09ALGIERS370 : Bouteflika réélu dans une élection jouée d’avance

Publié: février 6, 2011 par akhanor dans Algérie, traduction de câbles
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Ce câble met en avant la suspicion générale (par les partis d’opposition, l’ONU et certaines ambassades) d’une manipulation du taux de participation aux dernières élections présidentielles algériennes, en avril 2009. Il y a d’abord un rapide rappel des résultats (Bouteflika ayant récolté plus de 90 % des voix), puis le câble dévoile certaines manigances du gouvernement pour masquer la manipulation, entre autres l’hypothèse de l’utilisation d’images d’archives par la chaîne d’Etat afin de créer l’illusion d’un grand nombre d’électeurs à la télévision.

La suite résulte surtout d’un dialogue entre l’Ambassadeur des Etats-Unis en Algérie et un responsable de l’équipe d’observation de l’ONU (Abdool Rahman). Il est fait part des stratégies du gouvernement algérien pour éviter que certaines réunions n’aient lieu et pour en infiltrer d’autres. L’ONU évoque également les pressions du gouvernement pour qu’ils approuvent le processus de vote publiquement, ainsi que les moyens pour l’en convaincre (notamment l’organisation de réunions avec des citoyens dont les déclarations n’ont en fait rien de spontané, mais où tout est préparé à l’avance).

Les principaux protagonistes/organisations

  • Abdelaziz Bouteflika, actuel Président de l’Algérie (pour la troisième fois consécutive)
  • Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et l’un des fondateurs des services secrets algériens
  • L’ONU (Organisation des Nations Unies), notamment représentée dans ce câble par Abdool Rahman
  • Le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), parti politique d’opposition algérien
Numéro d’identification Créé le Publié le Classification Origine
09ALGIERS370 2009-04-13 19:07 2011-01-22 21:09 CONFIDENTIEL Ambassade d’Alger
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SUJET : Bouteflika réélu dans un concours parfaitement organisé.

REF: A. ALGIERS 337

B. ALGIERS 331

C. ALGIERS 147

Algiers 00000370 001.14 of 004

Classifié par : DCM Thomas F. Daughton, raisons 1.4(b) et (d).

Résumé ————————–

1. (C) Sans surprise, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a été élu pour un troisième mandat le 9 avril [2009] lors d’une élection soigneusement chorégraphiée et lourdement contrôlée, avec des résultats officiels qualifiés de « Brezhnevians » par le leader de la principale opposition [NDLR : vient de Léonid Brejnev, en anglais Brezhnev]. Le ministre de l’Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni a annoncé lors d’une conférence de presse le 10 avril que 74,54 % des plus de 20 millions d’électeurs admissibles ont voté, avec Bouteflika recevant 90,24 % des votes. Les partis d’opposition et les candidats vaincus ont indiqué un taux de participation réelle entre 18 et 55 %, tandis que des observations informelles d’ambassades ont indiqué que la grande majorité des bureaux de vote étaient vides dans la capitale, avec une participation réelle de 25-30 % au plus. Une déclaration conjointe d’équipes d’observation de l’Union Africaine, la League Arabe et l’Organisation de la Conférence Islamique a rapidement proclamé l’élection « équitable et transparente », mais les observateurs de l’ONU ont refusé de participer à cette déclaration malgré les pressions du gouvernement algérien pour qu’ils le fassent. Leurs préoccupations, présentées dans un rapport privé destiné au Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon, illustrent un système dans lequel les partis d’opposition et la société civile sont dos au mur et les citoyens ont peu à voir avec un processus politique de plus en plus détaché de la société. Avec le maintient sécurisé de Bouteflika sur le pouvoir, l’Algérie est aujourd’hui confrontée à un besoin urgent de dialogue entre la population et l’État, une situation qui laisse les observateurs de l’ONU profondément inquiets sur la suite des évenements. FIN DU RÉSUMÉ.

La « majorité écrasante » de Bouteflika ————————-

Bouteflika

¶2. (C) Le ministre de l’Intérieur Zerhouni a officiellement déclaré le Président Bouteflika vainqueur de l’élection du 9 avril lors d’une conférence de presse dans un hôtel à Alger le 10 avril, fermant le dernier chapitre sur la candidature du Président pour un troisième mandat rendue possible par la révision du 12 Novembre de la constitution, supprimant la limite du nombre de mandats présidentiels. Zerhouni a proclamé que 74,54 % des 20 millions d’électeurs algériens inscrits sont allé voter le jour précédent, fournissant une victoire écrasante pour le candidat sortant. Après le décompte du vote final, Zerhouni a dit que Bouteflika avait reçu 90,24 % des votes, suivi par la candidate du Parti Travailleur (PT) Louisa Hanoune avec un lointain 4,22 %, le Front National Algérien (FNA) de Moussa Touati avec 2,31 %, El Islah avec Djahid Younsi 1,37 %, Ali Fouzi Rebaine de l’Ahd 54 avec 0,93 %, et Mohamed Said du Parti non enregistré pour la Liberté et la Justice (PLJ) en dernière place avec 0,92 %.

¶3. (C) Comme beaucoup d’observateurs l’avaient prédit ici avant les élections (ref A), le taux de participation officiel a suscité plus de controverses que le résultat de l’élection lui-même. Deux heures après la fermeture des votes le jour de l’élection, Zerhouni a annoncé un taux de participation de 74,11 %, le revisitant légèrement à la hausse le jour d’après. La télévision d’État (ENTV) et les pages du journal du régime El Moudjahid ont montré des images de foules d’électeurs faisant la queue devant les bureaux de vote d’Alger. Mais d’anecdotiques rapports d’activité de votants ont suggéré que le chiffre de Zerhouni est grandement exagéré. Certains de nos employés locaux ont noté que la foule de votants des médias de l’État apparaissait habillée pour un temps froid, alors que le 9 avril a été globalement chaud et ensoleillé, suggérant que les fonctionnaires aient utilisé des images d’archive des précédentes élections. Le parti d’opposition du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a accusé le Ministre de l’Intérieur d’avoir transporté dans plusieurs bureaux de vote des électeurs fidèles comme des policiers habillés en civil pour créer une illusion correspondant au taux de participation désiré. XXXXXXXXX nous a dit que les bureaux de vote qu’il a visité avec un journaliste français étaient presque vides. Dans un cas, il a rencontré un chômeur qui a dit qu’il votait parce qu’on lui avait dit de présenter sa carte d’électeur pour obtenir un passeport. Une femme dans un autre bureau de vote a dit à XXXXXXXX qu’elle était là pour rendre visite à sa fille, qui était fonctionnaire [dans ce bureau], mais qu’elle n’avait pas l’intention de voter.

4. (C) Les partis d’opposition ayant boycotté les élections et les candidats perdants ont donné des taux de participation compris entre 18 et 55 %. XXXXXX nous a dit que les observateurs de son parti pensaient que 25 % était un chiffre plus précis pour la capitale, comparé aux 64,76 % proclamés par le Ministre de l’Intérieur. Le ministère des affaires étrangères avait refusé d’autoriser les agents d’Ambassades à observer le processus de vote, mais le personnel des Ambassades a observé informellement le vote dans plus de 30 bureaux de vote à travers la capitale et a vu passer seulement une poignée d’électeurs pendant et en dehors des heures de pointe. Certains employés ont été en mesure d’obtenir des statistiques informelles par des amis ou des proches travaillant dans des bureaux de vote. Dans un bureau de vote du quartier CEM Pasteur dans le centre d’Alger, 74 des 214 électeurs ont voté, donc un taux de participation de 34 %. Le décompte donnait 48 votes pour Bouteflika, 9 pour Lousia Hanoune, 5 pour Said et un pour Rebaine, Touati et Younsi chacun. Les électeurs ont détruit 10 bulletins de vote, généralement considérés comme « vote blanc » ou vote de protestation. Dans un autre bureau de vote du même quartier, 85 des 281 électeurs ont voté, avec 21 votes nuls. Ces pourcentages anecdotiques miroitent ce que l’équipe de contrôle de l’ONU nous avait dit avoir observé le 11 avril. Dans un bureau où les observateurs de l’ONU étaient présent, 120 des 345 électeurs inscrit ont voté (34 %) ; 75 % des votes, ont-ils-dit, étaient pour Bouteflika et 20 % des votes étaient nuls.

Objections des perdants ——————-

¶5. (C) Chacun des candidats perdants ont exprimé des doutes publics par rapport aux chiffres officiels de participation, tout en se résignant aux résultats. Fouzi Rebaine a accusé le gouvernement de gonfler les chiffres de votants et a dit qu’il pourrait facilement accepter la défaite si les chiffres étaient « réels ». Rebaine a menacé de remplir une plainte auprès de l’ONU au lieu de la Commission Nationale des Elections Algériennes, affirmant que les institutions algériennes reliées aux élections manquaient de crédibilité. Djahid Younsi a qualifié les résultats de l’élection de rien de moins que « miraculeux », et a estimé que la participation était proche de 25 %. La candidate Louisa Hanoune du PT pensait avoir gagné au moins 30 % des votes, et a ajouté que le taux de participation officiel donnait de l’Agérie l’impression d’une « république bananière ». Le chef des trois responsables de la mission de suivi de l’ONU, M.I. Abdool Rahman, nous a dit le 11 avril que sa mission était « tout à fait certaine » que quelque chose n’allait pas après avoir reçu des vagues d’allégations de fraude des partis d’opposition, mais le manque de détails a rendu impossible la description du type de fraude ou  la façon dont elle s’est produite. L’exemple le plus détaillé de manipulation de vote que nous avons reçu vient d’un employé de l’Ambassade qui a observé un appel téléphonique dans lequel un fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur disait à un employé de bureau de vote de gonfler le nombre de bulletins de votes déposés au cours de la journée. Quand le bureau de vote a fermé, la police du Ministère de l’Intérieur a présentée à l’employé du bureau de vote un protocole de vote à signer, avec un chiffre largement supérieur et des noms qu’il n’avait tout simplement pas vu dans la journée.

Drapeau noir du RCD

¶6. (C) Il y a eu d’autres signes d’efforts du gouvernement pour gérer l’optique du processus et garder les voix dissidentes à l’écart du public. Un agent de l’Ambassade a vu un soldat en uniforme faire gratter les posters de boycott du mur extérieur du Siège du parti FFS par un jeune Algérien à Alger le 10 avril au matin, avant même l’annonce officielle des résultats. S’attaquant à la campagne du RCD voulant faire du 9 avril une « journée de deuil national », Zerhouni a dit lors de la conférence de presse du 10 avril que les activistes du RCD devront faire face à la justice, notamment pour avoir remplacé le drapeau algérien au dessus de leur Siège par un drapeau de deuil noir. Sa déclaration a apparemment ouvert la voie à un raid de commando sur le Siège du RCD dans El Biar, organisé par le maire d’Alger Tayeb Zitouni, qui a dirigé un petit groupe d’hommes lançant des cailloux et tentant d’escalader les murs du RCD pour atteindre le drapeau noir. Le leader du RCD Said Saadi nous a dit le 11 avril que les résultats de l’élection étaient « Brezhnevian » et que les membres du RCD avaient réussi à contrecarrer l’attaque du 10 avril.

Incidents de sécurité ——————

7. (C) Il n’y a pas eu d’incident de sécurité majeur dans la capitale (où une présence exceptionnellement lourde de la sécurité était visible) mais il y a eu des rapports de violences isolées dans d’autres régions à travers le pays. Le cas le plus sérieux reporté était un kamikaze dans la ville de Boumerdes (30 miles à l’Est d’Alger) déclenchant une bombe dans un bureau de vote, tuant deux officiers de police. Fait notable, aucun électeur n’a été blessé dans l’attaque. A Tamait, dans la région Est de Bejaia, deux groupes d’opposition politique ont créé une bagarre à proximité d’un bureau de vote, causant l’interruption des votes. A Tizi Ouzou, un groupe de jeunes Algériens boycottant les élections s’est précipité dans un bureau de vote et détruit trois boîtes de bulletins de vote. Quand la police est intervenue, l’un des officiers a été blessé par un cocktail Molotov lancé par un des jeunes durant la confrontation. A Bouira, un groupe de jeunes hommes a mis le feu à un bureau de vote. La presse locale a également reporté des explosions de petites bombes à Skikda, Tipaza, Tebessa, Tizi Ouzou et Larbaa Nath Irrathen dans la région de Kabylie.

Une manœuvre parfaitement orchestrée ————————

ONU

¶8. (C) La gestion gouvernementale des activités les jours précédant l’élection et le jour de l’élection lui-même démontrent une stratégie soigneusement orchestrée afin de contrôler le processus en utilisant des règles de procédures complexes pour maintenir l’apparence extérieure de la transparence (ref A). Abdool Rahman de l’ONU nous a dit le 11 avril que le cadre juridique de l’Algérie était propice aux fraudes : « Pour chaque préoccupation que nous relevions, le gouvernement pouvait invoquer une loi dans l’ elecTnQ;g1fEQUxwQ[action [NDLR : tel quel dans le câble], «Nous n’avons pas eu beaucoup de bonnes conversations ». Abdool Rahman et ses collègues ont dit que la première faiblesse du processus était la crédibilité du gouvernement à être un acteur impartial. Il a noté qu’il n’y avait pas de rôle pour la société civile, ou de consultation avec des parties prenantes en dehors du gouvernement ou de l’administration de Bouteflika. Même l’institution chargée de recevoir les plaintes des candidats et des électeurs, la Commission Nationale de Surveillance des Elections Présidentielles (CNES), a été formée par le gouvernement et son chef nommé par le Président Bouteflika. « La société civile aurait du être à la tête ». Abdool Rahman a dit qu’il avait soulevé ces points lors d’une conversation avec le vice-président du Conseil Constitutionnel, qui était d’accord sur le fait que les partis d’opposition devraient être plus représentés dans les institutions électorales. Une autre préoccupation soulevée par l’équipe de l’ONU était que les candidats, à l’exception de Bouteflika, n’ont eu accès aux médias que durant la période de la campagne officielledu 19 mars au 7 avril. Abdool Rahman a ajouté que tout au long les partis boycottant les élections ont été interdit de parole. L’observateur de l’AU Calixte Mbari a partagé la préoccupation de l’ONU concernant l’accès aux médias : « C’est vraiment dommage que nous n’ayons pas pu être là pour voir l’environnement médiatique de la pré-campagne », nous a-t-il dit, « ça aurait été intéressant ».

9. (C) Abdool Rahman a dit que sa mission avait été entravée par les efforts du gouvernement pour contrôler ses réunions et utiliser la présence de la mission pour rendre l’histoire électorale officielle. Il a noté qu’en dehors de ses réunions liées aux élections, il n’avait rencontré que des missions étrangères des Etats-Unis ou de l’Union Européenne au cours de ses visites à Alger, quelque chose a-t-il dit que le gouvernement avait activement essayé d’éviter. Abdool Rahman a dit que les autorités algériennes avaient obligé un changement d’horaire pour éviter une réunion à l’Ambassade durant la visite de l’équipe mi-mars. Il a fait remarquer qu’un fonctionnaire du MFA [Ministry of Foreign Affairs, soit Ministère des Affaires Etrangères] avait même tenté de participer à une réunion interne de l’équipe du pays de l’UNDP, ainsi qu’à une réunion privée à l’Ambassade française. « Nous avons du lui dire non poliment », a-t-il dit. Aux réunions organisées par le gouvernement, le membre de l’équipe Tadjoudine Ali-Diabacte a dit qu’il était difficile de parler à des gens « réels ». Il s’est plaint que l’équipe ait été forcée d’assister à la mise en scène d’une réunion de la société civile à Tizi Ouzou et d’écouter les déclarations déjà écrites à l’avance sur l’équité de l’élection. Nous avons eu l’expérience d’une situation similaire lorsque l’Ambassadeur a tenté de répondre le 10 avril au leader de la Mission d’Observation de l’AU, Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique. Après avoir à l’origine convenu d’une réunion à 9h15, l’équipe de l’AU nous a informé que la réunion était décalée à 10h00, heure à laquelle Zerhouni devait donner les résultats de l’élection. Nous avons attendu 15 minutes pour voir Chissano, tout ça pour voir la réunion interrompue au bout d’environ cinq minutes par un fonctionnaire du MFA qui a annoncé à Chissano qu’il était convoqué à la conférence de presse de Zerhouni, qui a finalement eu lieu à 11h30.

Recommandations pour le futur ——————————

Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies

¶10. (C) Abdool Rahman a dit que sa mission ne ferait pas de commentaire public sur l’élection. Il a noté que la déclaration du ministère le 10 avril exprimait une « préoccupation » concernant ces élections « très forte », mais a ajouté que son équipe était d’accord. Il a dit que la décision de la mission de l’ONU de ne rien dire a clairement ennuyé le MFA. « Ils ont mis beaucoup de pression sur nous pour faire une déclaration conjointe avec l’AU, AL et OIC ». Abdool Rahman nous a dit que son équipe allait rédiger un rapport pour l’UNSYG [United Nations Secretary General] Ban Ki-Moon qui soulignerait les problèmes abordés aussi bien que les aspects positifs de l’élection. Abdool Rahman pensait qu’aucune décision n’avait été prise concernant la mesure dans laquelle le rapport pourrait être rendu public, ni sous quelles formes ses recommandations pourraient être transmises aux Algériens. Nous avons conseillé l’équipe de l’ONU que les critiques publiques étaient généralement contre-productives ; cependant, nous pensons que le gouvernement considèrerait sérieusement les commentaires faits en privé, même si la critique n’est pas bienvenue. Abdool Rahman a suggéré que l’USUN New York pourrait obtenir une copie du rapport de la mission en contactant le bureau du SYG directement à un certain point dans les prochaines semaines.

11. (C) Abdool Rahman a prédit que leurs recommandations souligneraient le besoin de faire progresser la liberté d’expression et de créer un dialogue plus ouvert entre les citoyens, la société civile et le gouvernement. « Il doit y avoir une certaine séparation entre le gouvernement et l’administration » a-t-il souligné. Il a ajouté que la présence de plus d’observateurs nationaux aurait pu améliorer le processus. Fort de son expérience ailleurs en Afrique, le RESREP de l’UNDP Mamadou Mbaye a commenté « Si les dirigeants peuvent être élu sans cet élément essentiel, alors nous devrions être inquiets concernant l’avenir ici ». Ali-Diabacte a réitéré les remarques de ses collègues, disant que « Cinq ans ce n’est pas beaucoup de temps ; il y a un besoin de dialogue maintenant. Je ne vois pas d’autres alternatives. ».

Procédures à mettre en évidence ———————–

12. (C) Il y a eu de bonnes pratiques à souligner, selon les observateurs de l’ONU. Le registre informatique des électeurs algériens était convivial et facilement accessible dans les bureaux de vote. S’ils ne l’avaient pas déjà fait avant les élections, les Algériens pouvaient présenter une pièce d’identification valide et obtenir une carte d’électeur sur place. Ali-Diabacte a ajouté que les fonctionnaires des bureaux de vote étaient bien formés et rapides pour répondre aux questions des électeurs. Le mode de scrutin lui-même était simple, peu couteux et efficace. Une autre dynamique important de l’élection, a souligné Abdool Rahman, était le sentiment de sécurité et une absence générale de violence.

Commentaire ———————

13. (C) La disparité entre la participation officielle et ce que la personne moyenne a vu le 9 avril a conduit beaucoup de gens à se gratter la tête sur la façon dont le gouvernement espérait légitimer une telle exagération des chiffres. Dans l’éditorial du 12 avril, le quotidien francophone Liberté se demande si l’inflation du taux de participation ne pourrait pas finalement délégitimer le processus électoral sur lequel le gouvernement avait travaillé si dur pour le mettre en place. Plutôt que de montrer que l’Algérie est sur la voie vers plus de démocratie, les commentateurs ont craint que le 9 avril ne soit davantage un retour au système algérien de parti-unique.  Durant ce temps, alors que Bouteflika a fondé son troisième mandat sur la continuité, nous avons entendu des allusions de son mécontentement du statut quo et de reconnaissance de l’affaissement du système politique sous son propre poids (ref C). Avec la société civile et l’opposition sur les cordes, le contrôle de Bouteflika sur le système paraît sûr, mais sans vision discernable d’une future politique progressiste. Sans révéler une telle vision dans les dialogues entre citoyens, société civile, partis d’opposition et gouvernement, le destin des 72 % de désillusionnés de la population algérienne en dessous de l’âge de 30 ans reste un mystère, et avec elle, la stabilité du pays à long terme. Comme le dit Mbaye de l’ONU, l’Algérie est « assise sur un volcan ». Nous allons continuer de passer au crible les possibilités de supporter les réformes, et devrions nous préparer à donner notre opinion franche mais privée des progrès de l’Algérie le long du chemin.

Pearce

commentaires
  1. rire dit :

    je suis a metz dans la semaine

  2. hayop dit :

    Akhanor, j’ai corrigé les titres car « lourdement géré » ça voulait pas dire grand chose.
    « Heavily managed » veut dire « parfaitement organisé ».
    Sinon, t’as fait du très bon boulot comme d’habitude.

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