en plus clivé sur la réconciliation nationale qui a débouché sur la question de la viabilité du gouvernement de Bouteflika lui-même.
Selon nos contacts, la stabilité reste la première priorité même parmi les officiels de bords opposés sur ce débat, bien qu’ils voient la stabilité ne réside pas dans la capacité de Bouteflika à diriger le pays mais dans un appareil militaire qui semble réaliser que leur en incombe la responsabilité de maintenir le régime. Le nouvel élément est l’insistance du premier ministre Belkhadem et de l’appareil du FLN, probablement sous l’impulsion des frères de Bouteflika si ce n’est la président Bouteflika lui même, de convenir d’un amendement constitutionnel et d’un troisième mandat. Sadi, un médecin, a dit que Bouteflika et l’Algérie elle-même étaient dans une situation critique et qu’ils dépérissaient. Selon Sadi (qui pourrait ou ne pourrait pas savoir), Bouteflika est en phase terminale d’un cancer de l’estomac, et le régime ment sur la table d’opération, s’avançant peu à peu vers un point de non retour se comportant comme des «chirurgiens non entrainés». En attendant, le gouvernement semble incapable de redynamiser l’économie stagnante et les Algériens, en particulier les jeunes, qui sont moroses et sans espoir sur le destin de leur pays à la dérive pour cette nouvelle année.

FORD