Le câble fleuve sur le délitement du régime algérien. Une analyse sans concession sur les travers des dirigeants de l’Algérie et des maux qui touchent ce pays. Dans ce câble, l’ambassadeur américain relate ses conversations avec plusieurs personnalités d’opposition et une personne proche du pouvoir dont le nom n’est pas connu.

Les sujets traités :

  • Le terrorisme. Les Etats-Unis critiquent très violemment la politique de réconciliation nationale menée par Bouteflika et votée par référendum en 2005. Cette loi amnistie les criminels islamistes et empêche toute poursuite judiciaire contre des membres des forces de sécurité de l’Etat pour des actes commis durant la guerre civile des années 1990. Les Etats-Unis insistent sur l’échec de cette politique en prenant comme exemple l’attentat à la bombe meurtrier du 17 décembre 2007 commis par des islamistes amnistiés. A lire:  Réconciliation sur fond d’incertitudes, rfi.fr, 12/03/2006
  • Le désenchantement de la société Algérienne et en particulier des jeunes. Tous les interlocuteurs de l’ambassadeur critiquent le peu de perspectives qu’offre la société algérienne à ses habitants et en particulier les jeunes, très touchés par le chômage. En 2007, alors que le prix du pétrole est au plus haut, la population algérienne ne profite pas des retombées de cette envolée car les recettes sont détournées. Le constat dressé sur la jeunesse algérienne est sinistre, pointant du doigt l’augmentation du phénomène « harraga », ces immigrés qui tentent de traverser la Méditerranée clandestinement. A lire: L’Algérie ne croit plus aux promesses, le monde diplomatique, février 2009
  • La corruption présente jusqu’au sommet du pouvoir est dénoncée. Ahmed Gaia Salah, chef d’Etat major, est décrit comme le général le plus corrompu. Les frères du président Bouteflika, Said et Abdallah, ne sont pas épargnés non plus. Saïd Sadi, chef du RCD, parti d’opposition, n’hésite pas à comparer Bouteflika et sa clique à Sadam Hussein en parlant de « gang de Tikrit ».
  • Les manoeuvres du clan Bouteflika pour arranger le processus électoral. Sont évoqués le troisième amendement qui a été ratifié pour permettre à Bouteflika de se représenter et la nouvelle loi électorale qui restreint l’accès aux petits partis.
  • Les divisions au sein de l’armée sur le terrorisme, entre partisans d’une politique répressive et ceux de la réconciliation et sur la situation en Algérie qui se détériore.
  • Le double discours des Américains. Très critique en coulisse des manœuvres politiques de Bouteflika, ils épargnent ce dernier en public car ils ne veulent pas se priver d’un partenaire essentiel dans la lutte contre le terrorisme. A lire : Les voeux de Washington, algeria-watch, 28/10/2003

Les protagonistes:

  • Robert Ford, ambassadeur des Etats-Unis en Algérie de 2006 à 2008, il est actuellement en poste à Damas (Syrie). Fin spécialiste du monde arabe dont il maitrise la langue, il parle aussi le Français. Il a également été chef adjoint de mission à Bahreïn de 2001 et 2006 et conseiller politique à l’ambassade des Etats-Unis en Irak de 2004 à 2006.
  • Abdallah Djaballah, leader islamiste, évincé de la tête de son parti dans des circonstances troubles. Selon l’ambassadeur, ce serait le ministère de l’intérieur qui aurait oeuvré à son éviction. Abdallah Djaballah se livre face à l’ambassadeur à un constat sincère et sans concession de la misère de son pays et de la difficulté de s’insérer dans le système politique légal en Algérie.
  • Saïd Sadi, chef du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), parti d’opposition laïc et social-démocrate [A ne pas confondre avec le parti tunisien de Ben Ali] . Très critique vis à vis du régime de Bouteflika et sur la situation sociale en Algérie. Il reproche aussi vivement à l’ambassadeur américain sa réticence à critiquer l’autoritarisme de Bouteflika en public.
  • Ahmed Benbitour, ancien premier ministre de 1999 à 2000. Devant l’ambassadeur, il dénonce l’absence de retombées pour le peuple algérien des ressources supplémentaires apportées par l’envolée des prix du baril. Il a récemment donné une interview à El Watan, déclarant que « la contagion démocratique va toucher l’Algérie« . Il a soutenu la marche du RCD samedi.
  • Leïla Aslaoui, écrivain, féministe, et ancienne ministre. Elle est très farouchement opposée aux islamistes.

N° de Référence Créé le Publié le Classification Origine
07ALGIERS1806 2007-12-19 12:12 2010-12-16 21:09 SECRET Ambassade d’Alger

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S E C R E T SECTION 01 OF 04 ALGIERS 001806

SIPDIS

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E.O. 12958: DECL: 12/17/2027
TAGS: PINS PGOV AG

OBJET: UN REGIME ALGERIEN FRAGILE ET SOUFFRANT QUI EST A LA DERIVE

2008

REF: A. ALGIERS 1704
B. ALGIERS 1618
C. ALGIERS 1237
D. ALGIERS 1658

Classifié Par: Ambassadeur Robert Ford; raisons 1.4 (b) and (d).

1. (C) RESUME: Les discussions récentes avec d’anciens officiels du gouvernement algérien, des leaders d’opposition de longue date et des journalistes dépeignent un tableau d’un régime algérien qui est fragile comme il ne l’a jamais été auparavant, miné par un manque de vision, des niveaux de corruption sans précédents et la division qui gronde au sein de la base de l’armée. Nos contacts algériens sont souvent très grincheux, mais en ce moment nous en entendons plus que les inquiétudes récurrentes à propos de l’incapacité du gouvernement algérien ou de son manque de volonté à s’attaquer aux problèmes économiques politiques, économiques et de sécurité. Les attentat à la bombe le 11 décembre à Alger [NLDR: Ce double attentat revendiqué par l’AQMI aurait tué entre 30 et 72 personnes et fait 177 blessés] , exécutés par deux hommes amnestiés sous la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale [NDLR : loi d’aministie sur les crimes commis pendant la guerre civile entre les islamistes et l’Etat algérien. La charte empêche également toute poursuite judiciaire des forces de sécurité algériennes], ont déclenché de vifs débats à propos de la politique de réconciliation Bouteflika pour protéger le pays. Le débat oppose les partisans d’une stratégie offensive et nécessaire contre la menace terroriste contre ceux qui comme Bouteflika croient encore qu’une amnistie a un rôle à jouer. L’image d’un président isolé, d’un processus de réforme qui stagne et d’une approche confuse du terrorisme vient au moment où les manœuvres à l’intérieur du gouvernement pour maintenir Bouteflika pour un troisième mandant sont en pleine ébullition. Nous voyons pas d’explosion à venir. A la place, nous voyons un gouvernement à la dérive et incertain devant la voie à suivre. FIN DU RESUME

L’ETAT ALGERIEN A LA DERIVE [SHIP OF A STATE ADRIFT]
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2. (C) Le 3 décembre, le leader du parti d’opposition Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) [NLDR : A ne pas confondre avec le parti de l’ancien président tunisien Ben Ali, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique], Saïd Sadi a présenté une vue d’ensemble assez sombre du régime algérien, disant qu’il tenait vouloir conserver le contrôle du pays mais manquait de vision et de compétence. Sadi a prévenu que dans le contexte actuel de stagnation des réformes politiques et économiques, les institutions algériennes étaient en train de se ronger de l’intérieur, perdant la plupart de ses meilleurs travailleurs et fonctionnaires. L’ancien leader du parti islamiste al-Islah.

Abdallah Djaballah

Abdallah Djaballah, ancien chef du parti islamiste Al-Islah

Abdallah Djaballah, qui a été évincé de la direction du parti avec un soutien actif du ministère de l’intérieur, nous a fait remarquer que le 17 décembre le phénomène harraga (ref A), ces jeunes qui fuient dur des radeaux de fortune vers l’Europe, ne se cantonnait plus seulement désormais aux jeunes pauvres sans emploi. Dhaballah a vu des jeunes qui avaient le choix «entre mourir en mer et mourir de manière lente et progressive lente à la maison» vu les très faibles débouchés dans l’économie stagnante du pays. Sadi nous a raconté qu’il était choqué de trouver autant d’Algériens éduqués et originaires de la classe moyenne au Québec et aux Etats-Unis lors de ses derniers voyages. «Ces gens sont le future de l’Algérie», a dit Sadi.

3. (C) XXXXXXXXXXXX, nous a raconté le 17 décembre qu’en ce qui concerne la réconciliation nationale, les attentats à la bombe du 11 décembre ont fortement divisé les services de sécurité algériens, avec un nombre plus important de voix en faveur d’une politique plus dure. XXXXXXXXXXXX a dit que le régime n’avait pas de stratégie unique et précise pour combattre le terrorisme, ce qui a été prouvé par l’indécision sur la façon de traiter les amnisties de prisonniers en vue comme Hassan Hattab (ref B). Selon Sadi et XXXXXXXXXXXX, les Algériens ordinaires, qui ont déjà perdu confiance dans l’agenda des réformes politiques et économiques, perdent maintenant la foi dans la capacité du gouvernement à les protéger. Laila Aslaoui, une ancienne ministre, une activiste des droits des Femmes et écrivain, a raconté à l’ambassadeur au diner du 18 décembre que la plus grande partie de la société algérienne était démobilisée contre la menace terroriste. C’était scandaleux que le ministère de l’intérieur savait que la cour suprême était une cible et n’a rien fait pour améliorer la sécurité du bâtiment ou avertir le public, a-t-elle prétendu. Elle a été impitoyable sur les propos du ministre de l’intérieur qui avait déclaré qu’il était impossible de fournir une protection totale contre les attentats à la bombe, s’interrogeant pourquoi le gouvernement algérien ne poursuivait pas plus énergiquement en justice les individus suspectés d’actes terroristes. Le gouvernement algérien a demandé à Mme Aslaoui le 17 décembre de les aider à organiser une marche contre le terrorisme. Dans les années 1990, elle a dit qu’elle n’aurait pas hésité. Maintenant, elle remarque avec amertume qu’elle ne ferait rien pour aider le gouvernement algérien à justifier sa politique de sécurité. XXXXXXXXXXXX

Leïla Aslaoui

XXXXXXXXXXXX a raconté à l’ambassadeur le 17 décembre qu’il y a un fossé croissant entre les besoins essentiels auxquels doivent faire les Algériens ordinaires et ce qu’ils perçoivent du gouvernement en termes de salaires et de qualité de vie. Du coup, a-t-il dit, moins d’Algériens sont prêts à aider le gouvernement. D’après la sagesse populaire, a-t-il dit, si vous devez faire des affaires dans un ministère, allez-y puis partez aussitôt et restez à l’écart.

4. (C) D’un autre côté, Djaballah nous a raconté que le désenchantement répandu vis à à vis de la volonté du gouvernement de partager le pouvoir avec les islamistes a en fin de compte poussé les islamistes algériens à écouter les appels aux boycotts par son parti ainsi que les autres partis islamistes à boycotter les élections locales du 29 novembre. Ils ont compris, a-t-il dit, que la nouvelle loi électorale (ref C) [NDLR: La nouvelle loi électorale durcit les conditions d’accès aux élections pour les petits partis] a été élaborée dans le but de les marginaliser et de maintenir la coalition au pouvoir [NLDR: l’Algérie est gouverné par une coallition tri-partite appelée «l’alliance présidentielle», le Front de Libération Nationale (FLN), parti historique de l’indépendance, le Rassemblement National Démocratique (RND) plutôt de droite, et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) qui est islamiste]. La restriction l’espace politique ne fera que renforcer l’extrémisme,a-t-il prévenu. L’ambassadeur a dit à Djaballah que les Etats-Unis étaient en faveur d’une libéralisation politique en Algérie mais que nous comprenons aussi que cela doit se faire de manière progressive. Les Etats-Unis ne veulent pas d’un retour à la violence comme dans les années 1990 et qu’ils oeuvrent avec le gouvernement algérien contre ceux qui activement cherchent [à ce que l’Algérie y retourner]. [L’ambassadeur] a salué les efforts de Djaballah pour participer au système politique légal. Le point crucial, a souligné l’ambassadeur, est que bien que l’évolution politique soit lente, elle doit être constamment dirigée vers la libéralisation. Djaballah a salué ces propos et a apprécié que l’on soulève les problèmes du processus électoral avec le gouvernement algérien.

image de Verdad'Z Blog

UN « GANG DE TIKRIT » DOMINANT
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5. (C) Commentant la stabilité du pays, XXXXXXXXXXXX a souligné que les Algériens «ont vécu bien pire que ça», et que les divisions internes ne devaient pas être considérées à tort comme une preuve d’instabilité. Le régime, a fait remarqué XXXXXXXXXXXX, fait passer la stabilité avant tout, et par conséquent, il est à la fois fragile et stable à la fois. XXXXXXXXXXXX est d’accord avec l’analogie que Sadi a fait devant nous et publiquement devant la presse, comparant le gouvernement de Bouteflika à « un gang de Tikrit» qui pointe du doigt le fait qu’un nombre disproportionné de ministres et de généraux viennent de la même région dans la province de Tlemcen à l’ouest du pays dont est originaire le président Bouteflika. (En effet, une grande partie de son entourage proche vient de la petite ville de Nedroma). La loyauté de ce gang, selon XXXXXXXXXXXX et Sadi, est essentielle pour maintenir la stabilité, comme pour Saddam Hussein en Irak. [NLDR: Saddam Hussein était un dictateur impitoyable qui a gouverné l’Irak d’une main de fer de 1979 à 2003, année où il a été renversée par l’armée américaine. Il a été pendu après avoir été reconnu coupable d’avoir organisé un massacre d’un village habité par la minorité kurde]

carte algérie

SADI: «DEFENDONS NOTRE JEUNESSE»
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6. (C) Sadi nous a mis en garde contre les dangers à long terme du silence persistant des Etats-Unis sur ce qu’il percevait comme être une détérioration de la démocratie algérienne, comme l’ont montré les élections locales. Du point de vue de Sadi, le soutien de l’extérieur est essentiel à la survie de la démocratie et à l’engagement productif de la jeunesse algérienne – 70% de la population – dans la vie politique et économique. Si les Etats-Unis sont vus comme complice d’élections de façade et de la réforme de la constitution pour autoriser Bouteflika à concourir pour un troisième mandat, a-t-il prévenu, ils risquent de perdre la jeune génération dans l’avenir.

Saïd Sadi, leader du RCD parti d'opposition

7. (C) L’ambassadeur a rappelé à Sadi nos vains efforts pour maintenir un programme du National Democratic Institute [NLDR: think-tank américain qui promeut la démocratie dans le monde] en Algérie que le ministère de l’intérieur délibérément fermé; peu de partis politiques ont insisté pour maintenir le programme. Il a fait remarqué à Sadi que nous avions entendu d’autres partis politiques demander un plus grand soutien public des Etats-Unis, et a exhorté le RCD et d’autres partis algériens de faire entendre leurs voix. Les Etats-Unis seraient crédibles à appeler à enlever les obstacles à la libéralisation seulement si les partis politiques eux mêmes s’expriment haut et fort. Etant donné l’absence de commission internationale pour surveiller les élections, l’ambassadeur a conseillé à Sadi d’envisager au plus tôt des requêtes publiques pour que des observateurs internationaux soient présents aux élections présidentielles de 2009.

LA STABILITÉ DANS LES MAINS D’UNE ARMÉE DIVISÉE…
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8. (S) Sadi, qui entretient des contacts dans l’armée algérienne et les services de sécurité nous a dit que l’armée n’était désomrmais plus unie comme elle l’avait il y a encore quelques années, a-t-il dit. Deux courants dissidents émergent, a-t-il dit. Le premier est parmi les jeunes officiers qui savent que l’Algérie ne va pas bien et accusent la vieille garde de négligence et de mauvaise gestion. Le second courant identifié par Sadi se trouve parmi les hauts officiers de l’armée, entre ceux favorable une politique plus répressive concernant la sécurité et le contre-terrorisme (les «éradicateurs» [NLDR: en français dans le texte]) et ceux encore alignés sur la politique de réconciliation nationale de Bouteflika. XXXXXXXXXXXX, dont le frère est un officier de l’armée, a dit le 17 décembre qu’il avait des colonels dans l’armée algérienne qui pensent que la dérive actuelle ne peut plus continuer. La question, murmura XXXXXXXXXXXX, est s’ils peuvent s’organiser.

9. (S) Sadi nous a parlé à la fin d’une conversation qu’il avait eu récemment avec le général Toufik Mediene, le chef du DRS (les services de renseignement militaire) [NLDR: Le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), dirigée depuis sa création en 1990 par Toufik Mediene, est régulièrement accusée d’être un organe répressif] qui est considéré par la plupart comme une figure clé de la garantie du contrôle de la population par le régime et de sa survie. Il a dit que Mediene savait que la santé de Bouteflika n’était pas terrible et celle de l’Algérie non plus. Cependant, selon Sadi, Mediene a dit qu’il avait besoin de s’assurer qu’une alternative politique «serait viable» et, par conséquent ne déstabiliserait pas le pays. Sadi a dit que beaucoup d’officiers de haut-rang commençaient à se demander s’il pouvait faire sortir complètement l’armée de la scène politique sans peur d’un châtiment public pour les abus passés durant la guerre civil.

…PENDANT QUE LA CORRUPTION ET LE PRIX DU PÉTROLE ATTEIGNENT DES SOMMETS
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10. (S) Sadi, Djaballah, XXXXXXXXXXXX et de nombreux autres contacts nous ont raconté que la corruption a atteint des niveaux sans précédent sous le régime actuel. Comme il a été rapporté dans la ref D [NDLR: câble non disponible sur wikileaks], le parti au pouvoir, le FLN, est résolu à labourer le terrain pour un troisième mandat de Bouteflika, a cherché à installer des fonctionnaires locaux dans les tractations électorales fondées sur la loyauté au dépens même des compétences.

Ahmed Benbitour

Ahmed Benbitour

Avec des prix du pétrole record, l’ancien ministre des finances et premier ministre Benbitour [NLDR : premier ministre de décembre 1999 à Août 2000]a raconté à l’ambassadeur en novembre, qu’il y avait moins d’intérêt pour le régime à mettre en place ces réformes plus que nécessaires. Les prix élevés du pétrole rapportent des revenus incroyables au pays, nous a dit Benbitour, mais les gens ordinaires n’en voient aucune retombée sur leur vie quotidienne. (En effet, Benbitour a publiquement repris une expression que nous voyons souvent dans les médias maintenant: l’Algérie est riche, mais les gens sont pauvres. Le leader islamiste Djaballah a repris aussi cette expression devant nous le 17 décembre).

suicide en algérie

L'Algérie est riche mais les Algériens sont pauvres

La corruption, selon XXXXXXXXXXXX, a atteint des proportions hallucinantes, même à l’intérieur de l’armée. Il a cité le lieutenant général Ahmad Gaid Salah, chef d’Etat major, comme peut être l’officiel le plus corrompu de l’appareil militaire, fait confirmé par d’autres contacts. Quand Sadi a évoqué le problème de la corruption au General Mediene, a dit Sadi, Mediene connaissait le problème. Montrant silencieusement le portrait de Bouteflika accroché au-dessus de leur tête, il a dit à Sadi que la corruption était répandue jusque dans les plus hautes instances du gouvernement. (Commentaire : beaucoup de contacts de l’ambassade pensent que le président Bouteflika lui même n’est pas particulièrement corrompu, mais ils montrent du doigt sans hésiter les frères du président, Said et Abdallah, comme étant particulièrement avides. L’armée algérienne a entre-temps lancé un programme anti-corruption qui est ambitieux par rapport aux normes algériennes mais qui a laissé le sommet du pouvoir relativement indemne. Fin du commentaire)

COMMENTAIRE: UN RÉGIME SOUFFRANT, UN PRÉSIDENT SOUFFRANT
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11. (S) Nos contacts algériens sont souvent très grincheux, mais en ce moment nous en entendons plus que les inquiétudes récurrentes à propos de l’incapacité du gouvernement algérien ou de son manque de volonté à s’attaquer aux problèmes économiques politiques, économiques et de sécurité. Les attentat à la bombe le 11 décembre à Alger [NLDR: Ce double attentat revendiqué par l’AQMI aurait tué entre 30 et 72 personnes et fait 177 blessés] , exécutés par deux hommes amnestiés sous la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale [NDLR : loi d’administie sur les crimes commis pendant la guerre civile entre les islamistes et l’Etat algérien. La charte empêche également toute poursuite judiciaire des forces de sécurité algériennes], ont déclenché de vifs débats à propos de la politique de réconciliation Bouteflika pour protéger le pays. Les attentats à la bombe et les débats sur comment endiguer l’extrémisme islamiste commencent à nous rappeler les violentes disputes dans la société algérienne pendant le pic de violence des années 1990. Ces contacts sont d’accords que bien que les années 1990 ont montré que la plupart des Algériens peuvent supporter une douleur très grande, les attentats à la bombe du 11 décembre ont mis à nu le manque de vision et de compétence du régime à gérer ces pressions. Nous commençons à entendre des échos d’un débat à l’intérieur de quelques cercles de l’établissement militaire d’un débat de plus en plus clivé sur la réconciliation nationale qui a débouché sur la question de la viabilité du gouvernement de Bouteflika lui-même.
Selon nos contacts, la stabilité reste la première priorité même parmi les officiels de bords opposés sur ce débat, bien qu’ils voient la stabilité ne réside pas dans la capacité de Bouteflika à diriger le pays mais dans un appareil militaire qui semble réaliser que leur en incombe la responsabilité de maintenir le régime. Le nouvel élément est l’insistance du premier ministre Belkhadem et de l’appareil du FLN, probablement sous l’impulsion des frères de Bouteflika si ce n’est la président Bouteflika lui même, de convenir d’un amendement constitutionnel et d’un troisième mandat. Sadi, un médecin, a dit que Bouteflika et l’Algérie elle-même étaient dans une situation critique et qu’ils dépérissaient. Selon Sadi (qui pourrait ou ne pourrait pas savoir), Bouteflika est en phase terminale d’un cancer de l’estomac, et le régime ment sur la table d’opération, s’avançant peu à peu vers un point de non retour se comportant comme des «chirurgiens non entrainés». En attendant, le gouvernement semble incapable de redynamiser l’économie stagnante et les Algériens, en particulier les jeunes, qui sont moroses et sans espoir sur le destin de leur pays à la dérive pour cette nouvelle année.

FORD

commentaires
  1. […]  to make the comparison to how Saddam Hussein ran his government, calling them  ”a gang from Tikrit“, this oligarchical mindset is not practical to longterm stability of Algeria or for […]

  2. AndrewRoora dit :

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  3. MatthewVug dit :

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