Articles Tagués ‘CNCD’

Le cadavre d’Ahmed Kerroumi, âgé de 53 ans, professeur d’université et militant de la CNCD d’Oran, a été retrouvé ce samedi 23 avril à 13 heures –heure locale-, cinq jours après sa disparition au siège du parti politique MDS situés dans le quartier du Plateau à Oran par un militant du même parti politique.

d’Ahmed Kerroumi -professeur d’université et militant de la CNCD-

d’Ahmed Kerroumi -professeur d’université et militant de la CNCD-

Dépêcher sur les lieux, une équipe de la police criminelle a entamé une enquête sur cette mort tragique, interrogé par le journaliste de TSA, un haut responsable de la police confirme « Une enquête a été ouverte. La police criminelle, le procureur de la République et la police scientifique se sont rendus sur les lieux de la découverte du corps…, L’enquête est en cours, on ne peut rien dire encore sur les circonstances de la disparition, puis de la mort du professeur Kerroumi  ». Selon le journaliste du journal Elwatan, la voiture du défunt Ahmed Kerroumi n’a toujours pas été retrouvée par les enquêteurs de la police, par ailleurs, aucune trace d’effraction n’a été constatée au bureau du MDS où a été retrouvé le cadavre du militant et enseignant universitaire Ahmed Kerroumi.

PV de la police sur la disparition d'Ahmed Kerroumi

PV de la police sur la disparition d'Ahmed Kerroumi

Quelques jours avant sa disparition, le professeur Kerroumi s’est entretenu avec le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression, Frank La Rue sur la situation des droits de l’homme en Algérie, et même les lenteurs incompréhensibles de la police dans le traitement de la disparition de Mr Ahmed Kerroumi depuis le mardi 19 Avril, poussent les proches du militant à privilégier la piste d’un enlèvement suivie d’un assassinat à cause de ses activités politiques.

Une demi-heure avant l’horaire fixé pour la marche à laquelle a appelé la CNCD‑Oran, une centaine de personnes ont été interpellées, dont une dizaine de journalistes exerçant dans différents organes de presse privée. Ils ont été « cueillis » l’un après l’autre, ce qui suppose que les services de police étaient instruits de les empêcher coûte que coûte d’exercer leur métier. En effet ces derniers ont à maintes reprises exhibé leurs cartes professionnelles et autres ordres de mission, signifiant de vive voix aux agents de police qui procédaient à leur arrestation qu’ils étaient là dans le cadre de l’exercice de leur  profession.

caricature prise sur le site la revolucionvive.org

caricature prise sur le site la revolucionvive.org.ve

En dépit de cela, ils furent embarqués dans des fourgons de police et conduits au niveau de plusieurs commissariats de la ville.
Par ailleurs les journalistes arrêtés tiennent à dénoncer, de la manière la plus vive, le fait  qu’ils aient été désignés sur place, les policiers ayant  fait appel à la « collaboration » d’un journaliste connu par toute la profession pour ses accointances avec les services de renseignements. Les journalistes victimes d’entraves  graves, dénoncent énergiquement cet abus de pouvoir, contredisant les prétendus discours faisant état d’une liberté de la presse en Algérie.
Liste des organes des journalistes arrêtés ce jour samedi 5 mars à Oran :
– Le Soir d’Algérie
– Liberté
– Le Quotidien d’Oran
– El Watan
– L’Expression
– La Tribune
– La Voix de l’Oranie

Marche de la coordination nationale pour le changement et la démocratie – CNCD –(parties politiques)  à Alger et Oran.

La CNCD, a choisi une nouvelle stratégie d’action. Trois rassemblements étaient organisés à Alger ce matin à 11 H00 (10H00 GMT)   pour faire chuter le régime en Algérie, une qui devrait partir du cartier Ain El Benian (15 km d’Alger vers la place des martyrs centre d’Alger), la deuxième, du cartier populaire El Madania –Ex Salambier- en direction du siège de la télévision  national juger comme outil de propagande du régime Algérien et une dernière qui commença d’Hussein Dey – quartier populaire qui se situe à 6 km est d’Alger vers la place 1 mais –Centre d’Alger-, plus une autre marche à Oran (2eme ville en Algérie, 450 km ouest d’Alger).

A Hussein Dey, ils n’étaient qu’une trentaine de manifestants devant le nouveau palais de justice, encadrés par un nombre identique de policiers. Il y avait parmi eux Ali Yahia Abdennour, le président d’honneur de la LADDH.

Dans le quartier d’El Madania, le dispositif policier était bien plus impressionnant. Les arrestations ont été opérées avant le début de la marche. Les policiers étaient munis de photos et venaient interpeller directement les personnes qu’ils recherchaient. Les arrestations étaient musclées. Les manifestants, quelques dizaines, ont été pris à partie par une cinquantaine de personnes pro‑Bouteflika. Ces derniers agitaient au‑dessus de leur tête des portraits du président et scandant des slogans favorables à Bouteflika ont lancé des pétards et d’autres projectiles contre les responsables du RCD.

A Ain Benian, en milieu de matinée, une vingtaine de personnes étaient rassemblées devant la grande mosquée. Vers midi, l’endroit du rassemblement était déjà vide. La police a réussi à disperser les manifestants.

La marche de la CNCD à Oran, qui devait partir de la Place du 1er Novembre (ex‑Place d’Armes) en direction du siège de la wilaya a été brutalement empêchée par la police, déployée en force. Selon des sources concordantes -TSA-ALGERIE, plusieurs personnes interpellées parmi eux  figurent des militants de la CNCD Oran et aussi des journalistes venus couvrir l’événement (7 journalistes selon ESA -envoyés spéciaux Algérie-), et conduites dans des commissariats d’Oran pour les libérer après audition des heures après.

Le gouvernement algérien a annoncé qu’il supprimerait l’état d’urgence dans les jours qui viennent, information que tous les médias ont repris bêtement en boucle sans réfléchir. En effet, cela fait depuis le début du mois de février que la suppression de l’état d’urgence dans « un avenir proche » est annoncé. Le futur proche ne cesse de se rallonger et la répression des mouvements d’oppositions en faveur des droits civiques continuent. Avant-hier, une manifestations d’étudiants devant le ministère de l’intérieur a été violemment réprimée.

manifestations d'étudiants alger 21/02/11

manfestation d'étudiants devant le ministère de l'enseignement supérieur à Alger le 21/02, qui a été violemment réprimée. Photo des envoyés spéciaux algériens

Bien sur l’Algérie n’est pas la Libye, on se permet au mieux que l’individu soit hospitalisé, mais il ne faut pas qu’il meurt, ce serait trop voyant et on pourrait s’indigner dans la communauté internationale. La répression algérienne est moins violente qu’en Tunisie, en Egypte ou en Libye mais elle est plus sournoise. Le gouvernement fait semblant de faire des concessions pour satisfaire la communauté internationale, mais en réalité, il ne fait que mieux réprimer le mouvement de contestation qui gronde dans le pays. Les 300 opposants arrêtés le 12 février ont été relâchés dans les jours qui suivent, mais cela ne signifie pas pour eux la fin des ennuis, bien au contraire. Certains sont poursuivis simplement pour avoir pris des images des manifestations, le témoignage d’un ancien contact de l’opération leakspin est assez éloquent:

salut moi aussi je suis dans la merde je ne pe pas t’ajouté je suis fliqué ils mon arrété lundi soir j’ai passé un sale quart d’heur et je serai présenté inssessament au procureur pour avoir filmé des émeute le méme jour j’ai filmé les CRS et leur camion anti émeute le fameux moustache [NLDR: orthographe restitué à l’identique]

Aujourd’hui, ce contact a préféré coupé les liens pour préserver sa sécurité. Nous sommes sans nouvelles de lui. Je n’ai pas trouvé de chiffres sur les poursuites entamées par la justice algérienne mais je pense que cela ne doit pas être négligeable.

Il semble que cette stratégie d’usure du gouvernement algérien porte ses fruits. Bien que le mouvement étudiant continue, les échecs des manifestations des deux derniers samedis se font lourdement ressentir sur le moral des opposants. La Coordination Nationale  pour le Changement et la Démocratie (CNCD) qui fédérait une grande partie de l’opposition toutes tendances politiques confondues, vient de se scinder en deux (lire l’article d’el watan à ce sujet). Face à un pouvoir autoritaire unie, l’opposition démocrate est divisée et affaiblie. Seul le mouvement étudiant semble encore tenir bon avec des universités qui restent mobilisées comme aujourd’hui à l’université de Bouzereah.

manifestation le  23 février à Bouzereah

manifestation le 23 février à l'université de Bouzereah à Alger

Au final, les violations des droits de l’Homme en Algérie sont ignorées tandis que les regards sont tournés vers la Libye. Les gouvernements européens qui n’auront cessé de faire preuve de lâcheté pendant les révolutions arabes par leur tiédeur voir même leur complicité comme dans le cas de la France. Une fois de plus Paris s’illustre par son soutien à un régime autoritaire. Raffarin, ancien premier ministre français, envoyé par le président Sarkozy pour aller discuter Bouteflika, a dit sur Europe 1 avoir parlé d’économie mais visiblement, il n’a pas parlé de Droits de l’Homme:

Raffarin veut parler de choses concrètes, soit. Donc parlons de choses concrètes. L’Algérie est classée 109e au classement des pays les moins corrompus par Transparency international. La corruption est un frein évident au développement car l’argent public est détourné de son but initial, l’investissement dans des infrastructures publiques, pour aller dans la poche des dirigeants qui le plus souvent vont dépenser les sommes volées au peuple dans des produits de luxe ou de l’immobilier à l’étranger. Pas besoin d’avoir un doctorat en économie d’harvard pour comprendre que l’argent qui fuit à l’étranger n’ira pas alimenter le développement algérien. La corruption du système algérien est entretenue par un système autoritaire qui permet à des généraux de se maintenir en place par la force.  Tant que le pillage de l’Algérie continuera empêchant une juste répartition des revenus, le développement de l’Algérie et donc la créations d’emplois « choses concrètes » seront considérablement freinés. Raffarin aurait mieux fait de lire l’analyse d’un membre du groupe facebook Algérie pacifique à ce sujet:

Le conseil des ministres vient d’accoucher d’une souris. On dirait ces ministres avec leur président ne vivent pas en Algérie ou plutôt considère leur peuple immature et ne comprend rien à la politique. Ils nous disent qu’ils ont construit des millions de logements alors la crise continue à frapper des millions de jeunes sans logements. Ils disent qu’ils ont créé des milliers d’emplois et de PME alors que des millions de jeunes avec ou sans diplômes souffrent du chômage. Ils disent qu’ils ont construit beaucoup de routes, tout le monde voit l’état dans lequel se trouvent nos routes, ils disent avoir une politique de santé, alors que tout le monde voit la réalité de nos hôpitaux et la disparition répétée de médicaments. Ils disent avoir une politique de l’agriculture alors la réalité ils importent tout de l’extérieur. La seule réalité vraiment réelle de ce pouvoir est qu’il est menteur, rentier, tribaliste et corrompu.

Les nouvelles venant d’Alger ne sont guère rassurantes. D’après les informations en direct du journal el watan, on parle de centaines d’arrestations.

10h30 : Said Sadi est bousculé par les policiers, qui bastonnent tout le monde sans distinction.

Des jeunes, des voyous, selon des témoins, chauffés à blanc, scandant des slogans pro Bouteflika, foncent sur les manifestants, sous l’oeil des policiers, qui ont laissé faire.

10h20 : Les policiers chargent le groupe de manifestants. Des membres de la coordination sont arrêtés et d’autres tabassés. Fodil Boumala, Sadali du Satef, entre autres sont embarqués au commissariat. De nombreuses femmes aussi.

10h10 : Un groupe d’une vingtaine de personne s’est constitué en face des manifestants et commencent à crier des slogans pro Bouteflika. Une contre marche que les policiers laissent faire.

10h00 : Près de 300 manifestants, pour la plupart des jeunes au cotés de Bouchachi, Ali Yahia Abdenour, Said Sadi et d’autres membres de la coordination pour le changement démocratique, sont rassemblés à la station de taxi derrière le ministère de la jeunesse et des sports. Les policiers ont cessé la matraque, tout en maintenant l’encerclement des manifestants.

9h45 : Plusieurs personnes viennent d’être arrêtées, dont une journaliste de la presse étrangère, à la place du 1er Mai. Les coups de matraques pleuvent sur de nombreux manifestants. Personne n’est épargné.

Un autre député du RCD, Lila Hadj Arab, un journaliste Kader sadji, et une trentaine d’autres manifestants sont conduits au commissariat du 8eme arrondissement, à coté de l’hopital Mustapha.

9h30 : Environ 200 manifestants sont rassemblées derrière le ministère de la jeunesse et des sports. Ils sont encerclés par les forces anti émeutes, qui leur bloquent le passage vers la place du 1er Mai.

9h20 : Said Sadi, Ali Yahia Abdenour et d’autres personnalités politiques et syndicales font leur apparition à la place du 1er mai. Ils sont immédiatement cernés par des policiers qui les empêchent de bouger.

9h15 : Une cinquantaine de personnes arrêtées par des policiers devant l’hopital Mustapha et conduits au commissariat, parmi eux quatre députés du RCD, Aider Arezki, Mohcene bellabes, Tahar Besbes, Mazouz Athmane

Le siège du RCD à la rue Didouche Mourad encerclé par des dizaines de policiers.

Un trafic ferroviaire suspendu, des gares fermées, des bus au compte-gouttes, des barrages fixes installés un peu partout, une ciruclation routière perturbée, en ce samedi 12 février, Alger ressemble à un établissement pénitentiaire surveillé soigneusement par les sAervices de sécurité.

30 000 policiers sont déployés dans la capitale pour donner des coups de matraque sur tout ce qui bouge et arrêter tous les opposants qui souhaitent manifester. Voilà une vidéo assez impressionnante du dispositif répressif déployé à Alger:

Actuellement des manifestants sont rassemblés entre la place du 1er mai et le ministère de la jeunesse et des sports.

manifestation alger 12 mai

rassemblement de manifestants place du 1er mai avant que la police charge sur le groupe, photo des envoyés spéciaux algériens

Pour ceux qui ne connaissent pas Alger voilà une carte de la place du 1er mai et des environs:

place du 1er mai Alger, google map

place du 1er mai, lieu des manifestations, image google map

La révolution des jeunes algeriens

logo du groupe facebook "La révolution des jeunes algeriens"

Plus on s’approche de la date fatidique du grand rassemblement national du 12 février, plus la situation s’agite en Algérie. On a observé d’importants mouvements de débrayages dans les universités qui étaient déjà à proie d’importants mouvements d’opposition à une réforme éducative proposée par le gouvernement algérien. Comme le montre cette manifestation d’étudiants devant le ministère de l’enseignement supérieur

[daylimotion id=xgyr1v]

On note aussi d’importants mouvements de grèves dans le secteur paramédical en Algérie. La grève a été suivie mais déclarée illégale par la justice. En conséquence, plusieurs fonctionnaires ont été sanctionnés pour avoir fait grèves.

De nombreux appels à manifester et à un changement de régime de la part d’intellectuels ont été publiés dans la presse ces derniers jours. Le chanteur Amazigh Kateb a appelé à manifester tout comme l’avocat des droits de l’Homme Mokrane Aït Larbi.

L’interdiction de la marche à Alger a été confirmée par le ministère de l’intérieur bien que le président Bouteflika ait annoncé que l’état d’urgence serait abrogé dans « un futur proche ».

Les Envoyés Spéciaux Algériens décrivent sur leur page facebook un important dispositif policier:

Camions blindés, policiers en civil et en uniforme surveillent les allées et venues des passants. Ce dispositif été levé durant l’après-midi, mais il serait reconductible jusqu’à la fin de la journée du 12 février, date de la manifestat…ion prévue par la CNCD. Ainsi, les hommes du général Abdelghani Hamel, ont été instruits de ne pas faire usage de la force et d’éviter toute provocation à l’égard des manifestants le jour de la marche. À Bab El Oued, où deux camions anti-émeutes ont pris position juste à l’entrée de la rue Mustapha Allouche, un calme inhabituel règnait hier.

Idem pour la Place des martyrs, où des policiers guettent le moindre geste suspect des passants. «Le nombre de policiers sera multiplié à partir de demain (aujourd’hui)», confie un agent de l’ordre public. Les mesures de sécurité ont été considérablement renforcées autour des institutions officielles et les divers points sensibles de la capitale. A la place du 1er Mai (Champ de manœuvres), d’où devra s’ébranler la marche, les policiers commencent déjà à occuper l’espace mitoyen avec le portail de l’hôpital Mustapha-Pacha. Au niveau des barrages de contrôle implantés aux différentes voies d’accès de la capitale, les véhicules passent au compte-gouttes. Les bus sont systématiquement fouillés par les forces de l’ordre, à la recherche d’un banderole ou une pancarte. D’ailleurs, une file d’attente du barrage des Bananiers s’étend sur plusieurs kilomètres. Au niveau des résidences universitaires, les agents de sécurité des postes de police sont également en alerte pour empêcher les manifestants issus d’autres wilayas de parvenir à la capitale.

La place Audin ce matin, en prévision de la marche de samedi, La capitale en alerte.

La place Audin ce matin, en prévision de la marche de samedi, La capitale en alerte.

L’internet semble marcher beaucoup moins bien ces temps-ci en Algérie. Le débit des connexions s’est ralentie très nettement. Le gouvernement algérien avait déjà coupé facebook lors des émeutes début janvier.

Marches du 12 février

Alger : 11h, de la place du 1er Mai vers la place des martyrs.

Oran: 11H, Place d’armes-place du 1er novembre.
……
Annaba: 11h sit-in au cour de la Révolution (en face du théâtre)

Bejaïa: 11H esplanade de la maison de la culture.

A l’étranger

Montréal: Consulat d’Algérie.

Paris: Place de la république.

Bon courage au peuple Algérien !