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Après El Kasba 1, et la chute du gouvernement Ghannouchi 1, après El Kasba 2 et la chute de Ghannouchi lui-même, c’est prêt, c’est arrivé la saison 3 de  » el kasba » bientôt sur nos écrans, nos murs facebooks, dans nos têtes et dans nos cauchemars. la saison 3 d’El Kasba est prête pour une sortie prévue le vendredi 1 avril, à moins que ça soit un poisson d’avril.Ils avaient prévenu, ou plutôt averti, quand ils avaient décidé de mettre  fin à “Kasbah 2“… Si vous y retournez, nous y retournerons! Depuis le 22 mars, estimant que les décideurs politiques n’ont pas tenu leurs promesses, les “sit-inners“ ont décidé d’occuper à nouveau la Place du gouvernement à La Kasbah. Pourtant,  »Kasbah 3 » semble curieusement fade par rapport aux deux moutures précédentes, car elle n’a ni leur popularité, ni leur nombre impressionnant manifestants et pour finir, une couverture médiatique beaucoup moins importante.
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Une semaine plus tard, voulant manifestement porter “Kasbah 3“ à un nouveau seuil de popularité digne des deux premières, ceux qui se sont donnés le nom des “Ahrâr“ (libres, émancipés) ont décidé de prendre la médiatisation de leur mouvement en main, si l’on ose dire!

Dpeuis le imanche 27 mars, une foule de plus en plus dense se presse devant le Théâtre municipal jusqu’à déborder du large trottoir alors que des tribuns se succèdent en haut des escaliers pour haranguer la foule de manifestants et les passants. Le ton est haut, amplifié par le porte-voix à batterie que l’on voit désormais,leurs revendications, criées devant ces centaines de Tunisiens qui les écoutaient ce dimanche, commencent par des reproches:  »Nous vous avons accordé notre confiance… mais à certaines conditions. Mais vous n’avez tenu aucune promesse! » Suit une énumération consciencieuse de ces reproches: “Vous n’avez pas porté devant la Justice les éléments policiers qui ont commis le crime de tirer et de tuer les martyrs, vous nous avez servis une ‘duperie’ en ce qui concerne la dissolution de la Police politique, vous avez laissé brûler les dossiers de ces criminels, vous avez donné audience au projet de l’occupation européenne et nous noyant dans l’endettement, vous avez permis l’ingérence étrangère au sein des affaires internes de la Tunisie…

Les tribuns “Ahrâr“ ont cependant tenu à souligner, en se suivant en haut des escaliers face à la foule grandissante, un reproche spécifique sur l’ex-RCD: “Vous avez tout simplement parcellisé le ‘Rassemblement CD’ en une foule d’autres ‘Rassemblements’ sous d’autres couleurs. Vous avez accordé des visas de partis politiques à des criminels au lieu de les traduire en justice“.

Les  »Ahrâr de Kasbah 3 » ont également tenu à informer la foule sur le fait qu’ils ont été agressés le 24 mars mais que cela ne les empêcherait aucunement d’aller au bout de leur promesse au Gouvernement “Si vous retournez, nous  retournerons!“. Ils ont ainsi interpelé la foule pour venir grossir les rangs d’une immense manifestation prévue dans quelques jours devant le Théâtre municipal, établissant le niveau de leur espérance à pas moins d’un million de manifestants: “Nous avons rendez-vous le vendredi 1er avril pour signifier votre adhésion à la continuité de ‘Kasbah 3’ à partir d’ici
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Comme chaque samedi depuis le 12 Février et malgré la pluie battante ce matin sur Alger. Des manifestants, entre 300 et 500 personnes selon le journaliste de DNA-Algérie ont tenté d’organiser une nouvelle marche à laquelle a appelé la coordination nationale pour le changement (CNCD), version partis politiques, ces manifestants scandaient des slogans hostiles au pouvoir tels que « Houkouma Irahabiya », « A bas la répression, vive la liberté d’expression », « Pouvoir dégage »….

Les policiers ainsi que des véhicules anti-émeute qui encerclaient la Place du 1er Mai à Alger centre dés la levée du jour ont réussit à disperser les manifestants par usage de la force, ils n’ont pas hésité à bousculer et rudoyer ces femmes et hommes venus manifester pacifiquement selon le journaliste du journal autonome El watan.

Le président du RCD Said Sadi et l’activiste des droits de l’homme Ali Yahia Abdenour n’ont pas pu parvenir à la place du 1er mai.  Le véhicule qui transportait les deux hommes du  boulevard Bouguerra à El Biar vers la place du 1er mai été pris dans un embouteillage monstre au niveau du musée du Bardo, un embouteillage provoqué par les forces de police pour éviter que les deux hommes n’arrivent à la place du 1er mai avant 11 heures, heure à laquelle la marche devait démarrer selon le reporter de DNA-Algérie.

Vers 11 h 30, les forces de sécurité ont réussi à totalement disperser les manifestants.

Les nouvelles venant d’Alger ne sont guère rassurantes. D’après les informations en direct du journal el watan, on parle de centaines d’arrestations.

10h30 : Said Sadi est bousculé par les policiers, qui bastonnent tout le monde sans distinction.

Des jeunes, des voyous, selon des témoins, chauffés à blanc, scandant des slogans pro Bouteflika, foncent sur les manifestants, sous l’oeil des policiers, qui ont laissé faire.

10h20 : Les policiers chargent le groupe de manifestants. Des membres de la coordination sont arrêtés et d’autres tabassés. Fodil Boumala, Sadali du Satef, entre autres sont embarqués au commissariat. De nombreuses femmes aussi.

10h10 : Un groupe d’une vingtaine de personne s’est constitué en face des manifestants et commencent à crier des slogans pro Bouteflika. Une contre marche que les policiers laissent faire.

10h00 : Près de 300 manifestants, pour la plupart des jeunes au cotés de Bouchachi, Ali Yahia Abdenour, Said Sadi et d’autres membres de la coordination pour le changement démocratique, sont rassemblés à la station de taxi derrière le ministère de la jeunesse et des sports. Les policiers ont cessé la matraque, tout en maintenant l’encerclement des manifestants.

9h45 : Plusieurs personnes viennent d’être arrêtées, dont une journaliste de la presse étrangère, à la place du 1er Mai. Les coups de matraques pleuvent sur de nombreux manifestants. Personne n’est épargné.

Un autre député du RCD, Lila Hadj Arab, un journaliste Kader sadji, et une trentaine d’autres manifestants sont conduits au commissariat du 8eme arrondissement, à coté de l’hopital Mustapha.

9h30 : Environ 200 manifestants sont rassemblées derrière le ministère de la jeunesse et des sports. Ils sont encerclés par les forces anti émeutes, qui leur bloquent le passage vers la place du 1er Mai.

9h20 : Said Sadi, Ali Yahia Abdenour et d’autres personnalités politiques et syndicales font leur apparition à la place du 1er mai. Ils sont immédiatement cernés par des policiers qui les empêchent de bouger.

9h15 : Une cinquantaine de personnes arrêtées par des policiers devant l’hopital Mustapha et conduits au commissariat, parmi eux quatre députés du RCD, Aider Arezki, Mohcene bellabes, Tahar Besbes, Mazouz Athmane

Le siège du RCD à la rue Didouche Mourad encerclé par des dizaines de policiers.

Un trafic ferroviaire suspendu, des gares fermées, des bus au compte-gouttes, des barrages fixes installés un peu partout, une ciruclation routière perturbée, en ce samedi 12 février, Alger ressemble à un établissement pénitentiaire surveillé soigneusement par les sAervices de sécurité.

30 000 policiers sont déployés dans la capitale pour donner des coups de matraque sur tout ce qui bouge et arrêter tous les opposants qui souhaitent manifester. Voilà une vidéo assez impressionnante du dispositif répressif déployé à Alger:

Actuellement des manifestants sont rassemblés entre la place du 1er mai et le ministère de la jeunesse et des sports.

manifestation alger 12 mai

rassemblement de manifestants place du 1er mai avant que la police charge sur le groupe, photo des envoyés spéciaux algériens

Pour ceux qui ne connaissent pas Alger voilà une carte de la place du 1er mai et des environs:

place du 1er mai Alger, google map

place du 1er mai, lieu des manifestations, image google map

Un important dispositif policier a été déployé depuis plusieurs jours déjà à Alger. Des manifestations de joie pour saluer le départ de Moubarak ont été réprimées et la foule a été dispersée. Des militants du RCD, parti d’opposition social-démocrate, ont voulu sortir du siège du parti pour manifester leur joie mais la police les en a enempêché. Actuellement des manifestants essaieraient de les rejoindre.

manifestation pour saluer le départ de Moubarak dispersée à Alger, photo du groupe facebook les envoyés spéciaux algériens

manifestation pour saluer le départ de Moubarak dispersée à Alger après 17h, photo du groupe facebook les envoyés spéciaux algériens

On note également que des bus à destination d’Alger ont été interceptés et que des militants des droits de L’Homme ont été arrêtés.

Ce câble met en avant la suspicion générale (par les partis d’opposition, l’ONU et certaines ambassades) d’une manipulation du taux de participation aux dernières élections présidentielles algériennes, en avril 2009. Il y a d’abord un rapide rappel des résultats (Bouteflika ayant récolté plus de 90 % des voix), puis le câble dévoile certaines manigances du gouvernement pour masquer la manipulation, entre autres l’hypothèse de l’utilisation d’images d’archives par la chaîne d’Etat afin de créer l’illusion d’un grand nombre d’électeurs à la télévision.

La suite résulte surtout d’un dialogue entre l’Ambassadeur des Etats-Unis en Algérie et un responsable de l’équipe d’observation de l’ONU (Abdool Rahman). Il est fait part des stratégies du gouvernement algérien pour éviter que certaines réunions n’aient lieu et pour en infiltrer d’autres. L’ONU évoque également les pressions du gouvernement pour qu’ils approuvent le processus de vote publiquement, ainsi que les moyens pour l’en convaincre (notamment l’organisation de réunions avec des citoyens dont les déclarations n’ont en fait rien de spontané, mais où tout est préparé à l’avance).

Les principaux protagonistes/organisations

  • Abdelaziz Bouteflika, actuel Président de l’Algérie (pour la troisième fois consécutive)
  • Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et l’un des fondateurs des services secrets algériens
  • L’ONU (Organisation des Nations Unies), notamment représentée dans ce câble par Abdool Rahman
  • Le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), parti politique d’opposition algérien
Numéro d’identification Créé le Publié le Classification Origine
09ALGIERS370 2009-04-13 19:07 2011-01-22 21:09 CONFIDENTIEL Ambassade d’Alger
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  9. RUEHNK/AMEMBASSY NOUAKCHOTT PRIORITY 6738
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  12. RUCNDT/USMISSION USUN NEW YORK PRIORITY 0544
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SUJET : Bouteflika réélu dans un concours parfaitement organisé.

REF: A. ALGIERS 337

B. ALGIERS 331

C. ALGIERS 147

Algiers 00000370 001.14 of 004

Classifié par : DCM Thomas F. Daughton, raisons 1.4(b) et (d).

Résumé ————————–

1. (C) Sans surprise, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a été élu pour un troisième mandat le 9 avril [2009] lors d’une élection soigneusement chorégraphiée et lourdement contrôlée, avec des résultats officiels qualifiés de « Brezhnevians » par le leader de la principale opposition [NDLR : vient de Léonid Brejnev, en anglais Brezhnev]. Le ministre de l’Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni a annoncé lors d’une conférence de presse le 10 avril que 74,54 % des plus de 20 millions d’électeurs admissibles ont voté, avec Bouteflika recevant 90,24 % des votes. Les partis d’opposition et les candidats vaincus ont indiqué un taux de participation réelle entre 18 et 55 %, tandis que des observations informelles d’ambassades ont indiqué que la grande majorité des bureaux de vote étaient vides dans la capitale, avec une participation réelle de 25-30 % au plus. Une déclaration conjointe d’équipes d’observation de l’Union Africaine, la League Arabe et l’Organisation de la Conférence Islamique a rapidement proclamé l’élection « équitable et transparente », mais les observateurs de l’ONU ont refusé de participer à cette déclaration malgré les pressions du gouvernement algérien pour qu’ils le fassent. Leurs préoccupations, présentées dans un rapport privé destiné au Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon, illustrent un système dans lequel les partis d’opposition et la société civile sont dos au mur et les citoyens ont peu à voir avec un processus politique de plus en plus détaché de la société. Avec le maintient sécurisé de Bouteflika sur le pouvoir, l’Algérie est aujourd’hui confrontée à un besoin urgent de dialogue entre la population et l’État, une situation qui laisse les observateurs de l’ONU profondément inquiets sur la suite des évenements. FIN DU RÉSUMÉ.

La « majorité écrasante » de Bouteflika ————————-

Bouteflika

¶2. (C) Le ministre de l’Intérieur Zerhouni a officiellement déclaré le Président Bouteflika vainqueur de l’élection du 9 avril lors d’une conférence de presse dans un hôtel à Alger le 10 avril, fermant le dernier chapitre sur la candidature du Président pour un troisième mandat rendue possible par la révision du 12 Novembre de la constitution, supprimant la limite du nombre de mandats présidentiels. Zerhouni a proclamé que 74,54 % des 20 millions d’électeurs algériens inscrits sont allé voter le jour précédent, fournissant une victoire écrasante pour le candidat sortant. Après le décompte du vote final, Zerhouni a dit que Bouteflika avait reçu 90,24 % des votes, suivi par la candidate du Parti Travailleur (PT) Louisa Hanoune avec un lointain 4,22 %, le Front National Algérien (FNA) de Moussa Touati avec 2,31 %, El Islah avec Djahid Younsi 1,37 %, Ali Fouzi Rebaine de l’Ahd 54 avec 0,93 %, et Mohamed Said du Parti non enregistré pour la Liberté et la Justice (PLJ) en dernière place avec 0,92 %.

¶3. (C) Comme beaucoup d’observateurs l’avaient prédit ici avant les élections (ref A), le taux de participation officiel a suscité plus de controverses que le résultat de l’élection lui-même. Deux heures après la fermeture des votes le jour de l’élection, Zerhouni a annoncé un taux de participation de 74,11 %, le revisitant légèrement à la hausse le jour d’après. La télévision d’État (ENTV) et les pages du journal du régime El Moudjahid ont montré des images de foules d’électeurs faisant la queue devant les bureaux de vote d’Alger. Mais d’anecdotiques rapports d’activité de votants ont suggéré que le chiffre de Zerhouni est grandement exagéré. Certains de nos employés locaux ont noté que la foule de votants des médias de l’État apparaissait habillée pour un temps froid, alors que le 9 avril a été globalement chaud et ensoleillé, suggérant que les fonctionnaires aient utilisé des images d’archive des précédentes élections. Le parti d’opposition du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a accusé le Ministre de l’Intérieur d’avoir transporté dans plusieurs bureaux de vote des électeurs fidèles comme des policiers habillés en civil pour créer une illusion correspondant au taux de participation désiré. XXXXXXXXX nous a dit que les bureaux de vote qu’il a visité avec un journaliste français étaient presque vides. Dans un cas, il a rencontré un chômeur qui a dit qu’il votait parce qu’on lui avait dit de présenter sa carte d’électeur pour obtenir un passeport. Une femme dans un autre bureau de vote a dit à XXXXXXXX qu’elle était là pour rendre visite à sa fille, qui était fonctionnaire [dans ce bureau], mais qu’elle n’avait pas l’intention de voter.

4. (C) Les partis d’opposition ayant boycotté les élections et les candidats perdants ont donné des taux de participation compris entre 18 et 55 %. XXXXXX nous a dit que les observateurs de son parti pensaient que 25 % était un chiffre plus précis pour la capitale, comparé aux 64,76 % proclamés par le Ministre de l’Intérieur. Le ministère des affaires étrangères avait refusé d’autoriser les agents d’Ambassades à observer le processus de vote, mais le personnel des Ambassades a observé informellement le vote dans plus de 30 bureaux de vote à travers la capitale et a vu passer seulement une poignée d’électeurs pendant et en dehors des heures de pointe. Certains employés ont été en mesure d’obtenir des statistiques informelles par des amis ou des proches travaillant dans des bureaux de vote. Dans un bureau de vote du quartier CEM Pasteur dans le centre d’Alger, 74 des 214 électeurs ont voté, donc un taux de participation de 34 %. Le décompte donnait 48 votes pour Bouteflika, 9 pour Lousia Hanoune, 5 pour Said et un pour Rebaine, Touati et Younsi chacun. Les électeurs ont détruit 10 bulletins de vote, généralement considérés comme « vote blanc » ou vote de protestation. Dans un autre bureau de vote du même quartier, 85 des 281 électeurs ont voté, avec 21 votes nuls. Ces pourcentages anecdotiques miroitent ce que l’équipe de contrôle de l’ONU nous avait dit avoir observé le 11 avril. Dans un bureau où les observateurs de l’ONU étaient présent, 120 des 345 électeurs inscrit ont voté (34 %) ; 75 % des votes, ont-ils-dit, étaient pour Bouteflika et 20 % des votes étaient nuls.

Objections des perdants ——————-

¶5. (C) Chacun des candidats perdants ont exprimé des doutes publics par rapport aux chiffres officiels de participation, tout en se résignant aux résultats. Fouzi Rebaine a accusé le gouvernement de gonfler les chiffres de votants et a dit qu’il pourrait facilement accepter la défaite si les chiffres étaient « réels ». Rebaine a menacé de remplir une plainte auprès de l’ONU au lieu de la Commission Nationale des Elections Algériennes, affirmant que les institutions algériennes reliées aux élections manquaient de crédibilité. Djahid Younsi a qualifié les résultats de l’élection de rien de moins que « miraculeux », et a estimé que la participation était proche de 25 %. La candidate Louisa Hanoune du PT pensait avoir gagné au moins 30 % des votes, et a ajouté que le taux de participation officiel donnait de l’Agérie l’impression d’une « république bananière ». Le chef des trois responsables de la mission de suivi de l’ONU, M.I. Abdool Rahman, nous a dit le 11 avril que sa mission était « tout à fait certaine » que quelque chose n’allait pas après avoir reçu des vagues d’allégations de fraude des partis d’opposition, mais le manque de détails a rendu impossible la description du type de fraude ou  la façon dont elle s’est produite. L’exemple le plus détaillé de manipulation de vote que nous avons reçu vient d’un employé de l’Ambassade qui a observé un appel téléphonique dans lequel un fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur disait à un employé de bureau de vote de gonfler le nombre de bulletins de votes déposés au cours de la journée. Quand le bureau de vote a fermé, la police du Ministère de l’Intérieur a présentée à l’employé du bureau de vote un protocole de vote à signer, avec un chiffre largement supérieur et des noms qu’il n’avait tout simplement pas vu dans la journée.

Drapeau noir du RCD

¶6. (C) Il y a eu d’autres signes d’efforts du gouvernement pour gérer l’optique du processus et garder les voix dissidentes à l’écart du public. Un agent de l’Ambassade a vu un soldat en uniforme faire gratter les posters de boycott du mur extérieur du Siège du parti FFS par un jeune Algérien à Alger le 10 avril au matin, avant même l’annonce officielle des résultats. S’attaquant à la campagne du RCD voulant faire du 9 avril une « journée de deuil national », Zerhouni a dit lors de la conférence de presse du 10 avril que les activistes du RCD devront faire face à la justice, notamment pour avoir remplacé le drapeau algérien au dessus de leur Siège par un drapeau de deuil noir. Sa déclaration a apparemment ouvert la voie à un raid de commando sur le Siège du RCD dans El Biar, organisé par le maire d’Alger Tayeb Zitouni, qui a dirigé un petit groupe d’hommes lançant des cailloux et tentant d’escalader les murs du RCD pour atteindre le drapeau noir. Le leader du RCD Said Saadi nous a dit le 11 avril que les résultats de l’élection étaient « Brezhnevian » et que les membres du RCD avaient réussi à contrecarrer l’attaque du 10 avril.

Incidents de sécurité ——————

7. (C) Il n’y a pas eu d’incident de sécurité majeur dans la capitale (où une présence exceptionnellement lourde de la sécurité était visible) mais il y a eu des rapports de violences isolées dans d’autres régions à travers le pays. Le cas le plus sérieux reporté était un kamikaze dans la ville de Boumerdes (30 miles à l’Est d’Alger) déclenchant une bombe dans un bureau de vote, tuant deux officiers de police. Fait notable, aucun électeur n’a été blessé dans l’attaque. A Tamait, dans la région Est de Bejaia, deux groupes d’opposition politique ont créé une bagarre à proximité d’un bureau de vote, causant l’interruption des votes. A Tizi Ouzou, un groupe de jeunes Algériens boycottant les élections s’est précipité dans un bureau de vote et détruit trois boîtes de bulletins de vote. Quand la police est intervenue, l’un des officiers a été blessé par un cocktail Molotov lancé par un des jeunes durant la confrontation. A Bouira, un groupe de jeunes hommes a mis le feu à un bureau de vote. La presse locale a également reporté des explosions de petites bombes à Skikda, Tipaza, Tebessa, Tizi Ouzou et Larbaa Nath Irrathen dans la région de Kabylie.

Une manœuvre parfaitement orchestrée ————————

ONU

¶8. (C) La gestion gouvernementale des activités les jours précédant l’élection et le jour de l’élection lui-même démontrent une stratégie soigneusement orchestrée afin de contrôler le processus en utilisant des règles de procédures complexes pour maintenir l’apparence extérieure de la transparence (ref A). Abdool Rahman de l’ONU nous a dit le 11 avril que le cadre juridique de l’Algérie était propice aux fraudes : « Pour chaque préoccupation que nous relevions, le gouvernement pouvait invoquer une loi dans l’ elecTnQ;g1fEQUxwQ[action [NDLR : tel quel dans le câble], «Nous n’avons pas eu beaucoup de bonnes conversations ». Abdool Rahman et ses collègues ont dit que la première faiblesse du processus était la crédibilité du gouvernement à être un acteur impartial. Il a noté qu’il n’y avait pas de rôle pour la société civile, ou de consultation avec des parties prenantes en dehors du gouvernement ou de l’administration de Bouteflika. Même l’institution chargée de recevoir les plaintes des candidats et des électeurs, la Commission Nationale de Surveillance des Elections Présidentielles (CNES), a été formée par le gouvernement et son chef nommé par le Président Bouteflika. « La société civile aurait du être à la tête ». Abdool Rahman a dit qu’il avait soulevé ces points lors d’une conversation avec le vice-président du Conseil Constitutionnel, qui était d’accord sur le fait que les partis d’opposition devraient être plus représentés dans les institutions électorales. Une autre préoccupation soulevée par l’équipe de l’ONU était que les candidats, à l’exception de Bouteflika, n’ont eu accès aux médias que durant la période de la campagne officielledu 19 mars au 7 avril. Abdool Rahman a ajouté que tout au long les partis boycottant les élections ont été interdit de parole. L’observateur de l’AU Calixte Mbari a partagé la préoccupation de l’ONU concernant l’accès aux médias : « C’est vraiment dommage que nous n’ayons pas pu être là pour voir l’environnement médiatique de la pré-campagne », nous a-t-il dit, « ça aurait été intéressant ».

9. (C) Abdool Rahman a dit que sa mission avait été entravée par les efforts du gouvernement pour contrôler ses réunions et utiliser la présence de la mission pour rendre l’histoire électorale officielle. Il a noté qu’en dehors de ses réunions liées aux élections, il n’avait rencontré que des missions étrangères des Etats-Unis ou de l’Union Européenne au cours de ses visites à Alger, quelque chose a-t-il dit que le gouvernement avait activement essayé d’éviter. Abdool Rahman a dit que les autorités algériennes avaient obligé un changement d’horaire pour éviter une réunion à l’Ambassade durant la visite de l’équipe mi-mars. Il a fait remarquer qu’un fonctionnaire du MFA [Ministry of Foreign Affairs, soit Ministère des Affaires Etrangères] avait même tenté de participer à une réunion interne de l’équipe du pays de l’UNDP, ainsi qu’à une réunion privée à l’Ambassade française. « Nous avons du lui dire non poliment », a-t-il dit. Aux réunions organisées par le gouvernement, le membre de l’équipe Tadjoudine Ali-Diabacte a dit qu’il était difficile de parler à des gens « réels ». Il s’est plaint que l’équipe ait été forcée d’assister à la mise en scène d’une réunion de la société civile à Tizi Ouzou et d’écouter les déclarations déjà écrites à l’avance sur l’équité de l’élection. Nous avons eu l’expérience d’une situation similaire lorsque l’Ambassadeur a tenté de répondre le 10 avril au leader de la Mission d’Observation de l’AU, Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique. Après avoir à l’origine convenu d’une réunion à 9h15, l’équipe de l’AU nous a informé que la réunion était décalée à 10h00, heure à laquelle Zerhouni devait donner les résultats de l’élection. Nous avons attendu 15 minutes pour voir Chissano, tout ça pour voir la réunion interrompue au bout d’environ cinq minutes par un fonctionnaire du MFA qui a annoncé à Chissano qu’il était convoqué à la conférence de presse de Zerhouni, qui a finalement eu lieu à 11h30.

Recommandations pour le futur ——————————

Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies

¶10. (C) Abdool Rahman a dit que sa mission ne ferait pas de commentaire public sur l’élection. Il a noté que la déclaration du ministère le 10 avril exprimait une « préoccupation » concernant ces élections « très forte », mais a ajouté que son équipe était d’accord. Il a dit que la décision de la mission de l’ONU de ne rien dire a clairement ennuyé le MFA. « Ils ont mis beaucoup de pression sur nous pour faire une déclaration conjointe avec l’AU, AL et OIC ». Abdool Rahman nous a dit que son équipe allait rédiger un rapport pour l’UNSYG [United Nations Secretary General] Ban Ki-Moon qui soulignerait les problèmes abordés aussi bien que les aspects positifs de l’élection. Abdool Rahman pensait qu’aucune décision n’avait été prise concernant la mesure dans laquelle le rapport pourrait être rendu public, ni sous quelles formes ses recommandations pourraient être transmises aux Algériens. Nous avons conseillé l’équipe de l’ONU que les critiques publiques étaient généralement contre-productives ; cependant, nous pensons que le gouvernement considèrerait sérieusement les commentaires faits en privé, même si la critique n’est pas bienvenue. Abdool Rahman a suggéré que l’USUN New York pourrait obtenir une copie du rapport de la mission en contactant le bureau du SYG directement à un certain point dans les prochaines semaines.

11. (C) Abdool Rahman a prédit que leurs recommandations souligneraient le besoin de faire progresser la liberté d’expression et de créer un dialogue plus ouvert entre les citoyens, la société civile et le gouvernement. « Il doit y avoir une certaine séparation entre le gouvernement et l’administration » a-t-il souligné. Il a ajouté que la présence de plus d’observateurs nationaux aurait pu améliorer le processus. Fort de son expérience ailleurs en Afrique, le RESREP de l’UNDP Mamadou Mbaye a commenté « Si les dirigeants peuvent être élu sans cet élément essentiel, alors nous devrions être inquiets concernant l’avenir ici ». Ali-Diabacte a réitéré les remarques de ses collègues, disant que « Cinq ans ce n’est pas beaucoup de temps ; il y a un besoin de dialogue maintenant. Je ne vois pas d’autres alternatives. ».

Procédures à mettre en évidence ———————–

12. (C) Il y a eu de bonnes pratiques à souligner, selon les observateurs de l’ONU. Le registre informatique des électeurs algériens était convivial et facilement accessible dans les bureaux de vote. S’ils ne l’avaient pas déjà fait avant les élections, les Algériens pouvaient présenter une pièce d’identification valide et obtenir une carte d’électeur sur place. Ali-Diabacte a ajouté que les fonctionnaires des bureaux de vote étaient bien formés et rapides pour répondre aux questions des électeurs. Le mode de scrutin lui-même était simple, peu couteux et efficace. Une autre dynamique important de l’élection, a souligné Abdool Rahman, était le sentiment de sécurité et une absence générale de violence.

Commentaire ———————

13. (C) La disparité entre la participation officielle et ce que la personne moyenne a vu le 9 avril a conduit beaucoup de gens à se gratter la tête sur la façon dont le gouvernement espérait légitimer une telle exagération des chiffres. Dans l’éditorial du 12 avril, le quotidien francophone Liberté se demande si l’inflation du taux de participation ne pourrait pas finalement délégitimer le processus électoral sur lequel le gouvernement avait travaillé si dur pour le mettre en place. Plutôt que de montrer que l’Algérie est sur la voie vers plus de démocratie, les commentateurs ont craint que le 9 avril ne soit davantage un retour au système algérien de parti-unique.  Durant ce temps, alors que Bouteflika a fondé son troisième mandat sur la continuité, nous avons entendu des allusions de son mécontentement du statut quo et de reconnaissance de l’affaissement du système politique sous son propre poids (ref C). Avec la société civile et l’opposition sur les cordes, le contrôle de Bouteflika sur le système paraît sûr, mais sans vision discernable d’une future politique progressiste. Sans révéler une telle vision dans les dialogues entre citoyens, société civile, partis d’opposition et gouvernement, le destin des 72 % de désillusionnés de la population algérienne en dessous de l’âge de 30 ans reste un mystère, et avec elle, la stabilité du pays à long terme. Comme le dit Mbaye de l’ONU, l’Algérie est « assise sur un volcan ». Nous allons continuer de passer au crible les possibilités de supporter les réformes, et devrions nous préparer à donner notre opinion franche mais privée des progrès de l’Algérie le long du chemin.

Pearce

Tout d’abord, il faut noter l’actualité de ce weekend. Les milieux d’opposition sont en effervescence depuis l’annonce d’une grande manifestation pour le 12 février à Alger par l’opposition (voir l’appel du CNCD). Des milliers de groupes apparaissent sur facebook, des plus pacifistes jusqu’aux plus radicaux appelant à une révolution à la tunisienne ou à l’Égyptienne, et le groupe de l’opération algeria est passé en quelques jours de 1000-3000 vues quotidiennes à 7000-10 000 vues. En Algérie, l’actualité a été marquée ce weekend par une manifestation à Bejaia, en Kabylie le 29 janvier, organisée par le parti d’opposition social démocrate, Rassemblement pour la Culture et Démocratie (RCD), bien implanté en Kabylie.  D’après un témoin contacté par l’opération leakspin,

une manifestation pacifique a eu lieu a Bejaia le 29/01/2011, elle a drainer environ 2000 personnes entre sympathisants du rcd et simples citoyens non structurés , les manifestants ont scander des slogans anti gouvernement et ont appeler a la levée de l’etat de siege, aucun debordement n’a eu lieux et apres un meting improviser devnt le siege de la wilaya de Bejaia lesmanifestants se sont disperser dans l’ordre

(orthographe restitué tel quel)

manifestation bejaia 29 janvier

slogans anti-gouvernement à la manifestation de Bejaia organisée par le RCD, parti d'opposition bien implantée en Kabylie

manifestation de Bejaia le 29 janvier

Vous pouvez retrouver sur la page facebook des envoyés spéciaux algériens, l’album photo de la manifestation.

On note malheureusement que les immolations continuent. Il s’agit de jeunes pour la plupart, mais on note le cas d’un père qui a tenté de s’immoler sur son lieu de travail avec sa fille, handicapée moteur, à Staouéli, à l’est d’Alger. Des collègues ont pu empêcher l’Homme de se transformer en torche vivante. (lire l’article de l’expression)

La contestation étudiante reconnait une recrudescence, ainsi El Watan a parlé d’une marche importante de plusieurs milliers d’étudiants à Tizi Ouzou. Les étudiants dénoncent la réforme de l’éducation en cours, le manque de perspectives d’embauche et l’absence d’Etat de Droit. Ils ont été rejoints par les lycéens et le parti d’opposition, RCD. Les étudiants de l’Institut de nutrition, d’alimentation et des technologies agro-alimentaires (INATAA) à Constantine, en grève depuis 5 semaines, ont eux aussi décidé d’organiser une marche pour demain.

AG à l'INATAA-Constantine

Assemblée Générale d'étudiants à l'institut national d'alimentation et des technologies agro-alimentaires le 1er février

A Tazgaït, dans un village déshérité et isolé du willaya de Mostaganem, les habitants ont décidé de fermer la mairie pour protester face à l’incurie de l’administration face aux problèmes de la population (manque d’eau, chômage, réseau routier en mauvais état, transports en commun défaillant etc…). source : El Watan

D’importantes grèves sont annoncées pour demain (texte pris sur la page facebook des envoyés spéciaux algériens) :

Une série de grèves doit débuter aujourd’hui en Algérie avec des mouvements du personnel paramédical et de l’éducation qui réclament des augmentations de salaires alors que l’opposition vient d’appeler à une marche à Alger pour demander « le départ du système ».

Le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) a appelé aujourd’hui le personnel paramédical des hôpitaux et des polycliniques à observer dès demain une grève de deux jours pour faire pression sur le ministère de la Santé. « Un service minimum sera assuré dans les principaux établissements hospitaliers. Quelque 90.000 salariés sont concernés par ce mouvement », a précisé à l’AFP le responsable du SNAP.

Les personnels du corps commun du ministère l’éducation envisagent de leur côté de se rassembler le 14 février devant le siège de leur ministère à Alger.

Ils réclament notamment une augmentation de salaire et une hausse de la prime de rendement.

Les chômeurs prévoient pour leur part le 6 février un mouvement de protestation devant le siège du ministère du Travail à Alger où ils comptent déposer une plate-forme de revendications, toujours selon El Khabar.

L’annonce de ces movvements intervient alors que la toute nouvelle Coordination nationale pour le changement et la démocratie, qui regroupe des mouvements d’opposition et organisations de la société civile, a appelé à une marche le 12 février à Alger.

(orthographe restitué tel quel).

La machine s’emballe et n’est pas prête de s’arrêter.