Articles Tagués ‘pétrole’

Le projet tarmaggedon va être lancé le 20 août par Anonymous dans le cadre de l’opération green rights. Fidèle à l’esprit de l’opération qui veut défendre les droits écologiques des individus face aux grandes entreprises en particulier, le projet tarmaggedon dénonce les dégats environnementaux de l’exploitation du sable bitumineux. Petit extrait de wikipédia pour expliquer ce que sont les sables bitumineux et la conséquence de l’extraction:

Un sable bitumineux (ou bitumeux) est un mélange de bitume brut, qui est une forme semi-solide de pétrole brut, de sable, d’argile minérale et d’eau. En d’autres mots, c’est un sable enrobé d’une couche d’eau sur laquelle se dépose la pellicule de bitume. Plus la pellicule de bitume est épaisse, meilleurs sont les sables bitumineux en termes de quantité de pétrole extractible. Après extraction et transformation des sables bitumineux, on obtient le bitume, qui est un mélange d’hydrocarbures sous forme solide, ou liquide dense, épais et visqueux. Les gisements de sable bitumineux représentent une importante source de pétrole brut de synthèse, ou non conventionnelle. Les principales réserves se situent en Alberta (Canada) et dans le bassin du fleuve de l’Orénoque, au Venezuela. De plus petits gisements de sables bitumineux existent dans d’autres endroits du monde. […]

L’extraction minière des sables bitumineux a un impact important sur les écosystèmes. En Alberta, cette forme d’extraction détruit complètement, dès l’ouverture de la mine à ciel ouvert, la forêt boréale, et a des conséquences directes sur l’air. Des centaines de km2 de territoires sont dévastés. La forêt boréale canadienne couvre 5 millions de km2 dont les trois quarts restent totalement vierges. Le développement de l’extraction des sables bitumineux pourrait toutefois affecter une zone bien plus large. L’exploitation sylvicole et minière fragmente la forêt à grande vitesse. La vie de la forêt boréale provient du sol, qui est composé d’ingrédients biologiques essentiels. En rasant la forêt boréale et en détruisant le sol, il y a destruction de ces ingrédients biologiques essentiels à la vie de la forêt boréale. L’industrie minière considère que la forêt boréale reprendra sa place sur les terrains restaurés après la période d’extraction, mais aucun terrain n’est considéré « restauré » quelque trente ans après l’ouverture de la première mine dans la région du Fort McMurray en Alberta.

De plus, l’extraction des sables bitumineux dégage des agents polluants, tel que le méthane. Aussi, la forêt boréale est composée de tourbières, qui sont des réservoirs naturels de dioxyde de carbone. En détruisant la forêt, on détruit ces tourbières, ce qui engendre une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

De plus, l’extraction d’un seul baril de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta génère plus de 190 kg de gaz à effet de serre (GES). L’exploitation des sables bitumineux génère des gaz très nocifs, tel que l’anhydride sulfureux, qui est responsable, même à des quantités très faibles, de l’acidification des lacs et des forêts. En 2003, l’Alberta a été nommée la capitale de la pollution atmosphérique du Canada avec une génération de plus d’un milliard de kilogrammes d’émissions de gaz à effet de serre. En produisant un baril de pétrole extrait des sables bitumineux, on génère trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que la production d’un baril de pétrole classique. Aujourd’hui, la compagnie d’exploitation des sables bitumineux Suncor rejette 600 tonnes de gaz naturel à l’heure.

La croissance prévue de la production du pétrole synthétique albertain menace aussi les engagements internationaux du Canada. En ratifiant le Protocole de Kyoto, le Canada s’est engagé à réduire, d’ici 2012, ses émissions de GES de 6 pourcent par rapport à l’année de référence (1990). Au lieu de la diminution des GES, une augmentation de 145 mégatonnes des émissions de GES sera observée, dont le quart proviendrait de l’exploitation des sables bitumineux. En 2002, ses émissions étaient supérieures de 24 pourcent à l’année de référence.

Anonymous a publié un communiqué le 12 juillet:

Citoyens libres du monde,

L’opération green rights d’Anonymous voudrait attirer votre attention sur un cas très urgent en Amérique du Nord, par les suspects habituels dont la cupidité est sans borne: Exxon Mobil, ConocoPhillips, Canadian Oil Sands Ltd, Imperial Oil, la Royal Bank of Scotland et beaucoup d’autres.

Cette semaine, des activistes se rassemblent à l’autoroute 12 dans le Montana aux Etats-Unis pour protester contre la transformation d’un écosystème calme en route industrielle maritime apportant des « megaloads » aux infrastructures de rafinement de l’Alberta Tar Sands au Canada. Anonymous rejoint cette lutte contre les « géants pétroliers » au coeurdes Etats-Unis. Nous sommes solidaire avec chaque citoyen victime pour protester contre les excès des entreprises.  Anonymous ne restera pas passif tant que les atrocités environnementales continuent. Ce n’est pas l’énergie propre du future qui nous a été promise.

Nous, ces prochains jours, utiliserons tous les pouvoirs en notre possession pour raconter les abus des entreprises impliqués dans cette histoire. Nous cherchons activement des fuites pour exposer la corruption dont on sait tous qu’elle est derrière tout ça.

Nous sommes Anonymous

Nous sommes légion

Nous n’oublions pas

Nous ne pardonnons pas

La première phase de protestation a eu lieu au Montana en juillet. La deuxième phase aura lieu à Washington DC et des actions seront organisées pour soutenir les Anons et les citoyens qui défilent pour dénoncer ce désastre écologique.

 Cet article a été envoyé par mail à l’operation leakspin qui a décidé de publier cet article d’opinion:
 
L’Algérie, c’est entendu, est un pays « riche ». Hydrocarbures, potentiel touristique, pêche : comment se fait-il que ce pays soit au 84è rang pour l’indice de développement humain ? Pour le taux de mortalité des moins de cinq ans ? Pourquoi parle-t-on d’un taux de chômage tournant autour de 30% quand le ministère du Travail annonce 11% ? Comment lier ces « performances » aux explications du département d’Etat américain : « parmi les principaux problèmes de droits humains [en Algérie] figurent les restrictions sur la liberté de réunion et d’association » ?
Cet article a pour objectif de donner, de manière rapide, une perspective historique sur le handicap dont souffre l’Algérie : la confiscation du pouvoir par une classe de militaires prêts à violer les droits de l’homme pour rester au sommet de la hiérarchie politique. Cette classe a intérêt à ce que l’information ne circule pas, en Algérie comme entre l’Algérie et l’extérieur, et doit entretenir l’ignorance pour survivre.
Quel est le point commun entre tous les présidents algériens depuis l’indépendance ? Tous, à l’exception de Mohamed Boudiaf (à la tête du Haut Comité d’Etat en 1992) sont des gradés de l’Armée Nationale Populaire, ex-ALN : du colonel Houari Boumediene au commandant Aziz Bouteflika. Cette catégorie de dirigeants, s’appuyant sur leur légitimité de moujahids et sur le fait que l’armée est le seul groupe à s’être structuré et renforcé pendant la guerre, est plus restreinte que le FLN. Le FLN par définition reste un front, rassemblant des sensibilités différentes, source de tensions. Mohamed Boudiaf, un des cadres dirigeants du FLN au début de la guerre d’indépendance, ministre d’Etat du gouvernement provisoire, est par exemple en désaccord avec Ben Bella dès juillet 1962, ce qui lui vaudra une condamnation à mort en 1964 et un exil jusqu’en 1992.  
Délimiter cette classe dominante, au cœur des affaires et de la vie politique an Algérie, n’est donc pas facile, mais faisable : il s’agit de quelques généraux d’état-major, placés au gouvernement, dans les instances militaires les plus puissantes. Un autre exemple : qui dirige le puissant Département du Renseignement et de la Sécurité créé en 1990 ? Un certain Mohamed Mediène. Ce général est resté très discret en politique. Selon Bakchich c’est Mediene qui  est à l’origine de la destitution et la mise sous contrôle judiciaire de Mohamed Meziane, président de la Sonatrach (120 000 salariés, 98 % des exportations algériennes, l’équivalent de 60 % des recettes budgétaires de l’Etat) en 2010. Selon Bakchich encore, « à travers le président de la Sonatrach, c’est le ministre du Pétrole, proche de Bouteflika, Chakib Khelil, qui est désormais dans le collimateur », ce qui démontre la puissance de la nébuleuse  militaire, non épargnée par les dissensions, qui dirige l’Algérie depuis 1962. D’ailleurs, Mediene n’est qu’un exemple : Bouteflika, Nezzar, sont d’autres noms à retenir si on s’intéresse au clan au pouvoir.
Toujours dans une perspective historique, la « caste » se maintenait, dans les années suivent l’indépendance, en utilisant son « aura », sa légitimité, intervenant dans tous les domaines, engrangeant les premiers fruits de l’exploitation des hydrocarbures. Le mécontentement de la population devenant trop explosif pour ce groupe privilégié, il a fallu organiser une parodie de démocratie à partir de 1988: le régime, selon Paul Balta, spécialiste de la Méditerrannée, reste en fait « présidentiel » et le président un militaire, malgré un multipartisme de façade. En parallèle, le pouvoir a été accusé de recourir à tous les moyens possibles pour se maintenir. L’entretien mal maîtrisé d’ennemis, à la fois pour obtenir le soutien de pays Occidentaux soucieux de participer à la lutte contre le terrorisme, et profiter de la guerre pour éliminer des opposants, aurait été un outil auquel Mediene aurait eu recours. Il est à ce propos inutile de rappeler le bilan des années noires, le résultat mitigé de la politique de concorde nationale et la persistance des attentats.
Entretenir l’ignorance et l’opacité est en effet, finalement, dans l’intérêt des quelques généraux aux avoirs démesurés à la tête du pays. L’opacité concernant les massacres des années 90, concernant l’attribution des marchés publics comme pour le projet de l’autoroute Est-Ouest, restreignant la liberté économique des Algériens et profitant, l’opacité sur les procédures administratives, encourageant la corruption, sur l’utilisation de la rente gazière, l’opacité sur la répression pour éviter que la contestation se répande –rappelons que les Algériens n’ont pas attendu, en Kabylie ou ailleurs pour se révolter ; profitent aux généraux.
Comment cette ignorance est-elle entretenue ? D’abord en négligeant l’éducation : un secteur en perpétuel chantier, sans moyens, comme le prouvent les grèves permanentes des professeurs. Ensuite, en étouffant le plus discrètement possibles tous les acteurs de la société civile susceptibles d’apporter une information offrant des perspectives à la population. Si l’on prend l’exemple des partis, le Département d’Etat américain note en avril 2010 que «parmi les principaux problèmes de droits humains figurent les restrictions sur la liberté de réunion et d’association, qui ont considérablement affaiblis les activités des partis politiques et la capacité des citoyens à changer le gouvernement de manière pacifique à travers des élections». Par ailleurs, il n’est pas besoin de résumer les pressions et procédés, mise en évidence dans des câbles diplomatiques, utilisés pour présenter la dernière élection comme démocratiques : fausses images, réunions préparées avec les observateurs.
Les médias traditionnels, qui se sont parfois montrés critiques, ne sont pas épargnés : toujours selon le rapport du Département d’Etat américain, « le gouvernement contrôle ainsi la plus grande source de revenus pour la plupart des journaux et utilise ce contrôle pour orienter le contenu dans la presse».
La « caste » a donc changé de stratégie depuis 1962 : des exactions menées par l’armée et coups d’états (1965), à une démarche plus discrète de domination économique et d’étouffement du jeu démocratique. La vingtaine de généraux au pouvoir est de plus en plus contrainte par une perte de légitimité auprès des plus jeunes (qui n’ont pas connu la guerre d’indépendance), une situation sociale explosive  et l’émergence de nouveaux médias. Son seul rempart : le désintérêt de toutes les opinions publiques – le ministre de la solidarité nationale annonçait 7 millions d’algériens à l’étranger en 2008 – nourri par le manque d’information et un flou volontairement maintenu. L’information libre est plus que jamais une nécessité.

Beaucoup d’algériens revendiquent publiquement et en privé le départ du pouvoir algérien. Alors succinctement pourquoi ce pouvoir doit partir en extrême urgence :

y'en a marre de ce pouvoir

– parce que le pouvoir légal est toujours en retrait par rapport au pouvoir réel.  Les responsables politiques du pays, mis au devant de la scène, ne constituent que le pouvoir légal,  ceux qui gouvernent le pays réellement sont derrière le rideau et ne se montrent jamais au grand public. Cela veut dire que ceux qui décident à la place du peuple sont méconnus par ce derniers, ils improvisent au peuple son avenir sans qu’ils ne soient engagés par une quelconque responsabilité politique ou pénale apparentes !

– parce qu’il est illégitime, il est issu de la fraude électorale, qui reste la propriété constante du régime algérien d’une manière générale. Toutes les élections organisées depuis l’indépendance ont été truquées et ses résultats falsifiés. Selon certains témoins, la seule fois où les algériens ont réellement voté, c’était à l’occasion du référendum sur l’indépendance du pays, puisque c’était la seule fois où les résultats officiellement rendus publics par l’administration coloniale confortaient la volonté exprimée publiquement par la majorité des votants,

– parce qu’il a pris le pays en otage depuis déjà des années, à la répression systématique et l’exclusion de tout avis contradictoire, il a additionné l’état d’urgence et l’état de siège, surtout quand des citoyens expriment le vœu de manifester pour dénoncer ses exactions,

– parce qu’il est tribaliste, il ne recrute les hommes sur lesquels il s’appuie pour gouverner le pays que d’une tribu bien déterminée. Certes les pouvoirs successifs du régime ont été toujours régionalistes, déjà depuis le mouvement de libération nationale, mais le pouvoir actuel a franchi un autre pas en optant purement et simplement pour le tribalisme ; et là on ne parle plus de région (Est, Centre, Ouest), plus vaste et qui regroupe plus de départements, mais de tribu, en l’occurrence m’sirda, qui est le super village du président qui offre à l’Algérie actuellement plus de 50% de ses ministres,

– parce qu’il est corrompu, en témoignent le scandale khalifa, que certains n’hésitent pas à qualifier de scandale du siècle, les détournements de sommes astronomiques du projet autoroute Est-Ouest, les scandales de l’entreprise Sonatrach qui fait le plein au régime depuis l’indépendance, et beaucoup d’autres détournements rendus publics, et ceux qui sont cachés, sont naturellement plus importants,

– parce qu’il est répressif et il répond à toute revendication pacifique par la violence. Il ne permet à aucune voie discordante de s’exprimer publiquement sauf celle qui est sous contrôle, donc instrumentalisée à des fins occultes qui servent en finalité l’intérêt du régime,

– parce qu’il ne respecte pas les lois du pays, témoigne l’épisode du changement de la constitution pour s’offrir un pouvoir à vie, mais aussi dans certains cas il ne change pas les lois quand elles le dérangent, il les viole,

– parce qu’il a échoué économiquement, dépendance total du pétrole, pénuries répétitives de médicament, de denrées alimentaires, système éducatif catastrophique, une santé malade…

– parce qu’il a échoué socialement, il a produit plus de pauvres et de chômeurs, après El-harga (les jeunes qui fuient le pays) est venue El-harga (l’immolation par le feu), si  le mot semble être le même, les procédés sont différents, mais la finalité reste aussi la même, puisque dans les deux cas, le jeune algérien, qui se voit humilié et sans avenir probable dans son pays, ne trouve comme issu à son calvaire que la fuite vers l’inconnu. Dans tout les cas, ces jeunes préfèrent l’inconnu, qui n’est pas plus pire, à leurs yeux, que la situation qu’ils vivent dans leur propre pays.

Le câble fleuve sur le délitement du régime algérien. Une analyse sans concession sur les travers des dirigeants de l’Algérie et des maux qui touchent ce pays. Dans ce câble, l’ambassadeur américain relate ses conversations avec plusieurs personnalités d’opposition et une personne proche du pouvoir dont le nom n’est pas connu.

Les sujets traités :

  • Le terrorisme. Les Etats-Unis critiquent très violemment la politique de réconciliation nationale menée par Bouteflika et votée par référendum en 2005. Cette loi amnistie les criminels islamistes et empêche toute poursuite judiciaire contre des membres des forces de sécurité de l’Etat pour des actes commis durant la guerre civile des années 1990. Les Etats-Unis insistent sur l’échec de cette politique en prenant comme exemple l’attentat à la bombe meurtrier du 17 décembre 2007 commis par des islamistes amnistiés. A lire:  Réconciliation sur fond d’incertitudes, rfi.fr, 12/03/2006
  • Le désenchantement de la société Algérienne et en particulier des jeunes. Tous les interlocuteurs de l’ambassadeur critiquent le peu de perspectives qu’offre la société algérienne à ses habitants et en particulier les jeunes, très touchés par le chômage. En 2007, alors que le prix du pétrole est au plus haut, la population algérienne ne profite pas des retombées de cette envolée car les recettes sont détournées. Le constat dressé sur la jeunesse algérienne est sinistre, pointant du doigt l’augmentation du phénomène « harraga », ces immigrés qui tentent de traverser la Méditerranée clandestinement. A lire: L’Algérie ne croit plus aux promesses, le monde diplomatique, février 2009
  • La corruption présente jusqu’au sommet du pouvoir est dénoncée. Ahmed Gaia Salah, chef d’Etat major, est décrit comme le général le plus corrompu. Les frères du président Bouteflika, Said et Abdallah, ne sont pas épargnés non plus. Saïd Sadi, chef du RCD, parti d’opposition, n’hésite pas à comparer Bouteflika et sa clique à Sadam Hussein en parlant de « gang de Tikrit ».
  • Les manoeuvres du clan Bouteflika pour arranger le processus électoral. Sont évoqués le troisième amendement qui a été ratifié pour permettre à Bouteflika de se représenter et la nouvelle loi électorale qui restreint l’accès aux petits partis.
  • Les divisions au sein de l’armée sur le terrorisme, entre partisans d’une politique répressive et ceux de la réconciliation et sur la situation en Algérie qui se détériore.
  • Le double discours des Américains. Très critique en coulisse des manœuvres politiques de Bouteflika, ils épargnent ce dernier en public car ils ne veulent pas se priver d’un partenaire essentiel dans la lutte contre le terrorisme. A lire : Les voeux de Washington, algeria-watch, 28/10/2003

Les protagonistes:

  • Robert Ford, ambassadeur des Etats-Unis en Algérie de 2006 à 2008, il est actuellement en poste à Damas (Syrie). Fin spécialiste du monde arabe dont il maitrise la langue, il parle aussi le Français. Il a également été chef adjoint de mission à Bahreïn de 2001 et 2006 et conseiller politique à l’ambassade des Etats-Unis en Irak de 2004 à 2006.
  • Abdallah Djaballah, leader islamiste, évincé de la tête de son parti dans des circonstances troubles. Selon l’ambassadeur, ce serait le ministère de l’intérieur qui aurait oeuvré à son éviction. Abdallah Djaballah se livre face à l’ambassadeur à un constat sincère et sans concession de la misère de son pays et de la difficulté de s’insérer dans le système politique légal en Algérie.
  • Saïd Sadi, chef du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), parti d’opposition laïc et social-démocrate [A ne pas confondre avec le parti tunisien de Ben Ali] . Très critique vis à vis du régime de Bouteflika et sur la situation sociale en Algérie. Il reproche aussi vivement à l’ambassadeur américain sa réticence à critiquer l’autoritarisme de Bouteflika en public.
  • Ahmed Benbitour, ancien premier ministre de 1999 à 2000. Devant l’ambassadeur, il dénonce l’absence de retombées pour le peuple algérien des ressources supplémentaires apportées par l’envolée des prix du baril. Il a récemment donné une interview à El Watan, déclarant que « la contagion démocratique va toucher l’Algérie« . Il a soutenu la marche du RCD samedi.
  • Leïla Aslaoui, écrivain, féministe, et ancienne ministre. Elle est très farouchement opposée aux islamistes.

N° de Référence Créé le Publié le Classification Origine
07ALGIERS1806 2007-12-19 12:12 2010-12-16 21:09 SECRET Ambassade d’Alger

VZCZCXRO5580
PP RUEHTRO
DE RUEHAS #1806/01 3531206
ZNY SSSSS ZZH
P 191206Z DEC 07
FM AMEMBASSY ALGIERS
TO RUEHC/SECSTATE WASHDC PRIORITY 5022
INFO RUEHFR/AMEMBASSY PARIS 2467
RUEHMD/AMEMBASSY MADRID 8733
RUEHRB/AMEMBASSY RABAT 2078
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RUEHCL/AMCONSUL CASABLANCA 3182
RHMFISS/HQ USEUCOM VAIHINGEN GE
S E C R E T SECTION 01 OF 04 ALGIERS 001806

SIPDIS

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E.O. 12958: DECL: 12/17/2027
TAGS: PINS PGOV AG

OBJET: UN REGIME ALGERIEN FRAGILE ET SOUFFRANT QUI EST A LA DERIVE

2008

REF: A. ALGIERS 1704
B. ALGIERS 1618
C. ALGIERS 1237
D. ALGIERS 1658

Classifié Par: Ambassadeur Robert Ford; raisons 1.4 (b) and (d).

1. (C) RESUME: Les discussions récentes avec d’anciens officiels du gouvernement algérien, des leaders d’opposition de longue date et des journalistes dépeignent un tableau d’un régime algérien qui est fragile comme il ne l’a jamais été auparavant, miné par un manque de vision, des niveaux de corruption sans précédents et la division qui gronde au sein de la base de l’armée. Nos contacts algériens sont souvent très grincheux, mais en ce moment nous en entendons plus que les inquiétudes récurrentes à propos de l’incapacité du gouvernement algérien ou de son manque de volonté à s’attaquer aux problèmes économiques politiques, économiques et de sécurité. Les attentat à la bombe le 11 décembre à Alger [NLDR: Ce double attentat revendiqué par l’AQMI aurait tué entre 30 et 72 personnes et fait 177 blessés] , exécutés par deux hommes amnestiés sous la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale [NDLR : loi d’aministie sur les crimes commis pendant la guerre civile entre les islamistes et l’Etat algérien. La charte empêche également toute poursuite judiciaire des forces de sécurité algériennes], ont déclenché de vifs débats à propos de la politique de réconciliation Bouteflika pour protéger le pays. Le débat oppose les partisans d’une stratégie offensive et nécessaire contre la menace terroriste contre ceux qui comme Bouteflika croient encore qu’une amnistie a un rôle à jouer. L’image d’un président isolé, d’un processus de réforme qui stagne et d’une approche confuse du terrorisme vient au moment où les manœuvres à l’intérieur du gouvernement pour maintenir Bouteflika pour un troisième mandant sont en pleine ébullition. Nous voyons pas d’explosion à venir. A la place, nous voyons un gouvernement à la dérive et incertain devant la voie à suivre. FIN DU RESUME

L’ETAT ALGERIEN A LA DERIVE [SHIP OF A STATE ADRIFT]
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2. (C) Le 3 décembre, le leader du parti d’opposition Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) [NLDR : A ne pas confondre avec le parti de l’ancien président tunisien Ben Ali, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique], Saïd Sadi a présenté une vue d’ensemble assez sombre du régime algérien, disant qu’il tenait vouloir conserver le contrôle du pays mais manquait de vision et de compétence. Sadi a prévenu que dans le contexte actuel de stagnation des réformes politiques et économiques, les institutions algériennes étaient en train de se ronger de l’intérieur, perdant la plupart de ses meilleurs travailleurs et fonctionnaires. L’ancien leader du parti islamiste al-Islah.

Abdallah Djaballah

Abdallah Djaballah, ancien chef du parti islamiste Al-Islah

Abdallah Djaballah, qui a été évincé de la direction du parti avec un soutien actif du ministère de l’intérieur, nous a fait remarquer que le 17 décembre le phénomène harraga (ref A), ces jeunes qui fuient dur des radeaux de fortune vers l’Europe, ne se cantonnait plus seulement désormais aux jeunes pauvres sans emploi. Dhaballah a vu des jeunes qui avaient le choix «entre mourir en mer et mourir de manière lente et progressive lente à la maison» vu les très faibles débouchés dans l’économie stagnante du pays. Sadi nous a raconté qu’il était choqué de trouver autant d’Algériens éduqués et originaires de la classe moyenne au Québec et aux Etats-Unis lors de ses derniers voyages. «Ces gens sont le future de l’Algérie», a dit Sadi.

3. (C) XXXXXXXXXXXX, nous a raconté le 17 décembre qu’en ce qui concerne la réconciliation nationale, les attentats à la bombe du 11 décembre ont fortement divisé les services de sécurité algériens, avec un nombre plus important de voix en faveur d’une politique plus dure. XXXXXXXXXXXX a dit que le régime n’avait pas de stratégie unique et précise pour combattre le terrorisme, ce qui a été prouvé par l’indécision sur la façon de traiter les amnisties de prisonniers en vue comme Hassan Hattab (ref B). Selon Sadi et XXXXXXXXXXXX, les Algériens ordinaires, qui ont déjà perdu confiance dans l’agenda des réformes politiques et économiques, perdent maintenant la foi dans la capacité du gouvernement à les protéger. Laila Aslaoui, une ancienne ministre, une activiste des droits des Femmes et écrivain, a raconté à l’ambassadeur au diner du 18 décembre que la plus grande partie de la société algérienne était démobilisée contre la menace terroriste. C’était scandaleux que le ministère de l’intérieur savait que la cour suprême était une cible et n’a rien fait pour améliorer la sécurité du bâtiment ou avertir le public, a-t-elle prétendu. Elle a été impitoyable sur les propos du ministre de l’intérieur qui avait déclaré qu’il était impossible de fournir une protection totale contre les attentats à la bombe, s’interrogeant pourquoi le gouvernement algérien ne poursuivait pas plus énergiquement en justice les individus suspectés d’actes terroristes. Le gouvernement algérien a demandé à Mme Aslaoui le 17 décembre de les aider à organiser une marche contre le terrorisme. Dans les années 1990, elle a dit qu’elle n’aurait pas hésité. Maintenant, elle remarque avec amertume qu’elle ne ferait rien pour aider le gouvernement algérien à justifier sa politique de sécurité. XXXXXXXXXXXX

Leïla Aslaoui

XXXXXXXXXXXX a raconté à l’ambassadeur le 17 décembre qu’il y a un fossé croissant entre les besoins essentiels auxquels doivent faire les Algériens ordinaires et ce qu’ils perçoivent du gouvernement en termes de salaires et de qualité de vie. Du coup, a-t-il dit, moins d’Algériens sont prêts à aider le gouvernement. D’après la sagesse populaire, a-t-il dit, si vous devez faire des affaires dans un ministère, allez-y puis partez aussitôt et restez à l’écart.

4. (C) D’un autre côté, Djaballah nous a raconté que le désenchantement répandu vis à à vis de la volonté du gouvernement de partager le pouvoir avec les islamistes a en fin de compte poussé les islamistes algériens à écouter les appels aux boycotts par son parti ainsi que les autres partis islamistes à boycotter les élections locales du 29 novembre. Ils ont compris, a-t-il dit, que la nouvelle loi électorale (ref C) [NDLR: La nouvelle loi électorale durcit les conditions d’accès aux élections pour les petits partis] a été élaborée dans le but de les marginaliser et de maintenir la coalition au pouvoir [NLDR: l’Algérie est gouverné par une coallition tri-partite appelée «l’alliance présidentielle», le Front de Libération Nationale (FLN), parti historique de l’indépendance, le Rassemblement National Démocratique (RND) plutôt de droite, et le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) qui est islamiste]. La restriction l’espace politique ne fera que renforcer l’extrémisme,a-t-il prévenu. L’ambassadeur a dit à Djaballah que les Etats-Unis étaient en faveur d’une libéralisation politique en Algérie mais que nous comprenons aussi que cela doit se faire de manière progressive. Les Etats-Unis ne veulent pas d’un retour à la violence comme dans les années 1990 et qu’ils oeuvrent avec le gouvernement algérien contre ceux qui activement cherchent [à ce que l’Algérie y retourner]. [L’ambassadeur] a salué les efforts de Djaballah pour participer au système politique légal. Le point crucial, a souligné l’ambassadeur, est que bien que l’évolution politique soit lente, elle doit être constamment dirigée vers la libéralisation. Djaballah a salué ces propos et a apprécié que l’on soulève les problèmes du processus électoral avec le gouvernement algérien.

image de Verdad'Z Blog

UN « GANG DE TIKRIT » DOMINANT
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5. (C) Commentant la stabilité du pays, XXXXXXXXXXXX a souligné que les Algériens «ont vécu bien pire que ça», et que les divisions internes ne devaient pas être considérées à tort comme une preuve d’instabilité. Le régime, a fait remarqué XXXXXXXXXXXX, fait passer la stabilité avant tout, et par conséquent, il est à la fois fragile et stable à la fois. XXXXXXXXXXXX est d’accord avec l’analogie que Sadi a fait devant nous et publiquement devant la presse, comparant le gouvernement de Bouteflika à « un gang de Tikrit» qui pointe du doigt le fait qu’un nombre disproportionné de ministres et de généraux viennent de la même région dans la province de Tlemcen à l’ouest du pays dont est originaire le président Bouteflika. (En effet, une grande partie de son entourage proche vient de la petite ville de Nedroma). La loyauté de ce gang, selon XXXXXXXXXXXX et Sadi, est essentielle pour maintenir la stabilité, comme pour Saddam Hussein en Irak. [NLDR: Saddam Hussein était un dictateur impitoyable qui a gouverné l’Irak d’une main de fer de 1979 à 2003, année où il a été renversée par l’armée américaine. Il a été pendu après avoir été reconnu coupable d’avoir organisé un massacre d’un village habité par la minorité kurde]

carte algérie

SADI: «DEFENDONS NOTRE JEUNESSE»
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6. (C) Sadi nous a mis en garde contre les dangers à long terme du silence persistant des Etats-Unis sur ce qu’il percevait comme être une détérioration de la démocratie algérienne, comme l’ont montré les élections locales. Du point de vue de Sadi, le soutien de l’extérieur est essentiel à la survie de la démocratie et à l’engagement productif de la jeunesse algérienne – 70% de la population – dans la vie politique et économique. Si les Etats-Unis sont vus comme complice d’élections de façade et de la réforme de la constitution pour autoriser Bouteflika à concourir pour un troisième mandat, a-t-il prévenu, ils risquent de perdre la jeune génération dans l’avenir.

Saïd Sadi, leader du RCD parti d'opposition

7. (C) L’ambassadeur a rappelé à Sadi nos vains efforts pour maintenir un programme du National Democratic Institute [NLDR: think-tank américain qui promeut la démocratie dans le monde] en Algérie que le ministère de l’intérieur délibérément fermé; peu de partis politiques ont insisté pour maintenir le programme. Il a fait remarqué à Sadi que nous avions entendu d’autres partis politiques demander un plus grand soutien public des Etats-Unis, et a exhorté le RCD et d’autres partis algériens de faire entendre leurs voix. Les Etats-Unis seraient crédibles à appeler à enlever les obstacles à la libéralisation seulement si les partis politiques eux mêmes s’expriment haut et fort. Etant donné l’absence de commission internationale pour surveiller les élections, l’ambassadeur a conseillé à Sadi d’envisager au plus tôt des requêtes publiques pour que des observateurs internationaux soient présents aux élections présidentielles de 2009.

LA STABILITÉ DANS LES MAINS D’UNE ARMÉE DIVISÉE…
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8. (S) Sadi, qui entretient des contacts dans l’armée algérienne et les services de sécurité nous a dit que l’armée n’était désomrmais plus unie comme elle l’avait il y a encore quelques années, a-t-il dit. Deux courants dissidents émergent, a-t-il dit. Le premier est parmi les jeunes officiers qui savent que l’Algérie ne va pas bien et accusent la vieille garde de négligence et de mauvaise gestion. Le second courant identifié par Sadi se trouve parmi les hauts officiers de l’armée, entre ceux favorable une politique plus répressive concernant la sécurité et le contre-terrorisme (les «éradicateurs» [NLDR: en français dans le texte]) et ceux encore alignés sur la politique de réconciliation nationale de Bouteflika. XXXXXXXXXXXX, dont le frère est un officier de l’armée, a dit le 17 décembre qu’il avait des colonels dans l’armée algérienne qui pensent que la dérive actuelle ne peut plus continuer. La question, murmura XXXXXXXXXXXX, est s’ils peuvent s’organiser.

9. (S) Sadi nous a parlé à la fin d’une conversation qu’il avait eu récemment avec le général Toufik Mediene, le chef du DRS (les services de renseignement militaire) [NLDR: Le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), dirigée depuis sa création en 1990 par Toufik Mediene, est régulièrement accusée d’être un organe répressif] qui est considéré par la plupart comme une figure clé de la garantie du contrôle de la population par le régime et de sa survie. Il a dit que Mediene savait que la santé de Bouteflika n’était pas terrible et celle de l’Algérie non plus. Cependant, selon Sadi, Mediene a dit qu’il avait besoin de s’assurer qu’une alternative politique «serait viable» et, par conséquent ne déstabiliserait pas le pays. Sadi a dit que beaucoup d’officiers de haut-rang commençaient à se demander s’il pouvait faire sortir complètement l’armée de la scène politique sans peur d’un châtiment public pour les abus passés durant la guerre civil.

…PENDANT QUE LA CORRUPTION ET LE PRIX DU PÉTROLE ATTEIGNENT DES SOMMETS
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10. (S) Sadi, Djaballah, XXXXXXXXXXXX et de nombreux autres contacts nous ont raconté que la corruption a atteint des niveaux sans précédent sous le régime actuel. Comme il a été rapporté dans la ref D [NDLR: câble non disponible sur wikileaks], le parti au pouvoir, le FLN, est résolu à labourer le terrain pour un troisième mandat de Bouteflika, a cherché à installer des fonctionnaires locaux dans les tractations électorales fondées sur la loyauté au dépens même des compétences.

Ahmed Benbitour

Ahmed Benbitour

Avec des prix du pétrole record, l’ancien ministre des finances et premier ministre Benbitour [NLDR : premier ministre de décembre 1999 à Août 2000]a raconté à l’ambassadeur en novembre, qu’il y avait moins d’intérêt pour le régime à mettre en place ces réformes plus que nécessaires. Les prix élevés du pétrole rapportent des revenus incroyables au pays, nous a dit Benbitour, mais les gens ordinaires n’en voient aucune retombée sur leur vie quotidienne. (En effet, Benbitour a publiquement repris une expression que nous voyons souvent dans les médias maintenant: l’Algérie est riche, mais les gens sont pauvres. Le leader islamiste Djaballah a repris aussi cette expression devant nous le 17 décembre).

suicide en algérie

L'Algérie est riche mais les Algériens sont pauvres

La corruption, selon XXXXXXXXXXXX, a atteint des proportions hallucinantes, même à l’intérieur de l’armée. Il a cité le lieutenant général Ahmad Gaid Salah, chef d’Etat major, comme peut être l’officiel le plus corrompu de l’appareil militaire, fait confirmé par d’autres contacts. Quand Sadi a évoqué le problème de la corruption au General Mediene, a dit Sadi, Mediene connaissait le problème. Montrant silencieusement le portrait de Bouteflika accroché au-dessus de leur tête, il a dit à Sadi que la corruption était répandue jusque dans les plus hautes instances du gouvernement. (Commentaire : beaucoup de contacts de l’ambassade pensent que le président Bouteflika lui même n’est pas particulièrement corrompu, mais ils montrent du doigt sans hésiter les frères du président, Said et Abdallah, comme étant particulièrement avides. L’armée algérienne a entre-temps lancé un programme anti-corruption qui est ambitieux par rapport aux normes algériennes mais qui a laissé le sommet du pouvoir relativement indemne. Fin du commentaire)

COMMENTAIRE: UN RÉGIME SOUFFRANT, UN PRÉSIDENT SOUFFRANT
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11. (S) Nos contacts algériens sont souvent très grincheux, mais en ce moment nous en entendons plus que les inquiétudes récurrentes à propos de l’incapacité du gouvernement algérien ou de son manque de volonté à s’attaquer aux problèmes économiques politiques, économiques et de sécurité. Les attentat à la bombe le 11 décembre à Alger [NLDR: Ce double attentat revendiqué par l’AQMI aurait tué entre 30 et 72 personnes et fait 177 blessés] , exécutés par deux hommes amnestiés sous la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale [NDLR : loi d’administie sur les crimes commis pendant la guerre civile entre les islamistes et l’Etat algérien. La charte empêche également toute poursuite judiciaire des forces de sécurité algériennes], ont déclenché de vifs débats à propos de la politique de réconciliation Bouteflika pour protéger le pays. Les attentats à la bombe et les débats sur comment endiguer l’extrémisme islamiste commencent à nous rappeler les violentes disputes dans la société algérienne pendant le pic de violence des années 1990. Ces contacts sont d’accords que bien que les années 1990 ont montré que la plupart des Algériens peuvent supporter une douleur très grande, les attentats à la bombe du 11 décembre ont mis à nu le manque de vision et de compétence du régime à gérer ces pressions. Nous commençons à entendre des échos d’un débat à l’intérieur de quelques cercles de l’établissement militaire d’un débat de plus en plus clivé sur la réconciliation nationale qui a débouché sur la question de la viabilité du gouvernement de Bouteflika lui-même.
Selon nos contacts, la stabilité reste la première priorité même parmi les officiels de bords opposés sur ce débat, bien qu’ils voient la stabilité ne réside pas dans la capacité de Bouteflika à diriger le pays mais dans un appareil militaire qui semble réaliser que leur en incombe la responsabilité de maintenir le régime. Le nouvel élément est l’insistance du premier ministre Belkhadem et de l’appareil du FLN, probablement sous l’impulsion des frères de Bouteflika si ce n’est la président Bouteflika lui même, de convenir d’un amendement constitutionnel et d’un troisième mandat. Sadi, un médecin, a dit que Bouteflika et l’Algérie elle-même étaient dans une situation critique et qu’ils dépérissaient. Selon Sadi (qui pourrait ou ne pourrait pas savoir), Bouteflika est en phase terminale d’un cancer de l’estomac, et le régime ment sur la table d’opération, s’avançant peu à peu vers un point de non retour se comportant comme des «chirurgiens non entrainés». En attendant, le gouvernement semble incapable de redynamiser l’économie stagnante et les Algériens, en particulier les jeunes, qui sont moroses et sans espoir sur le destin de leur pays à la dérive pour cette nouvelle année.

FORD

Ce câble traite des pratiques de l’entreprise pétro-gazière russe Gazprom, en situation de monopole. Sont évoqués la coupure du gaz en Ukraine le 1/01/2009 et les hauts-tarifs pratiqués aux consommateurs européens. logo de gazprom

N° de référence Créé le Publié le Classification Origine
08MOSCOU2816 2008-09-19 07:07 2011-01-05 11:11 CONFIDENTIEL Ambassade de Moscou
Le câble apparaît dans ces articles:
http://www.spiegel.de/

VZCZCXRO6521
PP RUEHFL RUEHKW RUEHLA RUEHROV RUEHSR
DE RUEHMO #2816/01 2630748
ZNY CCCCC ZZH
P 190748Z SEP 08
FM AMEMBASSY MOSCOW
TO RUEHC/SECSTATE WASHDC PRIORITY 0052
INFO RUCNCIS/CIS COLLECTIVE PRIORITY
RUEHZL/EUROPEAN POLITICAL COLLECTIVE PRIORITY
RUEHXD/MOSCOW POLITICAL COLLECTIVE PRIORITY
RHEHNSC/NSC WASHDC PRIORITY
RHMFISS/DEPT OF ENERGY WASHINGTON DC PRIORITY
C O N F I D E N T I E L SECTION 01 OF 02 MOSCOU 002816

SIPDIS

DEPT FOR EUR/RUS, FOR EEB/ESC/IEC GALLOGLY AND WRIGHT
EUR/CARC, SCA (GALLAGHER, SUMAR)
DOE FOR FREDRIKSEN, HEGBORG, EKIMOFF

E.O. 12958: DECL: 09/15/2018
TAGS: EPET ENRG ECON PREL PINR RS
OBJET : UN OFFICIEL DE GAZPROM DÉCRIT L’ENTREPRISE COMME UN MONOPOLE SOCIALISTE RENTIER

REF: MOSCOW 2802

Classifié Par: le conseiller aux affaires économiques Eric T. Schultz pour les raisons 1.4 (b/d)

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RESUME
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1. (C) Le directeur des relations étrangères de Gazprom, Ivan Zolotov, nous a dit le 12 septembre que les trois premières priorités de l’entreprise étaient : satisfaire la demande intérieure de gaz, remplir ses «obligations sociales», et maximiser le contrôle sur les ressources intérieures et internationales de pétrole et de gaz. Zolotov s’est dit confiant à propos du contrôle des ressources qui devrait finalement compenser la perte de valeur de 200 milliars de dollars que l’entreprise a du supporter. Il a dit que Gazprom est fermement opposé à la concurrence de d’autres companies russes à l’exportation de gaz vers l’Europe [NDLR: Le 5/07/06, le parlement russe a accordé à Gazprom le monopole des exportations de gaz vers l’Europe], ce qui pourrait faire diminuer les prix.
Zolotov n’a apporté aucune considération au fait qu’il était difficile de rencontrer un haut-responsable de son service », ajoutant que la plupart d’entre eux n’étaient pas formés pour s’entretenir avec des fonctionnaires étrangers mais que l’entreprise n’a aucune intention d’engager des gens dans ce but
Finalement, il a montré son optimisme sur la situation ukrainienne, déclarant qu’il n’y aurait pas de problèmes cet hiver.
Fin du résumé
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Le ministère du gaz
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2. (C) Pendant une longue réunion dans l’élégante tour de Gazprom, une ville à l’intérieure de la ville comme Zolotov l’a décrit, avec des représentants d’ambassades occidentales et des officiels, nous avons interrogé le principal interlocuteur de Gazprom pour identifier les deux ou trois premières priorités de la société. Dans une réponse inhabituellement franche, Zolotov a dit que Gazprom avait deux fonctions essentielles: satisfaire les besoins en gaz des industries et des particuliers, et remplir ses «obligations sociales», ce qui incluse une grande variété, effectivement, de projets caricatifs à travers le pays.

siège social de Gazprom

le siège social de gazprom où s'est tenu la réunion entre un représentant de l'ambassade américaine et le directeur des relations étrangères de Gazprom, Ivan Zolotov

3. (C)Quand nous lui avons fait part que la plus grande partie des firmes multinationales de l’Ouest aurait probablement cité la maximisation de la valeur actionnariale ou des parts de marché comme buts de la société, Zolotov a ajouté une troisième priorité – maximiser le contrôle sur les ressources énergétiques mondiales. Il a suggéré que ce contrôle sur les ressources. Il a sous-entendu que le contrôle des ressources était un but équivalent à la maximisation de la valeur actionnariale, parce que cela augmente le patrimoine de l’entreprise, qi est la clé de la profitabilité à long terme.

4. (C) Zolotov a reconnu que la forte descente des cours sur les marchés boursiers russes depuis mai, et plus particulièrement depuis le 7 Août, a eu des effets catastrophiques sur la valeur actionnariale de Gazprom. [NLDR: les cours des actions ont baissé à la bourse de Moscou après la guerre russo-géorgienne dans un contexte de forte crise financière marquée par la baisse des cours des matières premières, ce qui a entrainé une baisse des recettes de Gazprom, pour plus d’infos lisez cet article] L’entreprise valait plus de 380 millions de dollars à son apogée , il y a quelques mois, et maintenant elle vaut moins de 150 millions de $ – soit une plongeon ahurissant de la capitalisation boursière de l’entreprise de 200 millions de £. Zolotov s’est dit confiant dans le contrôle des réserves de gaz et de pétrole qui permettraient finalement de compenser la perte de valeur.

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Le monopole défend des prix élevés
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5. (C) En décrivant ses priorités, Zolotov semblait apprécier que Gazprom ne soit pas une entreprise comme les autres, notant que la transition avec son prédécesseur, le ministère du Gaz, n’a pas été complètement effectuée. Il a également été franc sur la façon dont Gazprom usait de sa position de monopole en pratique. Par exemple, quand il a été interrogé sur les efforts récents (ref A) de forcer Gazprom à autoriser l’accès aux pipelines à des tiers [third-party access, TPA], Zolotov a dit que l’accès en lui même n’était pas un problème. En effet, il a indiqué que d’ici 15 à 20 ans, environ 30% de la production de gaz en Russie relèvera d’acteurs indépendants.

6. (C) Zolotov a ajouté, cependant, que Gazprom s’oppose au partage de l’accès à l’exportation à travers des compensations monétaires ou des connections physiques. Il a expliqué que le monopole à l’exportation de Gazprom est nécessaire pour défendre les prix élevés pratiqués auprès des consommateurs européens. Il a dit que la TPA [third-party access ou accès aux tiers] ne pouvait s’appliquer à l’exportation «parce que nous ne pouvons pas laisser du gaz russe entrer en concurrence avec du gaz russe; cela entrainerait une diminution des prix en Europe»

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MOSCOW 00002816 002 of 002

SEULEMENT DEUX INTERLOCUTEURS; ET ILS SONT OCCUPÉS
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7. (C) Zolotov a aussi expliqué pourquoi il était si difficile d’avoir des rencontres avec des représentants de l’entreprise pour des visiteurs de haute-importance. Selon Zolotov, dans une une entreprise de plus de 400 000 salariés, seulement deux – le PDG Alexey Miller, et le vice-président Alexander Medvedev
[NLDR: A ne pas confondre avec Dimitri Medvedev, le président russe] – ont les compétences pour de telles réunions. Il a dit que peu d’autres, si ce n’est aucun, avaient les connaissances requises, l’authorité, et les compétences diplomatiques pour de telles réunions.

le PDG et le vice-président de Gazprom

Alexeï Miller le PDG de Gazprom et Alexander Medvedev, le vice-président

8. (C) Cependant Zolotov a dit, que les deux hommes étaient constamment en train de voyager, et qu’il était difficile de prendre rendez-vous avec eux, même des réunions prévues pouvaient être annulées au dernier moment. En guise d’exemple, Zolotov a cité la visite récente à Moscou du ministre de l’énergie québecois [NDLR: le 19 septembre 2008, une délégation québecoise s’est rendue en Russie pour négocier des contrats dans le cadre de la «mission Russie 2008»]. En dépit du désire de Gazprom de négocier avec le Québec, il n’a pas pu obtenir une réunion pour le ministre ni avec Miler ni avec Medvedev. Zoloto, cependant, a écarté le besoin de personnel pour mener un tel travail de communication disant «nous n’allons pas embaucher quelqu’un juste pour une réunion avec le ministre de l’énergie du Québec».

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UKRAINE
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9. (C) Sur l’Ukraine, Zolotov a montré son optimisme sur la situation ukrainienne, déclarant qu’il n’y aurait pas de problèmes cette année dans les négociations des prix et des contrats [NLDR: La Russie a finalement coupé le gaz à l’Ukraine le 1er janvier 2009]. Il a dit qu’il y avait même un espoir pour un contrat portant sur plusieurs années pour empêcher le coup de stress [hand-wringing] annuel sur les échanges de gaz entre la Russie et l’Ukraine.

Poutine par Pistremovic, 2009

Gazprom est souvent critiquée pour être le bras économique armé, du premier ministre russe, Poutine, comme dans le différent russo-ukrainien sur le gaz en 2009. Caricature de Pistremovic, 2009

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COMMENTAIRE
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10. (C) Nos propres observations de Gazprom s’accordent avec la description candide de Zolotov – un monopole rentier, qui cherche à contrôler les ressources partout où c’est possible, et avec un sens relativement simpliste des responsabilités vis à vis des actionnaires autre que l’Etat [NLDR: Gazprom est la compagnie pétro-gazière la moins généreuse en dividendes]. Peut être le meilleur espoir pour faire avancer Gazprom vers un modèle plus compatible avec les définitions modernes d’un monde d’affaires mondial concurrentiel est de continuer et d’étendre les contacts avec les partenaires occidentaux. Fin du commentaire.

Beyrle